Scène 3
SCENE III
Saint-Mégrin, Ruggieri.
Saint-Mégrin.
Viens, oh ! viens, mon père, que je te remercie. Eh bien, toutes tes prédictions se sont réalisées : Je te rends grâce, car je suis heureux ; oh ! oui, oui, plus heureux que tu ne peux le croire... Tu ne me réponds pas, tu m'examines !
Ruggieri, le conduisant vers la lumière.
Jeune homme, avance avec moi.
Saint-Mégrin.
Oh ! que peux-tu lire sur mon front, si ce n'est un avenir d'amour et de bonheur ?...
Ruggieri.
La mort, peut-être.
Saint-Mégrin.
Que dites-vous, mon père !...
Ruggieri.
La mort !..
Saint-Mégrin, riant.
Ah ! mon père, de grâce, laissez moi vivre jusqu'à demain, c'est tout ce que je vous demande.
Ruggieri.
Mon fils, souviens-toi de Dugast.
Saint-Mégrin.
Dugast !... Il est vrai que je cours un danger ; demain, je me bats avec le duc de Guise.
Ruggieri.
Demain ! à quelle heure ?
Saint-Mégrin.
A dix heures.
Ruggieri.
Ce n'est pas cela. Si demain, à dix heures, tu vois encore la lumière du ciel, compte alors sur des jours longs et heureux. Allant à la fenêtre. Vois-tu cette étoile ?
Saint-Mégrin.
Qui brille près d'une autre plus brillante encore ?
Ruggieri.
Oui ; et, à l'occident, distingues-tu ce nuage sombre qui n'est encore qu'un point dans l'immensité ?
Saint-Mégrin.
Oui ; eh bien ?...
Ruggieri.
Eh bien, dans une heure, cette étoile aura disparu sous ce nuage, et cette étoile, c'est la tienne.
Il sort.
Chapitre précédent | Chapitre suivant
|