Titre
La reine Margot. Premier volume de la
trilogie sur les guerres de religion, avant La
dame de Monsoreau et Les
Quarante-Cinq.
Année de publication
1845
Genre
Roman
Collaborateur(s)
Auguste Maquet
Epoque du récit
1572 à 1574
Résumé
Catherine de Médicis règne, toute puissante, sur la France
que gouverne tant bien que mal Charles IX, et sur ses enfants : ses
fils, Charles évidemment, Henri duc d'Anjou, François duc
d'Alençon, et sa fille Marguerite. Le roman s'ouvre sur le mariage
de Marguerite de Valois, surnommée Margot, et Henri de Bourbon,
roi de Navarre. Ce mariage entre une catholique et un protestant est destiné
à ramener la paix dans le royaume. Mais Catherine et le roi Charles
IX se préparent dans l'ombre à mater le parti protestant.
Les frères de Charles complotent également pour prendre
sa place et Henri de Navarre ne songe qu'à défendre sa vie.
Intrigues,
alliances, complots, trahisons vont se succéder tandis que Margot
entretient une tendre liaison avec un gentilhomme protestant, La Mole.
Commence alors une lutte âpre et sans merci entre les deux camps,
dont le point d'orgue sera le massacre de la Saint-Barthélémy.
Charles IX, roi fantasque, d'une méfiance maladive, et perpétuellement
sous l'influence de sa mère, finit par se prendre réellement
d'amitié pour son beau-frère Henri (le futur Henri IV),
au grand dam de Catherine de Médicis.
Après bien des événements tragiques, Charles IX
succombe à un mystérieux empoisonnement et meurt sans pouvoir
assurer le trône à Henri de Navarre. C'est donc le duc d'Anjou,
qui entre temps a été sacré roi de Pologne, qui revient
en France pour prendre la succession de son frère, sous le nom
d'Henri III. Quant à Margot, elle ne peut sauver son amant, que
l'on accuse de la mort du roi, et doit fuir sur les terres de son époux,
qu'elle n'a jamais cessé de soutenir.
Analyse
Dumas s'est plongé avec bonheur dans cette période trouble,
restituant avec talent le vieux Louvre et ses fêtes incroyables,
où les protagonistes se perdent, se croisent et s'épient
dans le labyrinthe des passages secrets. Tout le monde intrigue, complote,
mais sans jamais oublier son propre plaisir, ce qui nous vaut un roman
à la fois sanglant, où dominent les massacres, les poignards
et les empoisonnements, et voluptueux, notamment grâce à
Margot dont la beauté était sans pareille et les amants
innombrables. Roman un rien pervers aussi : Margot entretient des
rapports troubles avec ses frères, tandis que Charles IX, contradictoire
et ambigu, aime à se repaître du spectacle de la violence...
Les
personnages principaux, La Mole, Coconnas, Henri de Navarre et quelques
autres, ont d'ailleurs cette faculté de courir au massacre avec
rage et haine (les hommes s'étripent, s'égorgent sans hésitations
ni regrets) puis de regagner avec autant de plaisir la couche de leurs
belles maîtresses. Comme toujours chez Dumas, le cadre historique
fournit autant de prétextes à mêler intrigues amoureuses
et faits d'armes comme il les affectionnait. Si l'on ne retrouve point
ici de héros à la mesure des Mousquetaires, ou de figure
solitaire à la Bussy d'Amboise (dans La
dame de Monsoreau), Dumas introduit tout de même une attachante
histoire d'amitié entre un catholique et un protestant, Coconnas
et La Mole, seul sentiment désintéressé de toute
cette épopée, où plane l'ombre inquiétante
de la redoutable Catherine de Médicis.
Signalons enfin que ce roman a donné lieu à une adaptation
cinématographique remarquée, celle réalisée
par Patrice Chéreau en 1994, avec Isabelle Adjani dans le rôle
titre.
Sylvie Cardona
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