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Chapitre CXCIV


Apocalypse de celui qui fut Caillaux.

Nous avons dit un mot de l'apôtre du Mapah ; nous avons promis de le suivre dans son île de Pathmos, et de donner une idée de son apocalypse.
Nous tenons notre parole. – Ce n'était pas chose facile à retrouver, qu'on le croie bien, que cette apocalypse, publiée par les soins et aux frais d'Hetzel, sous le titre d'Arche de la nouvelle alliance.
Ce n'est pas qu'Hetzel fût le moins du monde de la religion évadienne ; non, Hetzel était tout simplement le compatriote et l'ami de celui qui fut Caillaux, double avantage auquel il dut l'honneur de dîner plusieurs fois avec le dieu Mapah et son apôtre.
Il est plus que probable que c'était Hetzel qui payait les dîners.

Arche de la Nouvelle Alliance
          « Je ne viens point dire au peuple : "Rendez
          à César ce qui est à César ; et à Dieu ce qui
          est à Dieu" ; mais je viens dire à César :
          "Rendez à Dieu ce qui appartient à Dieu !"
          "Qu'est-ce que Dieu ? - Dieu, c'est le peuple !" »

                    Le Mapah.

« A l'heure où les ombres grandissent, j'ai vu passer devant moi le dernier apôtre d'une religion déchue, et je me suis écrié :

I
« Pourquoi t'affliger, ô roi ! et pourquoi gémir sur les débris de ta couronne ? pourquoi t'élever contre ceux qui t'ont précipité de ton trône ? Si tu tombes aujourd'hui, c'est que ton heure est venue : vouloir la prolonger d'un instant serait une insulte à la majesté des cieux.

II
« Tout ce qui existe ici-bas n'a-t-il pas ses phases de vie et de mort ? L'herbe des vallées est-elle éternellement fleurie ? Et, après la saison des beaux jours, n'arrive-t-il pas qu'un matin le vent d'automne disperse le feuillage des hêtres ?

III
« Cesse donc de te plaindre, ô roi ! et de t'agiter dans ta solitude ! Ne sois point surpris si ta route est déserte, et si les nations se taisent sur ton passage comme devant un funèbre convoi : tu n'as pas failli à ta mission ; seulement, ta mission est finie. C'est le destin.

IV
« Ignores-tu que l'humanité ne vit que dans l'avenir ? Qu'importe au présent l'oriflamme de Bouvines ? Ensevelissons-la auprès de tes ancêtres, immobiles sous leurs monuments ; aux hommes du présent, il faut une autre bannière.

V
« Et, quand nous aurons scellé d'un triple sceau la pierre qui recouvre la majesté du passé, inclinons-nous comme les peuples de Memphis devant le silence de leurs pyramides, géants muets du désert ; mais comme eux ne restons pas le front dans la poussière, et, sur les débris des cultes antiques, élançons-nous vers l'infini !

« C'était ainsi que je chantais à l'aurore de ma vie. Poète, j'ai toujours plaint les nobles infortunes ; fils du peuple, je n'ai jamais renié la gloire.
« Alors, ce monde m'apparaissait libre et puissant sous les cieux, et je pensais que le dernier salut de l'univers aux fantômes des anciens jours serait sa première aspiration vers les magnificences de l'avenir.
« Il n'en fut rien. Le passé, en s'abîmant sous la terre, n'avait point entraîné avec lui tout son cortège de ténèbres.
« Or, je m'en suis allé vers les grèves arides que l'océan blanchit de son écume. Les mouettes saluaient de leurs cris sauvages les rochers de la côte, et la grande voix de la mer était plus douce à mon oreille que le langage des hommes... »

Puis vient le récit des sensations de l'apôtre mis en contact avec tous les grands aspects de la nature ; il reste un an loin de Paris ; mais, enfin, sa vocation le rappelle parmi les hommes.

