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Chapitre XCIV
Une foule de coups d'épée dans l'eau

Raoul, en se rendant chez de Guiche, trouva celui-ci causant avec de Wardes et Manicamp. De Wardes, depuis l’aventure de la barrière, traitait Raoul en étranger.
On eût dit qu’il ne s’était rien passé entre eux ; seulement, ils avaient l’air de ne pas se connaître.
Raoul entra, de Guiche marcha au-devant de lui.
Raoul, tout en serrant la main de son ami, jeta un regard rapide sur les deux jeunes gens. Il espérait lire sur leur visage ce qui s’agitait dans leur esprit.
De Wardes était froid et impénétrable.
Manicamp semblait perdu dans la contemplation d’une garniture qui l’absorbait.
De Guiche emmena Raoul dans un cabinet voisin et le fit asseoir.
- Comme tu as bonne mine ! lui dit-il.
- C’est assez étrange, répondit Raoul, car je suis fort peu joyeux.
- C’est comme moi, n’est-ce pas, Raoul ? L’amour va mal.
- Tant mieux, de ton côté, comte ; la pire nouvelle, celle qui pourrait le plus m’attrister, serait une bonne nouvelle.
- Oh ! alors, ne t’afflige pas, car non seulement je suis très malheureux, mais encore je vois des gens heureux autour de moi.
- Voilà ce que je ne comprends plus, répondit Raoul ; explique, mon ami, explique.
- Tu vas comprendre. J’ai vainement combattu le sentiment que tu as vu naître en moi, grandir en moi, s’emparer de moi ; j’ai appelé à la fois tous les conseils et toute ma force ; j’ai bien considéré le malheur où je m’engageais ; je l’ai sondé, c’est un abîme, je le sais ; mais n’importe, je poursuivrai mon chemin.
- Insensé ! tu ne peux faire un pas de plus sans vouloir aujourd’hui ta ruine, demain ta mort.
- Advienne que pourra !
- De Guiche !
- Toutes réflexions sont faites ; écoute.
- Oh ! tu crois réussir, tu crois que Madame t’aimera !
- Raoul, je ne crois rien, j’espère, parce que l’espoir est dans l’homme et qu’il y vit jusqu’au tombeau.
- Mais j’admets que tu obtiennes ce bonheur que tu espères, et tu es plus sûrement perdu encore que si tu ne l’obtiens pas.
- Je t’en supplie, ne m’interromps plus, Raoul, tu ne me convaincras point ; car, je te le dis d’avance, je ne veux pas être convaincu ; j’ai tellement marché que je ne puis reculer, j’ai tellement souffert que la mort me paraîtrait un bienfait. Je ne suis plus seulement amoureux jusqu’au délire, Raoul, je suis jaloux jusqu’à la fureur.
Raoul frappa l’une contre l’autre ses deux mains avec un sentiment qui ressemblait à de la colère.
- Bien ! dit-il.
- Bien ou mal, peu importe. Voici ce que je réclame de toi, de mon ami, de mon frère. Depuis trois jours, Madame est en fêtes, en ivresse. Le premier jour, je n’ai point osé la regarder ; je la haïssais de ne pas être aussi malheureuse que moi. Le lendemain, je ne la pouvais plus perdre de vue ; et de son côté, oui, je crus le remarquer, du moins, Raoul, de son côté, elle me regarda, sinon avec quelque pitié, du moins avec quelque douceur. Mais entre ses regards et les miens vint s’interposer une ombre ; le sourire d’un autre provoque son sourire. A côté de son cheval galope éternellement un cheval qui n’est pas le mien ; à son oreille vibre incessamment une voix caressante qui n’est pas ma voix. Raoul, depuis trois jours, ma tête est en feu ; c’est de la flamme qui coule dans mes veines. Cette ombre, il faut que je la chasse ; ce sourire, que je l’éteigne ; cette voix, que je l’étouffe.
- Tu veux tuer Monsieur ? s’écria Raoul.
- Eh ! non. Je ne suis pas jaloux de Monsieur ; je ne suis pas jaloux du mari ; je suis jaloux de l’amant.
- De l’amant ?
- Mais ne l’as-tu donc pas remarqué ici, toi qui là-bas étais si clairvoyant ?
- Tu es jaloux de M. de Buckingham ?
- A en mourir !
- Encore.
- Oh ! cette fois la chose sera facile à régler entre nous, j’ai pris les devants, je lui ai fait passer un billet.
- Tu lui as écrit ? c’est toi ?
