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Le comte de Monte-Cristo | Vous êtes ici : Accueil
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Titre
Egalement à l'aise dans la société des bandits italiens ou des contrebandiers corses que dans celle de l'aristocratie parisienne qu'il éblouit, notre héros retrouve les dénonciateurs d'Edmond Dantès, qui ont tous réalisé une progression fulgurante dans la société, et les perd par où ils ont pêché : jouant sur leurs désirs de pouvoir, de fortune amoureuse et financière, il exhume leurs méfaits passés et leur tend des pièges complexes auxquels ils sont bien incapables d'échapper. A l'inverse, il rétribue tout aussi généreusement ceux qui furent fidèles au jeune marin et à son vieux père sans ressources. La vengeance cependant a un goût amer... Victorieux de ses ennemis, Monte-Cristo est assailli par le doute. En s'autoproclamant instrument de la justice divine, ne l'a-t-il pas en fait usurpée ? Grave crise morale au dénouement politiquement incorrect. Tel un phénix encore, Monte-Cristo triomphe de son sentiment de culpabilité et réapprend l'amour en compagnie d'une nouvelle femme, Haydée. Exit à jamais, cette fois, Dantès et Mercédès. Analyse
A première vue, Monte-Cristo est d'abord l'histoire d'une vengeance, particulièrement élaborée et artistiquement menée – sans rémission ou presque – jusqu'à son aboutissement total. Le livre en est ainsi arrivé à incarner le thème même de la vengeance. Mais bien d'autres aspects méritent d'être soulignés. Tout aussi omniprésente que l'idée de vengeance, par exemple, est celle de la toute puissance. Monte-Cristo est peut-être la plus belle illustration littéraire jamais donnée d'un fantasme universel : celui de l'enfant malheureux qui proclame qu'un jour, il sera grand, riche, puissant et qu'il récompensera et punira son entourage en fonction des mérites de chacun... Dans ce conte – nullement pour enfants – on peut aussi être frappé par le nombre de morts et de renaissances apparentes et symboliques. A l'occasion et même abîmés en mer, les bateaux rentrent au port, toutes voiles dehors ! Les emmurés vivants échappent au tombeau. Les noyés ne sont pas morts. Les candidats au suicide se reprennent in extremis. Les paralytiques s'expriment et agissent avec une efficacité merveilleuse. Le poison entraîne la catalepsie plutôt que le trépas. Car il s'agit d'attendre et d'espérer, comme le conclut le roman... Autre possibilité: Monte-Cristo serait-il un roman de mer ? Soumis à des fortunes diverses, ses héros expérimentent tour à tour le sommet de la félicité et de la désespérance. L'une succède presque automatiquement à l'autre et c'est aussi la condition de l'épanouissement final des «bons» parce que le bonheur, selon Monte-Cristo, ne s'apprécie que par comparaison avec l'expérience du malheur. Orphelin de père à l'âge de quatre ans, Alexandre Dumas savait de quoi il parlait. Il savait aussi que les hommes ne sont pas simples. Et si ses «méchants» sont résolument crapuleux, ses «bons» prêtent à question. Que penser par exemple d'un homme – Monte-Cristo – qui fournit à une empoisonneuse le moyen de commettre ses crimes ? On l'a dit, lui-même ne sait plus où il en est. Et si, bien sûr, l'amour en définitive triomphe, c'est sans manichéisme simpliste. Sur l'origine du roman, lire le très intéressant texte de Dumas, État civil du Comte de Monte-Cristo, dans ses Causeries. Voir également l'adaptation au théâtre, en quatre pièces, réalisée par Dumas et Maquet. Véronique de Jacquelot |
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