« Or, ce même soir où, de retour de mon pèlerinage, je marchais rêveur au milieu du tumulte de la grande cité d'occident, plus que jamais mon âme était affaissée sous le poids de sa déchéance.
« Je me voyais, comme au temps de mes belles années, plein de confiance en Dieu et en l'avenir ; et puis je reportais mes regards sur moi, sur moi, l'homme du présent, éternellement ballotté entre une crainte et une espérance, entre un désir et un remords, entre le calme et le découragement.
« Et, quand je me fus bien contemplé ainsi, quand j'eus remué avec ma pensée toute cette fange, quand j'eus songé à ce qui avait germé de bon sous mon flanc, et à ce qui s'en exhalait de corrompu, je levai, avec une rage indicible, le poing vers le ciel, et je dis à Dieu :
« - Mais à qui donc appartient la terre ?
« Au même instant, je me sentis heurté avec violence, et, par un mouvement que je ne pus réprimer, mon bras s'abaissa pour frapper : sur la joue de celui qui me coudoyait, il me semblait souffleter ce monde.
« O surprise ! ma main, au lieu de s'abattre sur sa face, rencontra sa main. Une étreinte d'amour nous réunit, et, de sa voix gravement solennelle, il prononça ces paroles :
« - L'eau, l'air, la terre et le feu ne sont à personne ; ils sont à Dieu !
« Puis, entrouvrant les plis du vêtement qui recouvrait ma poitrine, il appuya un de ses doigts à la place où battait mon coeur, et il en jaillit une flamme brillante, et je me sentis soulagé.
« Saisi d'étonnement, je m'écriai :
« - Qui donc es-tu, toi dont la parole fortifie, et dont l'attouchement régénère ?
« - Cette nuit même, tu le sauras ! me répondit-il.
« Et il continua sa route.
« Je le suivis, et je pus le considérer à loisir : c'était un homme du peuple au dos arqué et aux membres puissants ; sur sa poitrine flottait une barbe inculte, et sa tête nue et presque chauve attestait un long travail et de rudes passions. Il marchait, portant sur son épaule un sac de plâtre dont le poids courbait ses reins. Ainsi voûté, il passait à travers la foule... »

L'apôtre suit alors le dieu ; car, cet homme qui l'a consolé, c'est le Mapah ; il le suit jusqu'au seuil de son atelier dans lequel il disparaît.
C'était ce même atelier où m'avait conduit Chaudesaigues, sur le quai Bourbon, dans l'île Saint-Louis.
Bientôt la porte de cet atelier se rouvre, et l'apôtre peut entrer à son tour, et assister au spectacle que lui a promis le Mapah.
D'abord, il retrouve le Mapah lui-même.

« Et, pourtant, le maître de cette demeure n'avait point les allures d'un ouvrier vulgaire. C'était bien encore l'homme au sac de plâtre, à la barbe inculte, à la blouse déchirée, qui m'avait abordé d'une façon si inattendue ; c'était bien la même puissance de regard, la même largeur d'épaules, la même force de reins ; seulement, sur ce front sillonné, sur ces traits granitiques, sur tout cet ensemble indescriptible, planait une majesté sauvage devant laquelle je m'inclinai.
« Et, m'avançant vers mon hôte, couché sur un lit à demi brisé qu'éclairait une veilleuse dans une urne de terre, je dis :
« - Maître, vous dont l'attouchement guérit, et dont la parole régénère, qui donc êtes-vous ?
« Ayant levé les yeux sur moi, il répondit avec simplicité :
« - Le maître n'est plus, nous sommes tous enfants de Dieu : appelle-moi frère.
« Alors, je repris :
« - Frère, qui donc êtes-vous ?
« - Je suis celui qui est. Comme le pâtre à la cime des falaises, j'ai entendu le cri de la multitude ; il ressemblait à la plainte des flots, durant l'équinoxe d'hiver ; j'ai entendu ce cri dans ma poitrine, et je suis venu.
« Et, m'ayant fait signe de me rapprocher, il dit encore :
« - Fils du doute, toi qui sèmes la tristesse, et qui recueilles l'angoisse, que cherches-tu ? Le soleil ou l'obscurité ? la mort ou la vie ? l'espérance ou le sépulcre ?
« - Frère, je cherche la vérité, répondis-je. Après avoir salué le passé, j'ai demandé à ses abîmes d'où provenait la rumeur qui montait jusqu'à moi : le passé ne m'a point entendu.
« - C'est que le passé ne devait point t'entendre. Chaque âge a eu ses prophètes, et chaque pays ses monuments, mais prophètes et monuments se sont évanouis comme des ombres : ce qui, hier, était la vie, est la mort aujourd'hui. N'évoque donc plus le passé, et laisse-le s'endormir dans la nuit de ses tombeaux, et dans la poussière de ses solitudes.
« Je continuai :
« - Au milieu des éclairs et des déceptions de ce siècle, j'ai interrogé le présent, et le présent ne m'a point entendu.
« - C'est que le présent ne devait point t'entendre ; ses éclairs sont ceux qui précèdent l'orage, et sa loi n'est pas la loi de l'avenir.
« - Frère, quelle est donc cette loi ? quelles pluies la feront éclore, et quel soleil lui versera la lumière ?
« - Dieu te l'apprendra.
« Et, me désignant une place auprès de lui, il ajouta :
« - Assieds-toi, et sois attentif, car je te le dis en vérité, je suis celui qui s'écrie à la face des peuples : Veillez au seuil de vos demeures, et ne vous endormez point : l'heure de la révélation est proche... »

En ce moment, la terre tremble, l'ouragan fouette les fenêtres, les beffrois sonnent d'eux-mêmes ; l'apôtre veut fuir, mais la peur l'enchaîne aux côtés du maître. Il reprend :