- Comment sais-tu cela ?
- Je le sais, parce qu’il me l’a appris. Tiens.
Et il tendit à de Guiche la lettre qu’il avait reçue presque en même temps que la sienne. De Guiche la lut avidement.
- C’est d’un brave homme et surtout d’un galant homme, dit-il.
- Oui, certes, le duc est un galant homme ; je n’ai pas besoin de te demander si tu lui as écrit en aussi bons termes.
- Je te montrerai ma lettre quand tu l’iras trouver de ma part.
- Mais c’est presque impossible.
- Quoi ?
- Que j’aille le trouver.
- Comment ?
- Le duc me consulte, et toi aussi.
- Oh ! tu me donneras la préférence, je suppose. Ecoute, voici ce que je te prie de dire à Sa Grâce... C’est bien simple... Un de ces jours, aujourd’hui, demain, après-demain, le jour qui lui conviendra, je veux le rencontrer à Vincennes.
- Réfléchis.
- Je croyais t’avoir déjà dit que mes réflexions étaient faites.
- Le duc est étranger ; il a une mission qui le fait inviolable... Vincennes est tout près de la Bastille.
- Les conséquences me regardent.
- Mais la raison de cette rencontre ? quelle raison veux-tu que je lui donne ?
- Il ne t’en demandera pas, sois tranquille... Le duc doit être aussi las de moi que je le suis de lui ; le duc doit me haïr autant que je le hais. Ainsi, je t’en supplie, va trouver le duc, et, s’il faut que je le supplie d’accepter ma proposition, je le supplierai.
- C’est inutile...Le duc m’a prévenu qu’il me voulait parler. Le duc est au jeu du roi... Allons-y tous deux. Je le tirerai à quartier dans la galerie. Tu resteras à l’écart. Deux mots suffiront.
- C’est bien. Je vais emmener de Wardes pour me servir de contenance.
- Pourquoi pas Manicamp ? De Wardes nous rejoindra toujours, le laissassions-nous ici.
- Oui, c’est vrai.
- Il ne sait rien ?
- Oh ! rien absolument. Vous êtes toujours en froid, donc !
- Il ne t’a rien raconté ?
- Non.
- Je n’aime pas cet homme, et, comme je ne l’ai jamais aimé, il résulte de cette antipathie que je ne suis pas plus en froid avec lui aujourd’hui que je ne l’étais hier.
- Partons alors.
Tous quatre descendirent. Le carrosse de de Guiche attendait à la porte et les conduisit au Palais-Royal.
En chemin, Raoul se forgeait un thème. Seul dépositaire des deux secrets, il ne désespérait pas de conclure un accommodement entre les deux parties.
Il se savait influent près de Buckingham ; il connaissait son ascendant sur de Guiche : les choses ne lui paraissaient donc point désespérées.
En arrivant dans la galerie, resplendissante de lumière, où les femmes les plus belles et les plus illustres de la cour s’agitaient comme des astres dans leur atmosphère de flammes, Raoul ne put s’empêcher d’oublier un instant de Guiche pour regarder Louise, qui, au milieu de ses compagnes, pareille à une colombe fascinée, dévorait des yeux le cercle royal, tout éblouissant de diamants et d’or.
Les hommes étaient debout, le roi seul était assis.
Raoul aperçut Buckingham.
Il était à dix pas de Monsieur, dans un groupe de Français et d’Anglais qui admiraient le grand air de sa personne et l’incomparable magnificence de ses habits.
Quelques-uns des vieux courtisans se rappelaient avoir vu le père, et ce souvenir ne faisait aucun tort au fils.
Buckingham causait avec Fouquet. Fouquet lui parlait tout haut de Belle-Ile.
- Je ne puis l’aborder dans ce moment, dit Raoul.
- Attends et choisis ton occasion, mais termine tout sur l’heure. Je brûle.
- Tiens, voici notre sauveur, dit Raoul apercevant d’Artagnan, qui, magnifique dans son habit neuf de capitaine des mousquetaires, venait de faire dans la galerie une entrée de conquérant.
Et il se dirigea vers d’Artagnan.
- Le comte de La Fère vous cherchait, chevalier, dit Raoul.
- Oui, répondit d’Artagnan, je le quitte.
- J’avais cru comprendre que vous deviez passer une partie de la nuit ensemble.
- Rendez-vous est pris pour nous retrouver.
Et tout en répondant à Raoul, d’Artagnan promenait ses regards distraits à droite et à gauche, cherchant dans la foule quelqu’un ou dans l’appartement quelque chose.
