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Chapitre LXVIII
Serpent n°1

Mailly ne pouvait se consoler d'en être réduit aux nécessités d'un perpétuel monologue.
Et cependant, d'après ce que l'on a vu, le monologue lui était moins désagréable que le dialogue.
Donc, après sa scène avec Louise, après les façons toutes despotiques le celle-ci, après le geste d'impératrice surtout avec lequel elle lui avait indiqué la porte, le comte, repoussé par sa femme, s'était dit une fois encore que sa femme avait certainement des qualités invisibles aux yeux d'un mari; mais puisque lui, mari de Louise, il ne pouvait voir ces qualités, il crèverait, s'il le fallait, les yeux à tout l'univers pour qu'il n'existât pas un homme qui vît ce qu'il ne voyait pas. Menaces, prières, force brutale, persuasion, il avait tout arrangé dans sa tête de façon à combiner un plan de campagne.
Le plan de campagne arrêté, et ce fut l'affaire d'un quart d'heure que Mailly passa à aller et à revenir d'un bout à l'autre de la terrasse du bord de l'eau, les jambes de Mailly le portèrent naturellement de l'hôtel de Nesle à la maison de la Grange-Batelière, de chez Louise le Mailly chez Olympe de Clèves.
Il faut bien qu'un malheureux se console, surtout lorsque l'auteur de ses malheurs lui donne le droit de consolation.
Après tout ce qu'il venait d'entendre chez sa femme, Mailly n'était certainement pas aussi coupable que la veille en allant chez sa maîtresse. Et cette idée, sa bonne conscience la lui faisait savourer avec délices. C'est quelque chose de si sain qu'une bonne conscience !
Mailly arriva donc à sa petite maison dans les meilleures dispositions du monde pour être consolé. Il monta rapidement, et comme un homme qui a hâte de chasser les idées qu'il a dans l'esprit pour des idées meilleures. Mais, à moitié de l'escalier, il fut arrêté par son valet de chambre.
- Pardon, monsieur, dit le valet.
- Que me veux-tu?
- Vous allez chez madame?
- Sans doute.
- Mais c'est que ...
- C'est que ...
- C'est que madame a du monde chez elle.
Mailly commençait à s'accoutumer aux surprises; cependant il s'arrêta tout abasourdi.
Puis, réfléchissant que le chez elle d'Olympe était son chez lui, à lui, il repoussa le laquais et pénétra dans la chambre.
Le duc de Pecquigny était assis près d'Olympe, tout gracieux, tout confit en politesses.
Le sourcil de Mailly se fronça, ainsi qu'il convient à un homme qui va devenir jaloux.
Cependant il entra.
Le duc voulut bien lui faire quelque civilité; il lui offrit une chaise. Mailly s'assit.
Cet air de familiarité conquis en si peu de temps par Pecquigny chez Olympe étonna Mailly au plus haut point. Il se regarda comme un homme attaqué par des voleurs sur un grand chemin, et qui, au moment où il s'apprête à se mettre en défense, reçoit un coup de bâton sur la tête. Rêve-t-il ou ne rêve-t-il pas? Est-ce bien la clarté du jour qu'il voit ? Est-ce le reflet des mille chandelles fantastiques que l'imagination attaquée allume incontinent dans le cerveau d'un homme à passions?
A la lueur de ce jour ou de ces chandelles, Mailly voit le duc vêtu à la dernière mode et avec la plus suprême élégance; impossible de rien voir de plus fin que son point; il joue délicatement avec la poignée d'une épée que l'on dirait faite pour un enfant né sur le trône du monde: cette seule poignée d'épée vaut l'argent que coûteraient toutes les lames dont l'univers est damasquiné.
En face du duc, sur l'ottomane, est assise ou plutôt couchée Olympe. Elle écoute tranquillement, avec son plus charmant sourire, et surtout avec son grand œil vigilant, tout ce que le duc se donne le droit de lui dire.
Voilà le tableau.