« Je pressentis qu'il allait se passer devant mes yeux quelque chose d'étrange. En effet, à l'instant où le dernier glas du beffroi retentit dans le vide, un chant qui n'a point d'écho dans la langue mortelle, tant il était saccadé, rapide et empreint d'une moquerie indéfinissable, lui répondit de dessous terre, et, s'élevant de note en note depuis les tons les plus graves jusqu'aux plus aigus, se déroula, bondit comme un serpent blessé, grinça comme une scie qu'on aiguise ; puis, enfin, toujours décroissant, toujours s'amoindrissant, finit par se perdre dans l'immensité.
« - Voici ce que disait ce chant :
« - Le voici, le voici, l'an 40 le fameux an 40 ! Ah ! ah ! ah ! qu'enfantera- t-il ? que produira-t-il ? Un boeuf ou un oeuf ? Peut-être l'un, peut-être l'autre ! Ah ! ah ! ah ! retroussez vos manches, manants ! Et vous riches, balayez la pierre de vos foyers. Place, place, place à l'an 40. L'an 40 a froid, l'an 40 a faim, l'an 40 veut manger ; il a raison, l'an 40 ! ses dents claquent, ses membres grelottent, ses enfants n'ont pas de souliers, et ses filles pas un ruban pour en orner leur coiffe du dimanche, et pas un pauvre as bien rouillé dans leur pauvre pochette pour se régaler d'un pot de bière avec leurs fiancés ! Ah ! ah ! ah ! quelle misère ! si ce n'était pas affreux, ce serait drôle. Est-ce pour voir ce monde renversé que vous venez par ici, commère ? Arrivez, arrivez vite, il y a place pour tous... Tiens, ce corbeau qui regarde à sa fenêtre, et ce vautour qui bat des ailes ! Ah ! ah ! ah ! l'an 40 a froid, l'an 40 a faim, l'an 40 veut manger ! Qu'enfantera-t-il ? qu'enfantera-t-il ?...
« Et le chant s'éloigna et se confondit avec le murmure du vent, qui se lamentait au dehors... »

Puis commencent les apparitions.

« Ils étaient douze, tous livides, tous chargés de chaînes, tous sanglants, tous tenant à la main leur tête séparée du tronc, tous enveloppés d'un suaire verdi par la mousse du sépulcre, tous portant sur leur face le cachet des douze grandes passions, anneau mystique qui unit l'homme au Créateur.
« Ils s'avançaient comme la nuit, quand l'ombre descend sur les montagnes. – C'était un de ces groupes terrifiants qu'on aperçoit, aux jours de tourmente, au milieu des carrefours de la cité qui bouillonne, alors que les citoyens s'interrogent de l'oeil, et se demandent entre eux :
« - Voyez-vous là-bas ces faces lamentables ? Quels sont donc ces hommes, et d'où vient qu'ils errent comme des spectres au milieu de la foule ameutée ?
« Et sur la tête de celui qui marchait le premier, pareil à un roi déchu, tant sa pâleur était magnifique et sa lèvre railleuse, flamboyait une couronne de feu, avec ce mot écrit en lettres de sang : Lacenairisme !
« Toujours muets, et guidés par celui qui paraissait leur roi, les fantômes se groupèrent en demi-cercle au bord du lit délabré comme au pied d'un tribunal ; et celui qui est, ayant fixé sur eux pendant quelques instants son regard profond, les interpella en ces termes :
« - Qui êtes-vous ?
« - Les élus de la douleur, les apôtres de la faim.
« - Vos noms ?
« - Une lettre mystérieuse.
« - D'où sortez-vous ?
« - Des ténèbres.
« - Que demandez-vous ?
« - Justice !
« Et les échos répétèrent. "Justice !" Et, à un signal de leur roi, les fantômes entonnèrent un hymne retentissant... »

Cet hymne ne manque pas d'une certaine majesté terrible, d'une certaine terreur grandiose ; mais nous nous réservons pour d'autres citations que nous préférons à celle-là.
L'apôtre reprend.

« Ils se turent, les pâles fantômes ; leurs lèvres devinrent immobiles et glacées, et sur le front maudit de ces enfants perdus de la tombe sembla flotter indécise l'ombre sanglante du passé.
« Et soudain, de la base au faîte de l'escalier mystérieux, il se fit un grand bruit, et de nouveaux visages apparurent sur le seuil...
« Une chemise rouge, un bonnet de laine grossière, un mauvais pantalon de toile souillé de sueur et de poudre ; aux pieds un boulet d'airain, aux mains des chaînes retentissantes ; tel était leur accoutrement, marqué du cachet indélébile de toutes les misères humaines.
« Comme s'ils eussent été évoqués par l'appel de leurs devanciers, ils entrèrent en leur adressant un salut amical. Je remarquai que chacun d'eux portait sur son visage un air d'insouciance et de défi, et, soigneusement caché sous ses vêtements, un poignard couvert de rouille.
« Et sur leurs épaules ils élevaient triomphalement un large billot encore imprégné d'un sang noirâtre.
« Et sur ce billot un homme à la face avinée, aux jambes titubantes, grotesquement appuyé sur le manche usé d'une hache.
« Et cet homme gambadant, et gesticulant, écorchait d'un ton nasillard une espèce de complainte dont le refrain était celui-ci :

          Voici l'autel et le bedeau !
          A sa barbe faisons l'orgie ;
          Jusqu'à ce que sur notre vie
          Le diable tire le rideau,
          Foin de l'autel et du bedeau !

