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Chapitre IX
La pêche des perles

Le capitaine était homme de parole ; quand je revins à moi, j'étais effectivement à terre. Je m'informai dans quelle portion du monde je me trouvais, et j'appris que le trois-mâts Jean de Witt c'était le nom de mon bâtiment de la compagnie des Indes, m'avait déposé, en passant, à Madagascar.
Comme j'avais trois mois et demi de service à bord du Jean de Witt, je trouvai sous mon oreiller une somme de cent quarante francs, qui faisait le prix de mes trois mois et demi.
Vous voyez que c'était encore un brave homme tout de même que le capitaine. Il pouvait me retenir un mois, puisque depuis un mois je ne faisais plus de service.
Pendant ce mois-là, où il m'était impossible de dire ce qui s'était passé, nous avions atterri à Sainte-Hélène, doublé le Cap et jeté l'ancre à Tamatave, où l'on m'avait déposé.
Comme ce n'était point à Tamatave que je désirais former un établissement quelconque, mais bien dans l'Inde, je m'inquiétai près de mon hôte d'un moyen de transport. Une occasion pour l'Inde, c'était un événement à Tamatave. Mon hôte me conseilla en conséquence de gagner Sainte-Marie, où la chance me serait meilleure. Un bateau partait huit jours après pour Pointe-Larrée ; je résolus d'y prendre passage, si dans huit jours je me trouvais mieux.
Je n'avais qu'une peur, monsieur, il n'y avait qu'une chose qui pût faire que j'allasse plus mal : c'était si par hasard on avait débarqué ma femme avec moi.
La première nuit, voyez-vous, je la passai dans des transes que ce n'était pas vivre ; au moindre bruit que j'entendais, je disais : « Bon, la Buchold ! » et la sueur me montait au front ; après cela, vous comprenez, il y avait encore un peu de fièvre.
Enfin le jour vint. Rien. Je respirai.
La seconde nuit, rien encore.
La troisième, idem.
La quatrième, cinquième, sixième, septième, huitième, rien. Aussi je reprenais à vue d'oeil. Et quand mon hôte vint me dire :
- Voyons, êtes-vous en état de partir pour Sainte-Marie ?
- Je crois bien, lui, dis-je. Et en dix minutes j'étais prêt.
Nos comptes furent bientôt réglés. Il ne voulut rien recevoir. J'aimais mieux le payer en reconnaissance qu'en monnaie, attendu que j'étais mieux fourni de l'une que de l'autre. Je n'insistai donc pas ; nous nous embrassâmes et je m'embarquai pour Pointe-Larrée.
Ce n'était pas sans inquiétude que je remettais le pied sur la mer. A chaque poisson que j'apercevais, je croyais que c'était ma femme. On voulut pêcher en route, mais je priai tant, que les matelots n'eurent pas le courage de jeter la ligne.
Je ne fus bien réellement tranquille qu'en arrivant à Pointe-Larrée. La mer était l'élément de la Buchold : mais ne l'ayant pas aperçue pendant la traversée, je me dis : « Bon ! elle est dépistée. »
Je ne décidai pas moins que je m'en irais de Pointe-Larrée à Tintingue par terre. La terre, c'était mon élément à moi, et il me semblait que j'y étais plus fort. C'est drôle, moi, qui auparavant ne savais pas à quoi pouvait servir la terre, si ce n'est pour y prendre de l'eau et y faire sécher du poisson.
Je m'arrangeai donc avec deux guides noirs, qui, moyennant un couteau- fourchette que j'avais et qui se séparait en deux, consentirent à me conduire de Pointe-Larrée à Tintingue. Vous comprenez que c'était pour ménager mes cent quarante francs, toujours.
Le lendemain nous partîmes ; ça ne s'appelait pas s'en aller par terre, voyez- vous ; car à chaque instant la route était coupée de rivières et de marais où nous avions de l'eau jusqu'à la ceinture. De distance en distance nous apercevions quelques îles de terre ferme sur lesquelles foisonnait le gibier.