Mailly derrière la porte, Mailly sur le seuil, Mailly, en entrant, saisit quelques bouts de phrase dans le genre de ceux-ci:
- Eh! laissez donc là l'opinion, mademoiselle, et faites-vous heureuse.
- Prenez garde aux sottises de la vertu: ce sont les pires de toutes, attendu qu'elles n'ont pas de remède.
- Savez-vous que la réserve, c'est souvent l'impuissance?
Telles furent les impressions qui frappèrent Mailly au moment où, tout émotionné déjà, il entra chez Olympe.
Le corrupteur, comme nous l'avons dit, était assis sur son sofa avec une placidité qui ne se démentit point à l'arrivée de Mailly.
- Duc! s'écria le comte.
Ce n'était qu'un seul mot mais ce seul mot renfermait tous les reproches de délicatesse, et au besoin tous les avertissements possibles. Pecquigny se contenta de tendre au comte le bout de ses doigts enterrés sous ses manchettes.
Puis, comme si Mailly n'était point entré et n'avait rien interrompu:
- Duc, répondit Olympe, je vous l'ai déjà dit, je ne suis point née pour être heureuse.
C'était un coup de massue à terrasser un taureau dans un abattoir. Mailly le reçut, mais relevant la tête:
- Ce n'est point gracieux pour ceux qui vous aiment, ce que vous avancez là, Olympe, dit-il avec un rire forcé.
- Tu as parfaitement raison, mon cher, dit Pecquigny, et je suis en train de sermonner mademoiselle à cet endroit.
- Merci, duc, je le vois bien, reprit Mailly.
- Et, continua Pecquigny, malgré mes instances, mademoiselle résiste.
- Oh! fit Olympe, résister est un mot vide de sens. M. le duc, au lieu de m'attaquer par ces lieux communs qui réussissent presque toujours près des femmes oisives, M. le duc s'ingénie et s'entête à me nommer des noms propres.
Un vertige passa sur les yeux de Mailly.
- Oui, et de grands noms même, dit en souriant Olympe, touchée qu'elle était d'avoir vu Mailly pâlir.
- Et vous répondiez? demanda-t-il d'une voix émue.
- Je réponds, dit Olympe, que quand j'aimerai, j'aimerai.
Mailly ne savait si c'était un compliment ou une injure.
Comme tous les hommes dans une position fausse, le comte préféra la colère au raisonnement, la brutalité à la victoire que donne une passable argumentation.
- Je vois avec peine, dit-il avec une ironie blessante, que monsieur le duc vient chez moi pour m'enlever mon bien.
- Comte, répliqua Pecquigny, nous nous sommes expliqués à ce sujet. J'ai eu dans cette circonstance l'honneur de te dire tout ce que je prétends faire, et, je t'en donne ma parole, je le ferai, c'est bien arrêté. Ce ne sera pas ton œil furibond, tes poings crispés, ta tremblante provocation, qui me détourneront de mon devoir.
- Ton devoir!
- Parbleu! très cher comte, n'est-ce pas un devoir, répondit habilement Pecquigny, d'empêcher cette belle fille de s'ennuyer comme tu l'ennuies?
- Duc ! ..
- Fâche-toi, mordieu! que me fait cela?
- Cela fait que si madame a eu la bonté de vous recevoir une fois, elle ne vous recevra plus, c'est moi qui vous l'atteste.
Olympe resta muette.
- Madame a daigné me recevoir parce que j'ai l'honneur d'être le capitaine des gardes de Sa Majesté, reprit Pecquigny, et que toute porte à laquelle je frappe doit s'ouvrir devant moi et devant mon bâton de commandement. Madame m'a reçu parce que je suis un bon gentilhomme, intact de réputation et porteur d'un nom qui ne reste jamais dans la rue, entends-tu, comte de Mailly!
- Qu'est-ce à dire? fit le comte furieux.
- Là, là! continua Pecquigny, je t'ai promis la guerre, je te la fais; fâché ou non, tu verras le siège mis devant ton château. J'ai pu pénétrer dans la place que tu défends, grâce à mes influences particulières; tu fais une sortie, c'est bien; essaie de me débusquer, tu es dans ton droit.