« Et ses compagnons reprenaient ce refrain en choeur, au bruit de leurs chaînes entrechoquées.
« Ce que voyant celui qui est, il étendit les mains sur l'appareil redoutable. Il se fit un silence profond, et il dit :
« - Mon coeur, océan de vie, de douleur et d'amour, est la grande coupe de la nouvelle alliance où sont tombés les larmes, la sueur et le sang ; et, par les larmes qui ont arrosé, par la sueur qui a pétri, par le sang qui a fécondé, forçats et suppliciés, mes frères, soyez bénis ! et espérez ! l'heure de la révélation est proche !
« - Eh quoi ! m'écriai-je avec épouvante, viens-tu prêcher le poignard ?
« - Je ne viens point prêcher le poignard, je viens en donner le mot.
«... Et celui qui est reprit :
« - Les passions sont comme les douze grandes tables de la loi des lois, Amour : elles sont, en harmonie, la source de tous les biens ; en subversion, la source de tous les maux.
« Le silence se fit, et il ajouta :
« - Chaque tête qui tombe est une lettre d'un verbe encore incompris dont le premier mot est protestation ; le dernier, expansion passionnelle intégrale. La hache est un briquet ; la tête du supplicié, une pierre ; le sang qui en jaillit, l'étincelle ; et la société, une poudrière !
« Le silence se fit, et il ajouta pour la troisième fois :
« - La cour d'assises est le thermomètre de la fausseté de l'institution sociale !
« Le silence se fit, et pour la quatrième fois il ajouta :
« - Le bagne est aux sociétés modernes ce qu'était le cirque à l'ancienne Rome : l'esclave mourait pour la liberté individuelle ; aujourd'hui, le forçat meurt pour la liberté intégrale passionnelle.
« Et tout rentra dans le silence ; et, peu de temps après, à ces paroles succéda une voix d'en haut, voix pleine de mansuétude :
« - Espérez, pauvres martyrs ! disait-elle au lugubre cortège immobile dans un des coins du grabat ; espérez ! l'heure approche ! »

Alors, viennent trois nobles figures : celles de l'ouvrier, du laboureur et du soldat. Le premier a faim : on lui dispute le pain qu'il a gagné. Le second a faim et froid : on lui marchande le grain qu'il a semé, le bois qu'il a coupé. Le troisième a passé par toutes les souffrances humaines. Bien plus, il a espéré, et son espérance a été déçue, et on lui reproche le sang versé. Tous trois portent sur leur visage l'histoire de leur vie ; tous trois se sentent mal à l'aise dans le présent ; tous trois sont prêts à demander à Dieu compte de ses oeuvres ; mais, quand l'heure approche, quand leur cri va s'élever vers l'Eternel, un spectre s'élance des limbes du passé : on le nomme le Devoir. Et ils reculent pleins d'épouvante.
Un prêtre les précède ; ses membres sont serrés dans un vêtement funèbre ; il s'avance à pas lents et les yeux baissés. Etrange contraste ! il rêve le ciel, et s'incline vers la terre ! Sur sa poitrine on lit : Christianisme ! et plus bas : Résignation.
« Les voici ! les voici ! s'écrie l'apôtre ; ils s'avancent vers celui qui est. Quels seront leurs discours, et comment s'exprimeront-ils en sa présence ? Leur plainte sera-t-elle aussi profonde que leur tristesse ? Non leur incertitude est trop grande pour qu'ils osent formuler leur pensée : d'ailleurs, leur pensée, c'est le doute.
« Peut-être, un jour, parleront-ils plus haut. Ecoutons religieusement l'hymne que murmurent leurs lèvres ; hymne plein de majesté, mais, pourtant, moins harmonieux que la brise, et moins infini que l'océan. Ecoutons :

Hymne

          Du haut de l'horizon, du milieu des nuages
          Où l'astre voyageur apparut aux trois rois,
          Des profondeurs du temple où veillent tes images,
          Christ ! entends-tu notre voix ?
          Si tu contemples la misère
          De la foule muette au pied de tes autels,
          Une larme de sang doit mouiller ta paupière.
          Tu dois te demander, dans ta douleur austère,
          S'il est des dogmes éternels !

Le prêtre.

          O Christ ! j'ai pris longtemps pour un port salutaire
          Ta maison, dont le toit domine les hauts lieux ;
          Et j'ai voulu cacher au fond du sanctuaire,
          Comme sous un bandeau, mon front tumultueux.