Tout à coup son oeil devint fixe comme celui de l’aigle qui aperçoit sa proie.
Raoul suivit la direction de ce regard. Il vit que de Guiche et d’Artagnan se saluaient. Mais il ne put distinguer à qui s’adressait ce coup d’oeil si curieux et si fier du capitaine.
- Monsieur le chevalier, dit Raoul, il n’y a que vous qui puissiez me rendre un service.
- Lequel, mon cher vicomte ?
- Il s’agit d’aller déranger M. de Buckingham, à qui j’ai deux mots à dire, et comme M. de Buckingham cause avec M. Fouquet, vous comprenez que ce n’est point moi qui puis me jeter au milieu de la conversation.
- Ah ! ah ! M. Fouquet ; il est là ? demanda d’Artagnan.
- Le voyez-vous ? Tenez.
- Oui, ma foi ! Et tu crois que j’ai plus de droits que toi ?
- Vous êtes un homme plus considérable.
- Ah ! c’est vrai, je suis capitaine des mousquetaires ; il y a si longtemps qu’on me promettait ce grade et si peu de temps que je l’ai, que j’oublie toujours ma dignité.
- Vous me rendrez ce service, n’est-ce pas ?
- M. Fouquet, diable !
- Avez-vous quelque chose contre lui ?
- Non, ce serait plutôt lui qui aurait quelque chose contre moi ; mais enfin, comme il faudra qu’un jour ou l’autre...
- Tenez, je crois qu’il vous regarde ; ou bien serait-ce ?...
- Non, non, tu ne te trompes pas, c’est bien à moi qu’il fait cet honneur.
- Le moment est bon, alors.
- Tu crois ?
- Allez, je vous en prie.
- J’y vais.
De Guiche ne perdait pas de vue Raoul ; Raoul lui fit signe que tout était arrangé.
D’Artagnan marcha droit au groupe, et salua civilement M. Fouquet comme les autres.
- Bonjour, monsieur d’Artagnan. Nous parlions de Belle-Ile-en-Mer, dit Fouquet avec cet usage du monde et cette science du regard qui demandent la moitié de la vie pour être bien appris, et auxquels certaines gens, malgré toute leur étude, n’arrivent jamais.
- De Belle-Ile-en-Mer ? Ah ! ah ! fit d’Artagnan. C’est à vous, je crois, monsieur Fouquet ?
- Monsieur vient de me dire qu’il l’avait donnée au roi, dit Buckingham. Serviteur, monsieur d’Artagnan.
- Connaissez-vous Belle-Ile, chevalier ? demanda Fouquet au mousquetaire.
- J’y ai été une seule fois, monsieur, répondit d’Artagnan en homme d’esprit et en galant homme.
- Y êtes-vous resté longtemps ?
- A peine une journée, monseigneur.
- Et vous y avez vu ?
- Tout ce qu’on peut voir en un jour.
- C’est beaucoup d’un jour quand on a votre regard, monsieur.
D’Artagnan s’inclina.
Pendant ce temps, Raoul faisait signe à Buckingham.
- Monsieur le surintendant, dit Buckingham, je vous laisse le capitaine, qui se connaît mieux que moi en bastions, en escarpes et en contrescarpes, et je vais rejoindre un ami qui me fait signe. Vous comprenez...
En effet, Buckingham se détacha du groupe et s’avança vers Raoul, mais tout en s’arrêtant un instant à la table où jouaient Madame, la reine mère, la jeune reine et le roi.
- Allons, Raoul, dit de Guiche, le voilà ; ferme et vite !
Buckingham en effet, après avoir présenté un compliment à Madame, continuait son chemin vers Raoul.
Raoul vint au-devant de lui. De Guiche demeura à sa place.
Il le suivit des yeux.
La manoeuvre était combinée de telle façon que la rencontre des deux jeunes gens eut lieu dans l’espace resté vide entre le groupe du jeu et la galerie où se promenaient, en s’arrêtant de temps en temps, pour causer, quelques braves gentilshommes.
Mais, au moment où les deux lignes allaient s’unir, elles furent rompues par une troisième.
C’était Monsieur qui s’avançait vers le duc de Buckingham.
Monsieur avait sur ses lèvres roses et pommadées son plus charmant sourire.
- Eh ! mon Dieu ! dit-il avec une affectueuse politesse, que vient-on de m’apprendre, mon cher duc ?
Buckingham se retourna : il n’avait pas vu venir Monsieur ; il avait entendu sa voix, voilà tout.