- Etes-vous chasseur ?
- Oui.
- Eh bien ! si vous aviez été là, vous vous seriez joliment amusé. Les pintades, les tourterelles, les cailles, les pigeons verts, les pigeons bleus, tout cela s'envolait par milliers, si bien que nous nous procurâmes, rien qu'avec nos bâtons, un rôti de prince. A midi, nous nous arrêtâmes sous un bosquet de palmiers ; c'était l'heure du dîner. Je plumai nos pintades, mes nègres firent du feu, on secoua quelques arbres qui donnèrent leurs fruits, que le roi de Hollande n'en a jamais mangé de pareils, et nous commençâmes notre repas.
Il n'y avait qu'une chose qui nous manquait : c'était une bonne bouteille de vin de Bordeaux ou d'ale d'Edimbourg : mais comme je suis philosophe, et que je sais me passer de ce qui me manque, je m'acheminai vers le ruisseau, afin de boire à même.
Ce que voyant un de mes guides, il me dit :
- Ca né pas bon de l'eau, mossié.
- Parbleu, répondis-je, je le sais bien que ce n'est pas bon, et j'aimerais mieux du vin.
- Il aimeré mieux du vin, mossié ?
- Eh !oui, mossié, il aimerait mieux du vin, repartis-je, impatienté.
- Eh bien ! moé va en donné à li.
- Du vin ?
- Oui, et du vin nouveau. Vené, mossié.
Je le suivis en me disant tout bas : « Ah farceur ! si tu me fais aller nous ferons notre compte en arrivant. »
Je disais en arrivant, voyez-vous, parce qu'en route mes gaillards auraient pu me jouer un mauvais tour, tandis qu'une fois arrivé...
- Oui, oui, je comprends.
- Je le suivis donc : il marcha une trentaine de pas, puis regardant autour de lui :
- Vené, vené, mossié, véla le tonneau.
Et il me montra un arbre.
Je disais toujours tout bas : « Ah ! farceur, si tu me fais aller... »
- Eh bien !c'était un ravenala, l'arbre qu'il vous montrait, dit Biard.
Olifus le regarda avec de grands yeux tout étonnés.
- Tiens, vous savez cela, vous ?
- Pardieu !
- C'était un ravenala, comme vous avez dit, surnommé l'arbre du voyageur. Eh bien ! moi, j'avais déjà bien voyagé, et cependant je ne connaissais pas cet arbre, de sorte que lorsqu'il cueillit une feuille, qu'il lui donna la forme d'un verre, et qu'il me dit : « Prenez ça, mossié, et n'en perdé pas une goutte, » je répétais toujours. « Ah ! farceur ! »
Monsieur, il donna un coup de mon couteau dans l'arbre, et il en sortit une eau, voyez-vous, ou plutôt un vin, ou plutôt une liqueur...
Je lui en ôtai mon chapeau, monsieur, comme si ce singe de nègre était un homme.
Après moi, mes deux nègres burent.
Je me mis à boire après eux. J'aurais bu jusqu'au lendemain, mais ils me dirent qu'il fallait reprendre la route. Je voulais mettre un foret à l'arbre tant ça me faisait de peine de voir perdre une si bonne liqueur, mais ils me dirent que je trouverais des ravenalas tout le long du chemin, qu'à Madagascar il y avait des forêts de ravenalas.
J'eus un instant l'envie de m'arrêter à Madagascar et d'exploiter une de ces forêts-là.
Le lendemain, nous arrivâmes à Tintingue : mes guides ne m'avaient pas menti ; tout le long de la route nous avions trouvé des ravenalas que j'avais mis en perce.
A Tintingue, le hasard fit que je rencontrai un riche Chingulais qui faisait le commerce de perles. Le moment de cette pêche, qui a lieu au mois de mars, était arrivé, et il était venu chercher des plongeurs sur la côte du ­anguebar et parmi les sujets du roi Radhama, qui passent pour les plus hardis pêcheurs du monde. Il me reconnut pour un Européen. Il cherchait un directeur de pêcherie. Il crut que je pourrais faire son affaire : il faisait la mienne à merveille. Je lui offris de me prendre à l'essai ; il accepta. Quinze jours après nous jetions l'ancre dans le port de Colombo.