Le soldat.

          O Christ ! j'ai pris longtemps pour une noble chaîne
          L'abrutissant lien que je traîne aujourd'hui ;
          Et j'ai donné mon sang à la cause incertaine
          De cette égalité dont l'aurore avait lui.

Le laboureur.

          O Christ ! j'ai pris longtemps pour une tâche sainte
          La rude mission confiée à mes bras,
          Et j'ai, pendant vingt ans, sans repos et sans plainte,
          Laissé sur les sillons la trace de mes pas.

L'ouvrier.

          O Christ ! j'ai pris longtemps pour oeuvre méritoire
          Mes longs jours consumés dans un labeur sans fin ;
          Et, maintes fois, de peur d'outrager ta mémoire,
          J'ai plié ma nature aux douleurs de la faim.

Le prêtre.

          La foi n'a pas rempli mon âme inassouvie !

Le soldat.

          L'orage a balayé tout le sang répandu !

Le laboureur.

          Où je semais le grain, j'ai récolté l'ortie !

L'ouvrier.

          Hier, j'avais un lit : mon maître l'a vendu !

« Silence ! Est-ce le vent de la nuit qui emporte leur prière, ou leur voix a-t- elle cessé d'interroger le ciel ?... Seront-ils consolés ? Qui le sait ? Dieu retient encore l'énigme entre ses mains puissantes, énigme terrible suspendue aux confins de deux mondes : le présent et l'avenir.
« Non, ils ne seront point abandonnés dans la route où le doute les accable, où la résignation les abat. Enfants de Dieu, ils auront leur part de vie et de soleil : Dieu aime ceux qui le cherchent... »

Puis le prêtre, le soldat, le laboureur, l'ouvrier font place à d'autres, et l'apôtre reprend :

« Et à la suite de deux femmes, dont l'une était resplendissante de parure et d'audace, l'autre muette et voilée, un cortège où le grotesque se mêlait au terrible, le fantastique au réel, se rua dans l'enceinte, qui parut s'agrandir subitement pour contenir toute cette multitude, tandis que, de leur côté, les résignés, cédant la place aux nouveaux venus, se groupaient en silence non loin de leurs formidables devanciers.
« Et, celui qui est se disposant à adresser la parole aux arrivants, un d'entre eux, que je n'avais pas aperçu d'abord, s'approcha pour répondre au nom de ses acolytes.
« Et sur le front de cet interprète à l'encolure carrée, aux lèvres luisantes et avides, je lus en lettres d'or le mot Macairisme !
« Et celui qui est dit :
« - Qui êtes-vous ?
« - Les élus de la luxure, les apôtres de la joie.
« - D'où venez-vous ?
« - De la richesse.
« - Où allez-vous ?
« - Au plaisir.
« - Qui vous a faits si gras ?
« - L'infamie.
« - Qui vous rend si joyeux ?
« - L'impunité... »

On devine l'étrange procession qui se déroule, alors, aux yeux de l'apôtre : d'abord, la femme resplendissante de parure et d'audace, la prostituée ; la femme muette et voilée, l'adultère ; puis les agioteurs, les grecs, les hommes d'affaires, les banquiers, les usuriers, tous ces vers, tous ces reptiles, tous ces serpents qui naissent dans la fange des sociétés.

« L'un faisait pirouetter entre ses doigts une large tabatière d'or sur le couvercle de laquelle étaient gravés ces mots : Patience plébéienne pulvérisée et il s'en bourrait les narines à en mourir.
« Un autre se drapait dans les plis d'un large manteau auquel était attachée cette inscription : Laine coupée sur le dos des niais.
« Un troisième, au front étroit, au teint jaunâtre, aux joues tombantes, appuyait amoureusement sur son abdomen, qui n'était autre chose qu'un coffre-fort, ses deux mains, dont les doigts étaient autant de grosses sangsues qui se tordaient et entrouvraient affreusement leurs trompes béantes, comme pour demander pâture.
« Le nez de plusieurs, encadré entre deux yeux ronds et fauves, et fait en forme de bec de vautour, déchiquetait avec une voracité dégoûtante un quartier de charogne maintenu à portée par une chaîne d'or massif pareille à celle qui brille sur la poitrine des grands dignitaires des divers ordres de chevalerie.
« Au milieu de tous, il y en avait un qui brillait revêtu des ornements pontificaux les plus magnifiques, la tête surmontée d'une mitre arrondie en forme de globe et resplendissante d'émeraudes et de rubis. Il tenait d'une main une crosse sur laquelle il s'appuyait, de l'autre une épée qui, de loin, paraissait jeter des flammes ; mais, en approchant, on entendait sous ses habits le craquement des os, et l'on s'apercevait que ce qu'on avait pris pour une figure n'en était que le squelette fardé, et que le glaive et la crosse étaient, l'un de verre fragile, l'autre de bois pourri.
« Puis, au-dessus de cet assemblage grouillant, difforme, indescriptible, flottait une sombre bannière, oriflamme gigantesque, fantastique labarum dont un vent empesté soulevait, en sifflant, les immenses replis ; et sur cette bannière, qui se déroulait lentement et silencieusement comme l'aile d'un vautour, on lisait : Gémonies providentielles.
« Et tout cela causait, chantait, riait, pleurait, gesticulait, dansait, faisait mille gentillesses. C'était délirant ! c'était effroyable !... »

