Titre
Les trois mousquetaires. Premier volume
de la trilogie comprenant également Vingt
ans après et Le
vicomte de Bragelonne.
Année de publication
1844
Genre
Roman
Collaborateur(s)
Auguste Maquet
Epoque du récit
1625-1628
Résumé
«Le premier lundi du mois d'avril 1625, le bourg de Meung»
voit le jeune d'Artagnan, cadet de Gascogne allant à Paris chercher
fortune dans les mousquetaires, se faire humilier par Rochefort en présence
de la belle Milady, tout deux agents de Richelieu. Arrivé à
Paris, d'Artagnan se retrouve avec trois duels sur les bras contre les
mousquetaires Athos, Porthos et Aramis, avant que tout le monde ne se
réconcilie contre les gardes du cardinal.
Le
jeune homme s'éprend de Constance Bonacieux, épouse de son
propriétaire et servante d'Anne d'Autriche, qui lui révèle
l'intrigue montée par Richelieu contre la reine, et l'envoie à
Londres récupérer les ferrets imprudemment offerts par Anne
au duc de Buckingham. Après son retour, Constance étant
emprisonnée sur ordre de Richelieu, d'Artagnan obtient par un stratagème
les faveurs de Milady, découvrant ainsi qu'elle a été
marquée au fer rouge comme voleuse. En retour, Milady tente de
le faire périr au siège de La Rochelle.
La perfide Anglaise (qui soit dit en passant a été la femme
d'Athos) fait ensuite assassiner Buckingham pour le compte de Richelieu,
puis empoisonne Constance au moment où d'Artagnan allait la délivrer.
D'Artagnan, Athos, Porthos et Aramis, aidés par lord de Winter
et le bourreau de Lille - tous deux frères d'anciennes victimes
de Milady - la capturent et la mettent à mort. Tout est bien qui
finit bien, en particulier pour d'Artagnan, réconcilié avec
Richelieu et Rochefort, et devenu lieutenant aux mousquetaires.
Analyse
Même si l'on n'a jamais lu une ligne des Trois
mousquetaires, on connaît forcément une bonne partie
des scènes et personnages susmentionnés. Ce roman partage
avec Robinson Crusoé et Don
Quichotte le privilège d'être devenu un élément
essentiel de la culture mondiale et un mythe à part entière.
Quel
romancier n'aurait pas voulu inventer la parfaite équipe (avec
sa devise «tous pour un, un pour tous», que l'on cite généralement
à l'envers) que forment d'Artagnan, naïf et fonceur; Athos,
cynique, revenu de tout et porté sur la bouteille; Porthos, lourdaud
et jovial; Aramis, élégant, cultivé et quelque peu
hypocrite? Quel romancier n'aurait pas voulu raconter leurs exploits avec
autant de vitalité et de feinte désinvolture?
Aussi ne compte-t-on plus les adaptations,
allusions, parodies... sans compter les historiens qui s'intéressent
au très réel Charles de Batz de Castelmore d'Artagnan, mort
en 1673. Cela dit, les Mémoires de Monsieur
d'Artagnan publiés en 1700 par Courtilz de Sandras, auxquels
Dumas emprunte quelques anecdotes, étaient déjà très
fortement romancés. Les trois mousquetaires
ont égalemennt été adaptés au théâtre
par Dumas et Maquet sous le nom La
jeunesse des mousquetaires.
Les trois mousquetaires sont surtout
marqués, comme le Cinq-Mars de
Vigny (1826), par l'idée que les auteurs romantiques se faisaient
du règne de Louis XIII: la dernière époque de liberté
et d'aventure, avant que Richelieu puis Louis XIV n'imposent l'absolutisme.
Les problèmes quotidiens des mousquetaires - être bien
mis à peu de frais, ne pas payer son loyer, avoir une maîtresse
désintéressée voire généreuse - rappellent
d'ailleurs fortement ceux de la bohême romantique du XIXe siècle.
Ce qui est étonnant, c'est que l'on fasse lire à notre belle
jeunesse une oeuvre aussi joyeusement amorale (si l'on raconte l'histoire
du point de vue de Milady, elle se résume ainsi: Athos a tenté
de l'assassiner et l'a ratée, d'Artagnan la viole, puis ils se
mettent à six hommes pour l'assassiner et ne la ratent pas). Elle
est de surcroît antipatriotique: Milady travaille pour Richelieu,
c'est-à-dire pour la France, alors que les mousquetaires travaillent
pour Anne d'Autriche et Buckingham, c'est-à-dire pour l'étranger!
La lecture de l'excellent Club
Dumas d'Arturo Perez Reverte et de Milady,
mon amour de Yak Rivais remettra les idées en place.
Terminons en disant que contrairement à une erreur communément
répandue, les trois mousquetaires ne sont pas quatre mais bien
trois: Athos, Porthos et Aramis. D'Artagnan ne deviendra mousquetaire
que vers la fin du roman.
Vincent Mollet
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