- Ainsi ferai-je, n'est-ce pas, Olympe?
- Comment l'entendez-vous, monsieur le comte? dit la jeune femme. Monsieur le duc ne m'a rien dit qui ne soit à dire.
- Tu l'entends, Mailly.
- Je n'ai rien compris que ce que m'a dit monsieur de Pecquigny.
- Si vous eussiez entendu plus, Olympe ...
- Aussi n'ai-je pas entendu plus.
- Laisse-moi donc m'expliquer, je te prie, ogre que tu es! poursuivit le capitaine des gardes en riant pleine poitrine; tu verras que le plan que j'ai combiné est parfait, et que je te défie, malgré tous tes talents stratégiques, de pouvoir le combattre.
- Voyons.
- D'abord, je veux présenter l'expression de mes regrets à mademoiselle. C'est mon droit.
- Ton droit?
- Mon cher, en ma qualité de gentilhomme de la chambre, j'ai mes entrées.
- Chez moi !
- Est-il chez lui, mademoiselle? fit Pecquigny avec un calme parfait, en se tournant vers Olympe. Olympe garda le silence.
- Tu n'es pas chez toi, mon cher: mademoiselle est de la Comédie, elle a un magnifique talent dont je suis idolâtre. J'arrive, je frappe à sa porte, elle m'accueille; je lui exprime mes sensations, elle m'écoute; qu'as-tu à dire?
- Rien; mais ces phrases ...
- Tu les as dites à cent femmes peut-être, excepté à la tienne.
Mailly rougit jusqu'aux yeux.
- Allons, comte, sois juste; tu laisses mourir d'ennui cette femme adorable; j'arrive, moi, je la console; tu l'enfermes, je m'introduis dans sa prison et je me fais aimable; tu adoptes la théorie de la compression, j'arbore, moi, le drapeau de l'expansion; jaloux, tu l'es ou tu fais semblant de l'être. J'admets, si tu veux, la première hypothèse. Madame est ton esclave; je viens briser les chaînes qui l'attachent, et prouver que, jusqu'ici, tu n'as été qu'un égoïste et un affreux geôlier.
- Oui, et tes affreux projets ...
- Eh! qui te parle de cela? Il est bien question de mes projets! Enfin, écoute, tu as quelque crédit, tu as pu faire venir mademoiselle à Paris, tu as pu, par tes relations, lui faire obtenir des débuts qu'elle a faits avec autant de bonheur que de talent et maintenant que toute la cour a effleuré la coupe délicieuse, tu fermes la source, tu la séquestres, tu veux nous priver, tu nous prives de ce bel organe séducteur avec lequel Olympe chante plutôt qu'elle ne dit les vers de Racine. Tu nous ravis cette beauté touchante qui faisait de Néron un Titus. Tu nous prives de cette boîte de Pandore pleine d'esprit, que tu remplaces par tes bouderies interminables. Allons, allons, Mailly, résigne-toi, j'ouvrirai les portes, et ton charmant rossignol s'échappera.
- écoute, dit Mailly, pendant que le capitaine essayait dans les glaces d'adorables minauderies et de magnifiques mouvements de tête et d'épaules, et qu'Olympe divertie souriait; écoute-moi, duc, toi qui es des plus braves parmi les braves de cette cour.
- écouter! je ne fais que cela depuis ton arrivée, mon cher, et je n'ai encore rien pu entendre qui valût la peine d'être entendu.
- Entends donc ceci: cette femme est mon bien!
- Comte, tu es dans l'erreur, Mlle Olympe est cataloguée.
- Comment, cataloguée?
- Elle appartient au public, grand et petit.
- Duc, si tu me l'enlèves ...
- Qu'arrivera-t-il, insensé? dit Pecquigny en se levant. Amuse-la, ta maîtresse, et, je te le jure, elle ne m'écoutera plus.
- Oh! s'écria Olympe en saisissant les mains de Mailly qui chancelait, comte, vous avez fait pour moi tout ce que vous avez pu faire, et cependant...