Puis vient la description d'une espèce de sabbat près duquel celui de Faust manque complètement d'imagination.
Mais, lorsqu'il jugea que tout cela avait suffisamment causé, chanté, ri, pleuré, gesticulé, dansé :

« Celui qui est fit un geste, et toutes ces voix ne formèrent plus que deux voix, tous ces corps que deux corps, toutes ces têtes que deux têtes.
« Et deux formes humaines apparurent côte à côte, regardant leurs pieds qui étaient d'argile.
« Puis soudain, de cette argile, naquit une hydre à sept têtes ; et chacune de ces têtes avait un nom.
« La première s'appelait Orgueil ; la seconde, Avarice ; la troisième, Luxure ; la quatrième, Envie ; la cinquième, Gourmandise ; la sixième, Colère ; la septième, Paresse.
« Et, se dressant de toute sa hauteur, l'hydre effroyable étreignit de ses mille replis les membres palpitants du colosse, qui se tordait, hurlait et envoyait vers le ciel des blasphèmes et des lamentations : chacune des sept gueules du monstre imprimait sur sa chair d'horribles morsures, qui au front, qui au coeur, qui au ventre, qui à la bouche, qui aux flancs, qui aux bras.
« - Voilà le passé ! fit celui qui est.
« - Frère ! m'écriai-je, et quel sera donc l'avenir ?
« - Regarde, dit-il.
« Et l'hydre avait disparu, et les deux formes humaines se dessinaient entrelacées et pleines de force, de majesté et d'amour, sur l'horizon lumineux du taudis ; et les pieds du colosse s'étaient changés en marbre de la plus éclatante blancheur.
« Et, lorsque j'eus bien contemplé cette forme céleste, celui qui est étendit de nouveau les mains, et elle s'évanouit, et l'atelier redevint ce qu'il était quelques instants auparavant.
« Les trois grandes catégories de nos visiteurs étaient toujours là mais calmes et saintement recueillies.
« Et celui qui est dit :
« Qui que vous soyez, de quelque région que vous veniez, de la tristesse ou du plaisir, du levant splendide ou du couchant sombre, soyez les bienvenus frères, et à tous, bon jour, bon an !... Bonjour, bon an, à vous suppliciés et forçats, mes frères ! protestants innocents, gladiateurs du cirque, thermomètres vivants de la fausseté de l'institution sociale, espérez ! l'heure de votre réhabilitation est proche !... A vous, pauvres prostituées, mes soeurs ! beaux diamants couverts de boue et d'opprobre, espérez ! l'heure de votre transfiguration est proche !... A vous, femmes adultères, mes soeurs, qui pleurez et hurlez dans le bagne conjugal ! beaux christs d'amour au front flétri, espérez ! l'heure de la liberté est proche !... A vous, pauvres ouvriers, mes frères, qui suez pour le maître qui vous dévores qui mangez le peu de pain qu'il vous laisse, lorsqu'il vous en laisse, dans l'agonie et les tortures du lendemain ! Que devriez-vous être ? Tout ! Qu'êtes-vous ? Rien ! Espérez et écoutez : l'exploitation est impie, la résignation est un blasphème !... A vous, pauvres laboureurs et métayers, mes frères, qui labourez pour le propriétaire, semez pour le propriétaire, récoltez pour le propriétaire le blé dont il vous laisse le son. Espérez ! l'heure du pain plus blanc que neige approche !... A vous, pauvres soldats, mes frères, qui fécondez de votre sang le grand sillon de l'humanité ! espérez ! l'heure de la paix éternelle est proche !... A vous, pauvres prêtres, mes frères, qui vous lamentez sous la bure et qui vous frappez le front aux angles de l'autel ! espérez ! l'heure de l'expansion pour tous est proche !
« Et, après un instant de silence, celui qui est ajouta encore :
« - Je ne vous oublierai pas non plus, vous, les heureux du siècle, vous, les élus de la joie. Vous avez votre mission à remplir ; elle est sainte, car, du cadavre gorgé du vieux monde, sortira l'univers transfiguré... Soyez donc les bienvenus, frères ! et à tous, bon jour, bon an !
« Ayant entendu ces choses, tous ceux qui étaient présents s'acheminèrent en silence vers le seuil du grabat, ils sortirent pleins d'espoir, et leurs pas retentissaient sur les degrés de la spirale infinie.
« Et le même cri qui avait déjà résonné à mes oreilles traversa l'air une seconde fois :
« - L'an 40 a froid ! l'an 40 a faim ! l'an 40 veut manger ! Qu'enfantera-t il ? qu'enfantera-t-il ? Ah ! ah ! ah !
« Je me tournai vers celui qui est. La nuit n'était pas encore au tiers de sa course, et la flamme de la lampe pétillait toujours dans son urne jaunâtre.
« Et je m'écriai :
« - Frère ! en quel nom viens-tu relever toutes ces misères ?
« - Au nom de ma mère, au nom de la grande crucifiée ! répondit celui qui est.
« Et il continua :
« - Au commencement tout était bien, et toutes les femmes ne formaient qu'une seule femme, Eve, et tous les hommes ne formaient qu'une seul homme, Adam ; et le règne d'Eve-Adam, ou de l'unité primitive, florissait dans l'Eden, et l'harmonie et l'amour étaient les seules lois de ce monde.
« Et celui qui est dit encore :
« - Il y a cinquante ans, une femme apparut belle entre toutes : elle se nommait Liberté ; elle s'incarna dans un peuple ; ce peuple s'appelait France. – Et sur le front de cette femme s'étendit, comme dans l'antique Eden, un arbre aux verts rameaux ; et cet arbre se nomma arbre de liberté. Et, désormais, France et Liberté ne font plus qu'un seul et même terme, qu'une seule et même idée !
« Et, me présentant une harpe suspendue au-dessus de sa couche, il ajouta :
« - Chante, prophète !
« Et voici ce que m'inspira l'esprit de Dieu :

