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Historique de Monte-Cristo

Enrichi par le succès des Trois Mousquetaires, Alexandre Dumas décide, en 1844, de faire construire la maison de ses rêves. Séduit par les paysages du bord de Seine, alors qu'il séjourne à Saint-Germain-en-Laye, Alexandre Dumas acquiert un terrain situé sur les coteaux de Port-Marly. En 1844, il achète d'abord deux hectares de champs et de bois sur la colline des Montferrands pour y bâtir sa demeure. Il étend ensuite son domaine en achetant de gré à gré des lopins de terres ou de vignes à des paysans attirés par la prodigalité légendaire de leur illustre voisin.

Une réduction du Paradis terrestre

Après un début de travaux confiés à un entrepreneur de Saint-Germain, Alexandre Dumas fit venir un architecte connu pour ses grandes réalisations, Hippolyte Durand, et lui ordonna : "Vous allez, ici même, tracer un parc anglais au milieu duquel je veux un château Renaissance, en face d'un pavillon gothique entouré d'eau... Il y a des sources, vous m'en ferez des cascades". Architecte, décorateurs et sculpteurs se mettent à la tâche, essayant de suivre les directives d'un propriétaire dont les projets évoluent selon son imagination. Il se raconte que le 25 juillet 1847, jour proche de son anniversaire, et après deux années de travaux Alexandre Dumas a inauguré le domaine, en présence de nombreux invités qui se pressaient dans le parc, admirant le château Renaissance et le pavillon gothique, les cascades, les rocailles et jeux d'eau.

La vie à Monte-Cristo

Dès ce jour, Monte Cristo connaît de riches heures : de nombreux domestiques, logés sous les combles, s'empresse de servir les invités du maître de maison. Sous les ordres diligents du signor Rusconi, le majordome, s'affaire le valet de chambre Paul, abyssin de naissance, surnommé "Eau de Benjoin", pendant que les femmes de chambres dressent les tables, préparent le logis. A l'extérieur se hâte Michel, le jardinier et Alexis, le jeune valet antillais court quérir des victuailles, pour toute la maisonnée. A côté des hommes, il y a les bêtes : toute une ménagerie familière que Dumas évoque dans Histoire de mes bêtes, s'ébat dans le parc : des chats, un pointer écossais et sa meute d'amis de tous poils, deux perroquets, un vautour nommé Jugurtha, vivant dans un tonneau, trois singes, des canards, des poules, des paons. Une volière fait l'admiration.


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Le château d'If, cabinet de travail

Comment travailler en paix, lorsque les invités envahissent la demeure principale ? Comment parvenir à noircir, sans relâche, des pages et des pages de romans ou de pièces qui permettront à toute sa maison de mener grand train ?

Pour produire, il lui faut s'isoler du joyeux tumulte de ses amis. Il se réfugie dans le petit pavillon qui a été construit en face de la demeure principale et dont il a fait son cabinet de travail. Il s'agit d'un petit castel néogothique qu'on appelle le Château d'If car il se trouve au milieu d'une petite pièce d'eau. Cette construction, pure expression du style troubadour, tient tant du décor de carton-pâte que du pavillon gothique. Il matérialise l'isolement de l'écrivain, retranché derrière les douves d'opérette et auquel on accédait, à l'époque, par un pont-levis. Si le domaine veut être une "réduction du paradis terrestre", le cabinet de travail concentre la quintessence de l'imaginaire dumasien. Ses pierres arborent les titres gravés de 88 ouvrages de Dumas. Sur les bas-reliefs qui animent ses façades, tout un univers littéraire s'exprime. Ici, Edmond Dantès découvre le trésor (Le Comte de Monte-Cristo), là, au-dessus d'une fenêtre, apparaît un moine chevauchant un âne (La dame de Montsoreau), le Duc de Guise de Henri III sur la tourelle (Henri III)…

A l'abri des tumultes joyeux de ses amis, le géant Dumas déploie toute sa puissance de travail, laissant au invités "la maison depuis la cave jusqu'au grenier, l'écurie avec les quatre chevaux, les remises avec les trois voitures, le jardin avec son poulailler, son palais des singes, sa volière, sa serre, son jeu de tonneaux et ses fleurs". Au château d'If, l'imaginaire devient réalité palpable. Alexandre y a mis son œuvre et sa fantaisie. Cette dernière l'emporte parfois sur la raison architecturale.

Fin du rêve

L'animation est à son comble dans la demeure, mais ces effarantes prodigalités ne pouvaient se prolonger bien longtemps. Les dettes s'accumulent et dès le 2 janvier 1848, un inventaire des biens mobiliers est dressé, faisant état d'un montant de 31.7999 francs, suivi d'une vente de mobilier le 21 mai de la même année. Dumas cède le domaine le 22 mars 1849 pour une somme dérisoire alors qu'il lui avait coûté plusieurs centaines de milliers de francs.