Il tressaillit malgré lui. Une légère pâleur envahit ses joues.
- Monseigneur, demanda-t-il, qu’a-t-on dit à Votre Altesse qui paraisse lui causer ce grand étonnement ?
- Une chose qui me désespère, monsieur, dit le prince, une chose qui sera un deuil pour toute la cour.
- Ah ! Votre Altesse est trop bonne, dit Buckingham, car je vois qu’elle veut parler de mon départ.
- Justement.
- Hélas ! monseigneur, à Paris depuis cinq à six jours à peine, mon départ ne peut être un deuil que pour moi.
De Guiche entendit le mot de la place où il était resté et tressaillit à son tour.
- Son départ ! murmura-t-il. Que dit-il donc ?
Philippe continua avec son même air gracieux :
- Que le roi de la Grande-Bretagne vous rappelle, monsieur, je conçois cela ; on sait que Sa Majesté Charles II, qui se connaît en gentilshommes, ne peut se passer de vous. Mais que nous vous perdions sans regret, cela ne se peut comprendre ; recevez donc l’expression des miens.
- Monseigneur, dit le duc, croyez que si je quitte la cour de France...
- C’est qu’on vous rappelle, je comprends cela ; mais enfin, si vous croyez que mon désir ait quelque poids près du roi, je m’offre à supplier Sa Majesté Charles II de vous laisser avec nous quelque temps encore.
- Tant d’obligeance me comble, monseigneur, répondit Buckingham ; mais j’ai reçu des ordres précis. Mon séjour en France était limité ; je l’ai prolongé au risque de déplaire à mon gracieux souverain. Aujourd’hui seulement, je me rappelle que, depuis quatre jours, je devrais être parti.
- Oh ! fit Monsieur.
- Oui, mais, ajouta Buckingham en élevant la voix, même de manière à être entendu des princesses, mais je ressemble à cet homme de l’orient qui, pendant plusieurs jours, devint fou d’avoir fait un beau rêve, et qui, un beau matin, se réveilla guéri, c’est-à-dire raisonnable. La cour de France a des enivrements qui peuvent ressembler à ce rêve, monseigneur, mais on se réveille enfin et l’on part. Je ne saurais donc prolonger mon séjour comme Votre Altesse veut bien me le demander.
- Et quand partez-vous ? demanda Philippe d’un air plein de sollicitude.
- Demain, monseigneur... Mes équipages sont prêts depuis trois jours.
Le duc d’Orléans fit un mouvement de tête qui signifiait : « Puisque c’est une résolution prise, duc, il n’y a rien à dire. »
Buckingham leva les yeux sur les reines ; son regard rencontra celui d’Anne d’Autriche, qui le remercia et l’approuva par un geste.
Buckingham lui rendit ce geste en cachant sous un sourire le serrement de son coeur.
Monsieur s’éloigna par où il était venu.
Mais en même temps, du côté opposé, s’avançait de Guiche.
Raoul craignit que l’impatient jeune homme ne vînt faire la proposition lui même, et se jeta au-devant de lui.
- Non, non, Raoul, tout est inutile maintenant, dit de Guiche en tendant ses deux mains au duc et en l’entraînant derrière une colonne... Oh ! duc, duc ! dit de Guiche, pardonnez-moi ce que je vous ai écrit ; j’étais un fou ! Rendez-moi ma lettre !
- C’est vrai, répliqua le jeune duc avec un sourire mélancolique, vous ne pouvez plus m’en vouloir.
- Oh ! duc, duc, excusez-moi !... Mon amitié, mon amitié éternelle...
- Pourquoi, en effet, m’en voudriez-vous, comte, du moment où je la quitte, du moment où je ne la verrai plus ?
Raoul entendit ces mots, et, comprenant que sa présence était désormais inutile entre ces deux jeunes gens qui n’avaient plus que des paroles amies, il recula de quelques pas.
Ce mouvement le rapprocha de de Wardes.
De Wardes parlait du départ de Buckingham. Son interlocuteur était le chevalier de Lorraine.
- Sage retraite ! disait de Wardes.
- Pourquoi cela ?
- Parce qu’il économise un coup d’épée au cher duc.
Et tous se mirent à rire.
Raoul, indigné, se retourna, le sourcil froncé, le sang aux tempes, la bouche dédaigneuse.
Le chevalier de Lorraine pivota sur ses talons ; de Wardes demeura ferme et attendit.