I
« Pourquoi te lèves-tu avec le soleil, ô France ! ô Liberté ! et pourquoi tes vêtements exhalent-ils une senteur embaumée ? Pourquoi montes-tu dès le matin sur ta montagne ?

II
« Est-ce pour voir à l'horizon les faucheurs dans les champs de blé mûr, ou la glaneuse qui se courbe sur les sillons comme un arbrisseau battu des vents ?

III
« Est-ce pour écouter le chant de l'alouette ou le murmure du fleuve ou pour contempler l'aurore, belle comme une vierge aux yeux bleus ?

IV
« Si tu te lèves avec le soleil, ô France ! ô Liberté ! ce n'est point pour voir à l'horizon les faucheurs dans les champs de blé mûr, ni la glaneuse qui se courbe sur les sillons.

V
« Ce n'est point pour écouter le chant de l'alouette ou le murmure du fleuve, ni pour contempler l'aurore, belle comme une vierge aux yeux bleus.

VI
« C'est que tu attends ton fiancé ; ton fiancé aux mains puissantes, aux lèvres plus roses que le corail des mers d'Ibérie, et au front plus uni que le marbre de Paros.

VII
« Descends de la montagne, ô France ! ô Liberté ! ce n'est pas là que tu trouveras ton fiancé. Tu le rencontreras dans la cité sainte, au milieu de la multitude.

VIII
« Le voici qui s'avance vers toi, la démarche fière et la poitrine couverte d'un triple airain ; tu lui passes au doigt l'anneau nuptial ; à tes pieds se trouve une couronne tombée dans la fange ; tu la lui places sur le front, et tu le proclames empereur. Ainsi paré, tu le contemples avec orgueil, et tu lui dis :

IX
« - Mon fiancé, vous êtes beau comme le premier homme. Otez de dessus mon front mon bonnet phrygien, remplacez-le par un casque au panache ondoyant, ceignez mes reins d'une épée flamboyante, et poussez-moi tout armée à travers les nations, afin que j'accomplisse dans la douleur le mystère d'amour, selon ce qui a été écrit, et que par moi la tête du serpent soit écrasée !

X
« Ce qu'ayant entendu ton fiancé, il répond : "Que ta volonté soit faite, ô France ! ô Liberté." Et il te pousse tout armée à travers les nations, afin que la parole de Dieu soit accomplie.

Xl
« Pourquoi ton front est-il si pâle, ô France ! ô Liberté ! et pourquoi ta blanche tunique est-elle souillée de sueur et de sang ? Pourquoi marches-tu péniblement comme une femme en travail ?

XII
« C'est que ton fiancé ne te donne pas de relâche, et que l'enfantement est proche.

XIII
« Entends-tu à l'horizon le vent qui mugit, et la grande voix du fleuve, qui se plaint dans sa prison de granit ? Entends-tu le gémissement des vagues et le cri des oiseaux de ténèbres ? C'est que l'enfantement est proche.

XIV
« Comme aux jours de ton départ, ô France ! ô Liberté ! revêts-toi de tes plus beaux habits ; répands sur tes cheveux les plus purs parfums d'Arabie ; vide avec tes disciples la coupe des adieux, et achemine-toi vers ton calvaire, où doit être scellée la délivrance du monde.