- Cependant?.. fit Mailly avec angoisse.
- Cependant, tu l'ennuies, interrompit le duc. Elle aime la comédie, tu l'en prives, cordieu! Elle qui sait jouer à faire pleurer les autres, pourquoi la forces-tu de rougir ses beaux yeux dans la solitude?
- Ah! Olympe!
- Eh! oui, elle s'ennuie ... Je te l'ai dit, c'est par là que je la prendrai, en dépit de toi, en face de toi; je ne ruserai point, je ne serai point un ennemi déloyal; j'irai à elle, je lui ferai voir le contraire de ce que tu lui donnes, et je te réponds qu'elle te quittera.
- Ménage un amour vrai, libertin! athée! s'écria Mailly.
- Ton amour, un amour vrai! Allons donc! répliqua le duc. Ton amour, c'est un amour commode, qui se compose de toutes les petites lâchetés au moyen desquelles tu enjolives ta vie. Tu veux que je respecte cela! tu veux que je m'accommode, comte, de la petite maison hypocrite dans laquelle tu te sauves contre tes créanciers, ta femme et tes maîtresses! Tu veux que je me paie de tes yeux langoureux, de tes soupirs, de tes jérémiades, quand je te sais sortant de chez un ministre près duquel tu as intrigué, et de chez une femme de la cour près de laquelle ...
- Je ne sors pas d'où tu dis.
- C'est bien pis, tu sors de chez ta femme.
Olympe lança un regard sec à Mailly.
Le comte fut frappé comme d'un coup d'épée.
- Allons, dit-elle fatiguée.
- Olympe, répondit-il, vous ne savez pas ce que j'allais y faire, chez ma femme.
- Eh! mon ami, reprit Pecquigny, tu allais lui jurer que tu ne viens pas de chez Olympe, comme tu voudrais prouver à Olympe que tu ne reviens pas de chez la comtesse.
- Monsieur le duc, dit tout à coup le comte de Mailly en se redressant, vous avez passé les bornes; c'est se mêler d'une façon plus qu'impertinente de mes affaires.
- De gros mots!
- Suivis d'effet.
- Bon! un coup d'épée dans ta petite maison! Voilà de jolies manières!
- Alors, n'insultez pas!
- Alors, n'aie pas la double situation de l'amphibie; ne respire pas à la fois avec les bronches et avec les branchies.
- Duc, nous nous expliquerons en bas.
- Eh! quand je t'aurai tué, ou que tu auras couché sur la neige un capitaine des gardes du roi, cela ne prouvera pas que tu n'as pas à la fois une maîtresse qui gêne ta femme et une femme qui gêne ta maîtresse. Cordieu! mon ami, choisis, ne prends pas tout. Est-ce ta maîtresse que tu veux? emporte-la, mais si loin que nous ne puissions plus la voir. Je te l'ai déjà dit. Est-ce ta femme? alors ouvre-nous à deux battants la porte de ta petite maison. C'est un assaut; qu'y veux-tu faire?
Olympe jeta un regard sur le comte.
- Olympe! Olympe! s'écria Mailly éperdu, car il avait saisi je ne sais quoi de flottant dans les yeux de sa maîtresse.
- Monsieur le duc a raison, dit celle-ci avec froideur, c'est une décision qu'il vous faut prendre.
- Vous aimez donc quelqu'un, alors? dit Mailly; cette explication de tantôt, cette réconciliation, c'était donc un mensonge?
Il comptait avec ces mots fatiguer ou piquer le duc, mais il avait affaire à un rude jouteur, difficile en paradoxes.
Celui-ci, sans se déconcerter:
- Quoi! lui dit-il, tu n'as pas de honte!
- Honte, de quoi?
- Tu t'es expliqué tantôt avec elle?
- Certes.
- Et vous vous êtes raccommodés?
- Je le croyais.
- Et tu ne t'aperçois pas que, si tu te rebrouilles dans la même journée avec la femme qui t'a pardonné le matin, tu es un homme perdu?
Olympe sourit au plus fort.