Il n'y avait pas de temps à perdre ; la pêche était déjà commencée. Nous ne fîmes que toucher à Colombo, et nous appareillâmes pour Condatchy, qui est le bazar de l'île. Mon Chingulais était un des principaux adjudicataires de la pêche Nous partîmes avec une véritable flottille et nous nous dirigeâmes sur l'île de Mannar, aux environs de laquelle se fait la pêche.
Notre flottille se composait de dix barques montées par vingt hommes chacune. Sur ces vingt hommes, dix forment l'équipage des manoeuvres, dix sont des plongeurs.
Ces barques ont une forme particulière, sont longues et larges, n'ont qu'un mât et une voile, et ne tirent pas plus de dix-huit pouces d'eau.
J'étais patron d'une de ces barques.
J'avais prévenu mon Chingulais que je n'entendais rien à la pêche des perles, mais que j'étais un manoeuvrier de première force, et, en effet, il ne tarda pas à s'apercevoir que je menais ma barque d'une certaine façon qui faisait que les autres patrons n'étaient que de la Saint-Jean.
Seulement, au bout de trois jours, je m'aperçus d'une chose, c'est que nos plongeurs, pourvu qu'ils fussent habiles, pouvaient quelquefois gagner en un jour dix fois ce que moi, leur patron, je gagnais en un mois.
Cela tenait à ce que les pêcheurs sont intéressés, dans la proportion d'un dixième, à la pêche qu'ils font ; de sorte que si un plongeur a de la chance, s'il tombe sur un banc d'huîtres, il peut gagner dix, quinze et vingt mille livres dans sa saison, c'est-à-dire en deux mois ; tandis que moi pendant ces deux mois, je gagnais purement et simplement cinq cents livres.
Alors je me mis à étudier la façon dont s'y prenaient mes hommes. Au bout du compte, ce n'était pas la mer à boire.
Chaque plongeur prenait entre ses deux pieds ou nouait autour de ses reins une pierre, d'une dizaine de livres à peu près ; puis, lesté de cette pierre qui l'entraînait à fond, il se jetait à l'eau, tenant un sac en filet d'une main, et de l'autre récoltant le plus d'huîtres qu'il en pouvait trouver.
Quand il n'a plus d'air, il secoue le cordon d'amarre qui le retient à la barque, et on le ramène à la surface de l'eau. Chaque homme de l'équipage veille sur ce cordon, de manière à ce que le plongeur n'ait pas besoin de faire signe deux fois. Voilà pourquoi les matelots sont en nombre égal aux plongeurs.
La pêche était excellente et je n'avais qu'un regret, c'était de m'être engagé comme patron au lieu de m'être engagé comme plongeur. A Monnikendam, j'avais une certaine réputation pour rester sous l'eau, et bien m'en avait pris quand j'avais été obligé de chercher mon chemin sous la glace, vous savez, dans le lac de Stavorin. La seule chose qui me consolât, c'est que j'avais une peur affreuse, en plongeant, de rencontrer la Buchold ; et alors vous comprenez, ce n'était plus drôle. Bonsoir les huîtres ! J'aimais mieux rester toute ma vie patron à deux cent cinquante livres par mois.
Au reste, ce n'était pas la seule chose qu'il y eût à craindre ; les requins connaissent l'époque de la pêche comme s'ils avaient des calendriers et c'est incroyable, pendant les deux mois qu'elle dure, la quantité de ces poissons- là qui vient flâner dans la baie de Mannar. Aussi il n'y avait pas de jours qu'il n'arrivât quelque accident. Mais, je dois le dire, s'il n'y avait eu que les requins, ça ne m'aurait pas empêché de plonger ; c'était la Buchold.