XV
« Comment se nomme cette colline que tu gravis au milieu des éclairs ? Cette colline, c'est Waterloo ! Comment se nomme cette plaine toute rouge de ton sang ? C'est la plaine de la Belle-Alliance ! Sois bénie, à jamais bénie entre toutes les femmes, entre toutes les nations, ô France ! ô Liberté !

« Et, ayant entendu ces choses, celui qui est reprit :
« - O ma mère, toi qui m'as dit : "La mort n'est pas le tombeau ; elle est le berceau d'une vie plus grande, d'un amour plus infini !" ton cri est venu jusqu'à moi. O ma mère ! par l'angoisse de ton pénible enfantement, par les souffrances de ton martyre, que la tête du serpent soit écrasée, et l'humanité sauvée !
« Et, se retournant vers moi, il ajouta :
« - Enfant de Dieu, que cherches-tu ? le soleil ou l'obscurité ? la mort ou la vie ? l'espérance ou le sépulcre ?
« - Frère, ai-je répondu, je cherche la vérité !
« Et il reprit :
« - Au nom de l'unité primitive, reconstituée par le beau sang de France, je te salue apôtre d'Isle-Adam !...
« Et, en prononçant ces paroles, celui qui est évoqua l'abîme, qui s'entrouvrit à sa voix.
« - Enfant de Dieu, dit-il, sois attentif, et regarde !
« Et j'ai regardé.
« Et j'ai vu un immense vaisseau surmonté d'un mât gigantesque terminé en ruche ; et l'un des flancs du vaisseau regardait l'occident, et l'autre l'orient.
« Et, du côté de l'occident, ce vaisseau s'appuyait sur les sommets nuageux de trois montagnes dont la base se perdait dans une mer furieuse.
« Et chacune de ces montagnes portait son nom sanglant attaché à son flanc : – la première s'appelait Golgotha ; la seconde, Mont-Saint-Jean ; la troisième, Sainte-Hélène.
« Et, au centre du mat gigantesque, du côté de l'occident, était fixée une croix à cinq branches sur laquelle expirait une femme. Au-dessus de la tête de cette femme, on lisait :
          France.
          18 juin 1815.
          Vendredi saint.

« Et chacune des cinq branches de la croix sur laquelle elle était étendue représentait une des cinq parties du monde ; sa tête reposait sur l'Europe, et un nuage l'entourait.
« Et, du côté du vaisseau qui regardait l'orient, les ténèbres n'existaient pas ; et la carène était arrêtée seuil de la cité de Dieu, sur le faîte d'un arc triomphal que le soleil illuminait de ses rayons.
« Et la même femme apparaissait de nouveau, mais transfigurée et radieuse ; elle soulevait la pierre d'un sépulcre, et sur cette pierre il était écrit :

Restauration, jours du tombeau.
29 juillet 1830.
Pâques
.

« Et son fiancé lui tendait les bras en souriant, et ils s'élançaient ensemble vers les cieux.
« Et, des profondeurs de l'arche sainte, sortait une voix puissante qui disait :
« - Le mystère d'amour est accompli : – tous sont appelés ! – tous sont élus ! – tous sont réhabilités !
« Voilà ce que j'ai vu sur l'arche sainte, et, peu de temps après, l'abîme se voila, et celui qui est, m'imposant les mains, dit :
« - Va, mon frère, quitte tes habits de fête ; endosse la tunique de l'ouvrier ; suspends à tes reins le marteau du travailleur ; car celui qui ne marche pas avec le peuple ne marche pas avec moi, et celui qui ne partage pas son labeur est l'ennemi de Dieu... Va, et sois un fidèle apôtre de l'unité !
« Et j'ai répondu :
« - C'est la foi dans laquelle je veux vivre, et que je suis prêt à sceller de mon sang !
« Et, quand je m'en suis allé, le soleil commençait à monter sur l'horizon.

                    Celui qui fut Caillaux.

« Juillet 1840. »

Telle est l'apocalypse du principal, et nous dirons même de l'unique apôtre du Mapah.
J'avais commencé à l'écrire en me promettant d'en retrancher les trois quarts, et je l'ai reproduite presque entièrement. J'avais commencé à l'écrire la raillerie au bout de ma plume, et je n'ai pas eu le courage de railler ; car, au milieu de tout cela, il y a un grand dévouement, une poésie réelle, de nobles pensées.
Qu'est devenu l'homme qui a écrit ces lignes ? Je n'en sais rien ; mais, sans doute, il n'aura pas failli à la foi dans laquelle il voulait vivre, et qu'il était prêt à sceller de son sang...
Il faut qu'une société soit bien malade, bien disloquée, bien désorganisée, pour que des hommes d'une pareille intelligence n'y trouvent pas d'autre ressource que de se faire dieu – ou apôtre !

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