Pecquigny avait les honneurs du triomphe.
Le comte laissa errer ses yeux hagards à l'aventure; cette logique était au-dessus de ses forces.
- Olympe! Olympe! s'écria-t-il en joignant les mains et se tournant, suppliant, vers sa maîtresse, Olympe, je n'ai plus rien au monde que ton amour!
- Bel effort! murmura Pecquigny.
- Olympe, continua Mailly, je n'ai plus rien au monde que ta probité, que ta foi!
Pecquigny n'osa plus rien ajouter; il eût blessé celle pour qui depuis une heure il combattait avec l'espoir de s'en faire un auxiliaire.
- Olympe, reprit Mailly, tous les sacrifices qu'il te faudra faire, je les ferai; mais, dis-moi, je t'en conjure, que tu ne te laisseras pas corrompre; dis-moi que je n'aurai pas cette mortelle douleur de te sentir vaincue par le mauvais démon qui veut t'abaisser comme il m'abaisse.
- Comte, dit-elle, je n'aimerai jamais celui qui me donnera seulement la moitié de sa vie. Donnez-moi tout.
- Ah! fit Pecquigny, y es-tu?
- Soit! murmura Mailly d'un air sombre, je n'en aurai pas le démenti. Tout à toi, Olympe, tout à toi! Seulement, chasse d'ici cet homme qui sait bien que je ne puis le tuer.
Olympe s'avança vers Pecquigny, qui attendait souriant.
- Monsieur le duc, mon seigneur et maître a parlé, dit-elle, ne le rendez pas malheureux. II fait pour moi tout ce qu'il peut, plus qu'il ne peut même.
- Non, dit Pecquigny, non! je ne m'en irai d'ici que quand il vous aura remise dans le flot du monde. Vous n'êtes pas à lui, vous êtes à vous, vous êtes à nous.
- Enfin, démon, que veux-tu? cria Mailly écumant de colère.
- J'apporterai à mademoiselle deux rôles nouveaux. Je veux qu'elle les étudie.
- Non.
- Oh! elle dira oui.
- Dites ce que vous voulez Olympe.
- J'aime mieux étudier des rôles que de mourir d'ennui. On ne fait pas mal en étudiant des rôles.
- Tu vois bien, comte, elle parle comme un beau livre! Laisse-la donc; tu lui paraîtras meilleur quand elle aura essayé de tous.
- Lâche!
- Tu me fais rire. Regardez-le, Olympe, c'est le plus jeune, le plus brave, le plus beau de nous tous; il n'a pas assez de ces avantages, il lui faut ajouter l'hypocrisie. Joue donc avec nous jeu franc, jeu table, et nous te ferons raison. Voici vos rôles, Olympe: les jouerez-vous?
Elle regarda Mailly.
- Oui, dit-il. Qu'elle dise demain: «Je vous ai trompé»; si c'est pour son bonheur, je lui dirai: «Vous avez bien fait.»
- Ah! fit Pecquigny, je suis battu, comte; n'allons pas plus loin. n s'inclina.
- Cordieu! continua-t-il, Olympe, voilà un homme qui vous aime Et il salua encore.
- Tenez, reprit-il, étudiez Les Folies amoureuses c'est un charmant personnage, et, comme il faut que vous réussissiez dans ce rôle m'offre à vous pour tout ce qui vous manquera.
Puis, voyant la fureur de Mailly:
- Calme-toi, mon cher comte, calme-toi; après ce que tu viens dire, dors tranquille. Olympe est sacrée pour moi. Bien entendu que tu ne lui feras pas d'infidélité politique ou religieuse, sans quoi je reprends mes droits. Tu doutes? Foi de duc! c'est conclu.
Il salua encore, avec cette légèreté charmante des gentilshommes cette époque, baisa gracieusement la main d'Olympe, et laissa tout étourdi le comte, auquel il promit de revenir le lendemain.
- Je suis perdu! pensa celui-ci. J'aime ma maîtresse plus que l'honneur de ma femme. Richelieu près de Pecquigny me fait rire.

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1998-2010
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