La révolution de 1848 marque pour les
écrivains de la génération romantique l'heure zénithale.
Avant, l'aube triomphante de la jeunesse, la conquête, la gloire multipliée
par les revues et les journaux, l'installation incertaine parmi les puissants.
Après, la mélancolie de l'âge mûr, l'exil, l'enfermement
dans la mémoire.
Pourtant, le février
1848, tout semblait possible : les écrivains, témoins de la
marche du monde, voyaient s'ouvrir devant eux une carrière d'acteurs
: Lamartine, le plus populaire des membres du Gouvernement provisoire ;
Bérenger, Victor Hugo, Eugène Sue bientôt représentants
aux Assemblées constituante ou législative, comme nombre de
littérateurs mineurs (Esquiros, Pascal Duprat, L. Blanc, N. Parfait).
Il n'y a rien d'étonnant à ce qu'Alexandre Dumas, fort de
son immense popularité, se soit lui aussi jeté dans la mêlée
démocratique. Aussi, dès le lendemain de la Révolution,
abandonne-t-il son uvre romanesque (Le
Vicomte de Bragelonne, Le
Collier de la reine) pour se faire publiciste, et battre l'estrade électorale.
Ces Cahiers devaient former un recueil des articles de l'écrivain
au cours de cette année 1848, articles conservés dans les
collections de journaux plus ou moins éphémères, et
peu accessibles aujourd'hui : La Liberté,
L'Assemblée nationale, La
France nouvelle, La Patrie, L'Evénement,
les journaux de l'Yonne, et de rassembler des documents touchant ses tentatives
électorales.
A la fin, le recueil a constitué un livre, passionnant pour l'histoire
des idées, où les lecteurs seront à même de suivre
au plus près, et presque jour à jour, l'évolution d'une
pensée politique confrontée aux mouvements de la société,
un livre qui raconte l'histoire d'une intense désillusion.
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