Nous avions à bord, au nombre de nos plongeurs, un nègre et son fils. C'étaient deux magnifiques Africains, qui avaient été donnés à mon Chingulais par l'iman de Mascate lui-même ; l'enfant avait quinze ans et le père trente-cinq. C'étaient nos plus hardis et nos plus habiles plongeurs. Depuis dix ou douze jours que durait la pêche, ils avaient, à eux seuls, ramassé presque autant d'huîtres que les huit autres pêcheurs ensemble. J'avais pris le petit noiraud en amitié, et, au milieu de ses camarades, c'était lui que je suivais particulièrement dans ses plongeons ; aussi, en sortant de l'eau, c'était toujours entre mes jambes qu'il venait déposer sa prise, et je veillais sur sa part. On l'appelait Abel.
Un jour il se jette à l'eau. Bon ! Il restait toujours quinze à vingt secondes sans reparaître, ce qui est énorme, voyez-vous. Contre son habitude, à peine a-t-il disparu qu'il secoue l'amarre, et allez donc ! et allez donc ! L'homme qui était chargé du cordon pensait à autre chose ; il venait de voir le pauvre moricaud sauter à la mer. Quand je lui dis : « Mais hisse donc ! imbécile, hisse donc ! tu vois bien qu'il se passe quelque chose d'extraordinaire là- dessous : hisse donc ! » Va te promener : il était déjà trop tard. Je vois un grand point rouge qui monte à la surface de l'eau en s'élargissant, et puis, au milieu de la flaque, l'enfant qui barbote avec une jambe coupée au-dessus du genou.
Au même instant, le père reparaît ; il voit la figure convulsive de son enfant, le sang qui rougit l'eau. Il ne pleure pas, il ne crie pas. Seulement, son visage qui est d'un noir d'ébène, devient couleur de cendre. Il remonte avec le petit Abel dans la barque, me le pose sur les genoux, prend un grand couteau, coupe la corde qui lui lie la pierre autour des reins, coupe la corde qui l'attache à la barque, et plonge juste au moment où le requin venait fleur d'eau.
Je dis : « Faites attention, vous autres, je connais l'homme, nous allons voir quelque chose de drôle. »
A peine j'avais achevé, v'lan ! le requin, dont on voyait la nageoire dorsale au-dessus de la mer, fouette la mer avec sa queue et plonge à son tour : et puis voilà dans l'eau des tourbillons, des remous, un tohu-bohu épouvantable, et le petit qui criait, les yeux ardents, sans penser à lui : Courage, père, courage ! tue, tue, tue ! ! » et qui voulait se jeter à la mer avec sa pauvre jambe déchirée. Croyez-moi, allez, vous ne verrez jamais rien de pareil à ce qui se passa sous nos yeux ; ça dura un quart d'heure, un grand quart d'heure. Pendant ce quart d'heure-là il ne revint que cinq fois à la surface de l'eau pour respirer, pour faire des yeux un signe à son fils, comme pour lui dire : « Va, sois tranquille, tu seras vengé ; » et puis il replongeait, et aussitôt la mer redevenait tourmentée comme par une tempête sous-marine. A vingt pas tout autour, ça n'était qu'une tache de sang ; le monstre faisait des bonds de six pieds hors de l'eau, et l'on voyait ses entrailles qui pendaient par son ventre ouvert. Enfin, la mer commença à se calmer ; ce n'était plus l'homme qui venait respirer, c'était l'animal. Enfin le requin entra dans l'agonie, tourna sur lui-même, fouetta désespérément l'air avec sa queue, plongea, reparut, plongea encore, puis on vit comme des éclairs d'argent qui flamboyaient sous la vague ; c'était lui qui remontait, le ventre en l'air, roulant inerte et raide comme une solive.
Le requin était mort.
Alors le nègre reparut à son tour, vint prendre son enfant dans ses bras, et alla s'asseoir avec lui au pied du mât.
Le chirurgien d'un bâtiment français, qui se trouvait dans la baie de Colombo, fit l'amputation au pauvre Abel, et l'entrepreneur de la pêche laissa au père la part entière d'huîtres qu'il avait pêchée.