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Monte-Cristo sauvé des eaux

Toitures éventrées, murs rongés par les infiltrations, sculptures lépreuses... Tel est le triste spectacle qu'offre, dans les années 1960, la demeure d'Alexandre Dumas, vouée à disparaître, puisqu'un vaste projet immobilier s'apprête à remplacer la folie de l'écrivain.

En 1969, les maires des communes de Marly-le-Roi, Le Port Marly et Le Pecq s'opposent à ce programme, soutenus par une campagne médiatique. L'historien Alain Decaux prend la tête de cette croisade. Avec le retrait du projet immobilier, le pire est évité. Grâce à la Société des Amis d'Alexandre Dumas, et au mécénat de la société Manera, le site est sauvé du délabrement. Après les travaux d'urgence menés au château d'If, cabinet de travail de l'écrivain, c'est au tour de la demeure principale d'être mise hors d'eau. La maçonnerie est consolidée et l'on remplace charpente, couverture et menuiserie.

Pour réanimer l'esprit dumasien, il faut désormais se doter de moyens adéquats. Les trois communes décident donc de constituer le Syndicat intercommunal de Monte-Cristo qui acquiert les neuf hectares de propriété, en 1972.

En 1985, le roi du Maroc Hassan II, grand admirateur d'Alexandre Dumas, finance des travaux de remise en état du château de Monte-Cristo, dont la réfection de la chambre et du salon mauresque, seules pièces ayant conservé une partie du décor d'origine. Le soutien de ce mécène permet également d'aménager rez-de-chaussée et premier étage, ainsi que d'installer le chauffage central. Les deux pavillons d'entrée, les façades, le deuxième étage du château et le parc, retrouveront un peu plus tard leur apparence d'antan.

Du temps même de Dumas, Monte Cristo ne fut jamais terminé pour des raisons financières. Invités et propriétaire campaient plus qu'ils n'habitaient ce palais inachevé ; Alexandre Dumas fils déclarait en parlant de son père : "Il voulut avoir une maison à lui... et il ne l'a jamais habitée complètement". C'est pourquoi, le Syndicat intercommunal a pris le parti de ne pas tenter de restaurer, à tout prix, un décor dont on connaît peu de choses, sinon les rares descriptions des invités d'Alexandre Dumas.

La triste litanie des inventaires d'huissiers, publiés lors de la vente du domaine, nous renseigne sur le contenu. L'affiche éditée pour la vente du 21 mai 1848 nous donne quelque idée du foisonnement qui caractérisait la demeure : "des meubles de toute nature, tant modernes qu'antiques, gothiques, Moyen-âge, Renaissance... des meubles de salon et de chambre à coucher en acajou, érable, bois sculpté et doré, marquetterie, piano de neuf octaves et demi... un magnifique lustre en rocaille, des tableaux à l'huile, pastels, aquarelles de Decamps, Delacroix, Boulanger, Jadin, Huet, une voiture dite américaine et du vin de différentes qualités".

Entre grottes naturelles, sources, ruissellement d'eau et pentes, la topographie du terrain situé à flanc de coteau offrait une géographie si particulière, qu'elle était propice à l'expression de l'imagination littéraire. Aussi, l'atmosphère de l'œuvre romanesque y est-elle encore présente, ainsi que l'écrivain l'avait souhaité : "A Monte-Cristo, je donnerai à chaque allée le nom d'un de mes ouvrages. Ce sera un parc littéraire..."

Il faudra attendre plus d'un siècle pour que le rêve végétal d'Alexandre Dumas reprenne forme. La prise en compte du projet original, les vestiges de la mise en scène voulue par Dumas, et la connaissance de l'art des jardins au milieu du XIXème siècle ont permis de retrouver l'esprit d'origine : création folle, pittoresque, caractérisée par le style éclectique et romantique prisé par les contemporains de l'écrivain.

Lors de la restauration du domaine, des travaux intensifs dégagent le parc, après des décennies d'abandon, d'une prison de broussailles. Sous la houlette de l'architecte paysagiste Alain Cousseran, et du cabinet Signes, d'imposants travaux d'assainissement sont entrepris. Le sol est aplani, drainé, repeuplé de plantes et d'arbres. Le théâtre de verdure, projet cher à l'auteur dramatique, s'échappe des plans d'architectes et des projets d'aménagement pour devenir réalité. Ce cirque verdoyant est prêt à accueillir les pièces de Shakespeare ou celles du répertoire dumasien.

Le chant des cascades, qui charmait tant l'écrivain, retentit de nouveau dans les rocailles. Le jardin retrouve son bassin où Dumas contemplait "les quinze cents goujons, cent ablettes, cent cinquante truites et douze cents écrevisses" achetées, le matin même à Port Marly.

En empruntant le parcours qui mène en bas de la propriété, le visiteur retrouve le bassin du dragon et ses jeux d'eau, où Dumas venait flâner, après avoir visité ses animaux favoris. Sur les pas du maître des lieux, le passant s'aventure à travers les grottes qui se trouvent sur les hauteurs de la propriété, comme si la nature offrait au romancier le décor adapté aux dramatiques aventures de ses héros.

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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