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Hocco


Oiseau de la grosseur d'un petit dindon et qui vit à l'état sauvage dans les bois de l'Amérique du Sud. Les hoccos sont d'une nature très douce ; ils se réunissent en troupes nombreuses dans de vastes forêts, où ils se nourrissent de fruits et de jeunes bourgeons ; cet oiseau est monogame ; quand les femelles ne sont pas appariées, elles recherchent les caresses du premier mâle qu'elles rencontrent, et elles pondent leurs oeufs au premier endroit venu et sans avoir même préparé un nid ; le plus souvent le soir, quand elles sont perchées. Celles au contraire qui sont en puissance d'un mâle pondent toujours dans un nid, qu'en galant époux et en père prévoyant, ce dernier a préparé à l'avance. Je dois ajouter, dit M. Pomme, dans une lettre adressée à M. Geoffroy Saint-Hilaire, qu'il est rare, en France du moins, que les femelles se livrent à l'incubation ; sur toutes celles que j'ai pu obtenir, une seule à voulu couver. Cinq seulement ont donné des oeufs. La sixième s'est accouplée pendant plusieurs années ; elle recherchait le mâle, mais jamais elle n'a donné d'oeufs. Les femelles qui arrivent restent froides et insensibles pendant la première année de leur importation. A la seconde année, elles s'accouplent, mais pondent rarement, ou bien elles donnent des oeufs sans coquille. A la troisième, la coquille existe, mais fragile et imparfaite. Ce n'est guère qu'à la quatrième que cette imperfection disparaît complètement. Chaque femelle fait trois pontes par an lorsqu'elle ne couve pas ; si elle couve, elle n'en fait qu'une vers la fin du mois d'avril ou au commencement de mai. L'incubation dure de trente et un à trente-deux jours ; les pontes ont été chez moi de deux oeufs quelquefois, mais rarement de trois.
Le hocco s'apprivoise facilement ; on en trouve dans les rues de Cayenne qui, avec leur bec, heurtent aux portes pour entrer ; ils tirent par l'habit, suivent leur maître, et si on les empêche, ils l'attendent et lui expriment de la joie en le revoyant ; leur démarche est fière et grave, leur vol bruyant et lourd ; ils font entendre un cri aigu et produisent aussi quand ils marchent sans inquiétude une espèce de bourdonnement sourd et concentré, une sorte de ventriloquie qui consiste sans doute dans la solidité des anneaux de la trachée artère et dans le repli qu'elle fait sur elle-même avant d'entrer dans la poitrine.
Le général La Fayette fit venir deux de ces gallinacés, qui s'acclimatèrent parfaitement aux environs de Paris. On les déposa dans un grand poulailler fermé, en compagnie de poules nombreuses, et ils prirent en peu de temps les habitudes de la localité. On les voyait accourir aux heures où le repas était offert aux canards, aux dindes, aux poules et aux pintades ; ils se mêlaient à ces nombreux commensaux, prenaient leur part de la pâture, distribuaient des coups de bec aux plus proches voisins, ou étaient bourrés eux-mêmes par quelque coq jaloux de maintenir les privilèges anciens de ses odalisques et furieux de voir ces intrus non seulement pénétrer dans son sérail, mais encore venir partager sa nourriture. Ce qui n'empêcha pas les jeunes hoccos de grandir et de se développer à merveille sous l'influence des beaux jours de la saison d'été.
La chair des hoccos est blanche, tendre et savoureuse. Quand le sujet est jeune et s'il a été bien nourri, s'il est bien apprêté, nos fins gourmets le préfèrent au dindonneau, au jeune paon, à la pintade ; on le fait rôtir comme cette dernière, après l'avoir vidé et bridé ; on le pique avec du lard et on le fait cuire à la broche pendant une heure environ, en l'arrosant de temps en temps avec du beurre ou du saindoux, puis on le sert avec le fond de la lèchefrite mêlé avec un peu de glace fondue et passée au tamis.

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