En regardant le requin qui était revenu à la surface de l'eau, en comptant ses soixante-trois blessures, dont deux trouaient le coeur, j'avais fait cette réflexion, que puisqu'on se défend bien contre un requin, que puisqu'on vient bien à bout d'un requin, on peut bien se défendre contre une femme, et venir à bout d'une femme, fût-ce une femme marine. J'eus donc honte de ma lâcheté, et, comme la part d'huîtres perlières des deux nègres était estimée plus de douze mille livres, pour dix jours de pêche, je me sentis tourmenté de l'idée de faire fortune ; de sorte que la première fois que mon Chingulais vint nous faire une visite, chose à laquelle il ne manquait pas tous les quatre ou cinq jours, je lui demandai, comme une faveur, de troquer ma positon de patron de barque contre celle de simple plongeur.
Cette demande parut le contrarier.
- Olifus, me dit-il en hollandais, je suis fâché que vous me demandiez cela ; vous êtes un de mes bons patrons de barque, et, s'il ne faut que doubler votre solde pour vous garder, je la doublerai.
- Vous êtes bien bon, lui répondis-je, mais voyez-vous, je suis Breton d'origine, greffé Hollandais par là-dessus ; quand quelque chose m'entre dans la tête, ça y entre si bien que moi-même je ne peux pas l'en faire sortir. Je me suis mis dans la tête de pêcher des perles ; c'est comme cela, ce sera comme cela, ça ne peut pas être autrement.
- Sais-tu plonger, au moins ?
- Oh ! je suis né en Danemark, le pays des phoques.
- Eh bien ! voyons ce que tu sais faire.
- Oh ! quant à cela, dis-je ; ce ne sera pas long.
En un tour de main, je me mis tout nu, je m'attachai un galet de dix livres aux pieds, je pris un filet à ma main gauche comme je voyais faire aux autres plongeurs, je n'oubliai pas un couteau bien emmanché que je passai à ma ceinture, je me fis amarrer à la place du pauvre petit Abel ; je me dis : « Ah bah ! ma foi tant pis, si la Buchold y est, on la verra, » et je sautai à la mer. Il y avait à peu près sept brasses. J'allai assez rapidement au fond, puis j'ouvris les yeux, je regardai autour de moi, c'était le moment d'angoisse. Pas de Buchold, et des huîtres à remuer à la pelle. Je remplis mon filet, je tirai la ficelle pour qu'on me remontât. J'étais resté du premier coup dix secondes sous l'eau.
Je vidai le filet aux pieds de notre entrepreneur.
- Tenez, lui dis-je, qu'en dites-vous ?
- Que tu es un habile plongeur ; que tu peux, en effet, faire ta fortune, et que je n'ai pas le droit de t'en empêcher.
Cette facilité à faire ce que je désirais me donna un peu de honte. Je comparai la conduite du patron de la pêcherie à celle du patron de la barque. Je n'avais pas le côté brillant.
- Cependant, lui dis-je, comme vous m'avez engagé comme patron et non comme plongeur, vous avez le droit de me demander plus qu'aux autres.
- Non, dit-il ; nous arrangerons cela autrement, et, je l'espère, à la satisfaction de tout le monde. Tu es bon patron et bon plongeur ; sois patron pour moi et plongeur pour toi. Les plongeurs ont droit au dixième de leur pêche ; comme tu me rends des services, je te donne le huitième de la tienne ; c'est-à-dire que tu seras sept jours patron, et le huitième plongeur. Bien entendu que la totalité de ce que tu pêcheras ce huitième jour sera pour toi. Cela te va-t-il ?
- Je crois bien que ça me va !
- Eh bien ! maintenant, comme la saison est déjà commencée depuis quelque temps, suppose que notre marché est fait depuis sept jours, et commence demain.
Il n'y avait rien à dire qu'à le remercier. Je lui pris la main et je la baisai.
C'est la façon de remercier dans le pays. J'attendis le lendemain avec impatience.

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