Le
dimanche 11 décembre 2005, Villers-Cotterêts a enfin retrouvé
sa statue d'Alexandre Dumas, à l'occasion d'une inauguration solennelle
et festive. Les cérémonies ont commencé, par un beau
soleil d'hiver, avec la lecture par l'acteur Antonio Labati d'un émouvant
texte de Dumas consacré à Villers-Cotterêts et à
son enfance.
Le premier discours a été celui d'Alain Decaux, président
d'honneur de la Société des amis d'Alexandre Dumas qui, avec
sa verve habituelle, a évoqué la place tenue dans sa vie par
l'écrivain. L'académicien s'est également étendu
sur l'entrée au Panthéon
de Dumas, en 2002, cérémonie au cours de laquelle il avait
prononcé un discours mémorable.
Cette entrée au Panthéon, justement, le maire de Villers-Cotterêts,
Renaud Bellière, a ensuite rappelé à quel point son
annonce avait suscité une «grande tristesse» chez les
Cotteréziens. «Il nous sembla alors qu'il ne restait plus rien
de Dumas» dans sa ville natale, a lancé le maire, avant de
raconter comment, des discussions tenues à l'Elysée, était
sortie l'idée de recréer la statue de Dumas installée
dans la ville en 1885 et détruite pendant la Deuxième guerre
mondiale.
Le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabre a alors confirmé
que l'inauguration de la nouvelle statue était «le rendez-vous
de la parole tenue et de l'engagement respecté». L'Etat, a-t-il
souligné, «a choisi de vous restituer cette statue» (plutôt
que de commander une création contemporaine). Le travail réalisé
pour reconstituer cette oeuvre monumentale disparue a d'ailleurs constitué,
a-t-il souligné, un véritable «exploit technique».

La statue encore voilée... |

Antonio Labati dit un texte de Dumas sur Villers-Cotterêts |

Le discours d'Alain Decaux |

Le discours du ministre de la Culture |

Le voile tombe |

La statue saluée par les mousquetaires
Photos : P. de Jacquelot |
Après que la statue a été dévoilée,
l'oeuvre de Dumas a été évoquée par la représentation
devant le monument d'une scène de sa pièce de théâtre
Kean, ainsi
que par des reconstitutions de combats de mousquetaires.
Les Cotteréziens, venus nombreux, ont pu ensuite rendre hommage
au grand homme, et également profiter des nombreuses manifestations
organisées autour de l'événement: exposition consacrée
à l'histoire de la statue, projection en avant-première
d'un film évoquant la vie de l'écrivain réalisé
par Gian Godoy et Esther Anderson, concert à l'église de
Villers-Cotterêts sur le thème «Alexandre Dumas et
ses amis romantiques»...

Les comédiens jouent une scène de Kean... |

...tandis que les mousquetaires se déchaînent |

Le salut des mousquetaires |

Un sosie de Dumas devant sa statue... |

Alexandre Dumas domine... |

...de nouveau sa ville natale
Photos : P. de Jacquelot |
L'inauguration de décembre 2005 marque une nouvelle étape
dans l'histoire agitée de la statue de Dumas. C'est le 24 mai 1885
que la version originale, réalisée par le sculpteur Carrier-Belleuse,
est inaugurée. Un véritable monument: la statue de bronze
mesure 3 mètres de haut et pèse 912 kilos! La masse est
telle, en fait, que le socle initial de 2,80 mètres s'avère
insuffisant: il sera remplacé en 1901 par un socle de 3,90 mètres!
En 1942, guerre oblige, la statue descend de ce socle monumental et part
à la fonderie. Elle disparaît donc entièrement, à
l'exception de la plume que l'écrivain tenait dans sa main droite,
qui est sauvée et est conservée depuis par le musée
de Villers-Cotterêts. Le socle, en revanche, est démonté
et stocké dans des carrières voisines. Quand le projet de
reconstruire le monument prend corps, les pierres sont exhumées,
permettant à la nouvelle statue de reposer sur le socle d'origine.

L'arrivée de la statue en 1885 |

Sa mise en place |

Le programme de l'inauguration |

La statue en 1885 |

En 1941, Dumas descend de son socle |

La statue part à la fonderie... |
Reproduire à l'identique une statue disparue depuis 60 ans et
dont il ne reste quasiment rien ne va pas de soi... C'est le sculpteur
Jean-Loup Bouvier qui a été chargé par le ministère
de la Culture de cette tâche difficile. En l'absence des moules
d'origine, détruits depuis longtemps, l'artiste s'est inspiré
des maquettes d'intention de Carrier-Belleuse qui avaient été
conservées. Mais ces maquettes étaient assez différentes
de la statue finale. Bouvier, spécialiste de la sculpture ancienne
pour les Monuments Historiques, a également utilisé des
photos montrant la statue réelle.
Long et minutieux, le travail a combiné les technologies les plus
modernes - pour réaliser un modèle numérique de la
statue, par exemple - et les plus traditionnelles, avec la coulée
d'un seul jet de deux tonnes de bronze...
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Photos : Ministère de la Culture |
Reportage : Patrick de Jacquelot
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