- Monsieur, dit Raoul à de Wardes, vous ne vous déshabituerez donc pas d’insulter les absents ? Hier, c’était M. d’Artagnan ; aujourd’hui, c’est M. de Buckingham.
- Monsieur, monsieur, dit de Wardes, vous savez bien que parfois aussi j’insulte ceux qui sont là.
De Wardes touchait Raoul, leurs épaules s’appuyaient l’une à l’autre, leurs visages se penchaient l’un vers l’autre comme pour s’embraser réciproquement du feu de leur souffle et de leur colère.
On sentait que l’un était au sommet de sa haine, l’autre au bout de sa patience.
Tout à coup ils entendirent une voix pleine de grâce et de politesse qui disait derrière eux :
- On m’a nommé, je crois.
Ils se retournèrent : c’était d’Artagnan qui l’oeil souriant et la bouche en coeur, venait de poser sa main sur l’épaule de de Wardes.
Raoul s’écarta d’un pas pour faire place au mousquetaire.
De Wardes frissonna par tout le corps, pâlit, mais ne bougea point.
D’Artagnan, toujours avec son sourire, prit la place que Raoul lui abandonnait.
- Merci, mon cher Raoul, dit-il. Monsieur de Wardes, j’ai à causer avec vous. Ne vous éloignez pas, Raoul ; tout le monde peut entendre ce que j’ai à dire à M. de Wardes.
Puis son sourire s’effaça, et son regard devint froid et aigu comme une lame d’acier.
- Je suis à vos ordres, monsieur, dit de Wardes.
- Monsieur, reprit d’Artagnan, depuis longtemps je cherchais l’occasion de causer avec vous ; aujourd’hui seulement, je l’ai trouvée. Quant au lieu, il est mal choisi, j’en conviens ; mais si vous voulez vous donner la peine de venir jusque chez moi, mon chez-moi est justement dans l’escalier qui aboutit à la galerie.
- Je vous suis, monsieur, dit de Wardes.
- Est-ce que vous êtes seul ici, monsieur ? fit d’Artagnan.
- Non pas, j’ai MM. Manicamp et de Guiche, deux de mes amis.
- Bien, dit d’Artagnan ; mais deux personnes, c’est peu. Vous en trouverez bien encore quelques-unes, n’est-ce pas ?
- Certes ! dit le jeune homme, qui ne savait pas où d’Artagnan voulait en venir. Tant que vous en voudrez.
- Des amis ?
- Oui, monsieur.
- De bons amis ?
- Sans doute.
- Eh bien ! faites-en provision, je vous prie. Et vous, Raoul, venez... Amenez aussi M. de Guiche ; amenez M. de Buckingham, s’il vous plaît.
- Oh ! mon Dieu, monsieur, que de tapage ! répondit de Wardes en essayant de sourire.
Le capitaine lui fit, de la main, un petit signe pour lui recommander la patience.
- Je suis toujours impassible. Donc, je vous attends, monsieur, dit-il.
- Attendez-moi.
- Alors, au revoir !
Et il se dirigea du côté de son appartement.
La chambre de d’Artagnan n’était point solitaire : le comte de La Fère attendait, assis dans l’embrasure d’une fenêtre.
- Eh bien ? demanda-t-il à d’Artagnan en le voyant rentrer.
- Eh bien ! dit celui-ci, M. de Wardes veut bien m’accorder l’honneur de me faire une petite visite, en compagnie de quelques-uns de ses amis et des nôtres.
En effet, derrière le mousquetaire apparurent de Wardes et Manicamp.
De Guiche et Buckingham les suivaient, assez surpris et ne sachant ce qu’on leur voulait.
Raoul venait avec deux ou trois gentilshommes. Son regard erra, en entrant, sur toutes les parties de la chambre. Il aperçut le comte et alla se placer près de lui.
D’Artagnan recevait ses visiteurs avec toute la courtoisie dont il était capable.
Il avait conservé sa physionomie calme et polie.
Tous ceux qui se trouvaient là étaient des hommes de distinction occupant un poste à la cour.
Puis, lorsqu’il eut fait à chacun ses excuses du dérangement qu’il lui causait, il se retourna vers de Wardes, qui, malgré sa puissance sur lui-même, ne pouvait empêcher sa physionomie d’exprimer une surprise mêlée d’inquiétude.
- Monsieur, dit-il, maintenant que nous voici hors du palais du roi, maintenant que nous pouvons causer tout haut sans manquer aux convenances, je vais vous faire savoir pourquoi j’ai pris la liberté de vous prier de passer chez moi et d’y convoquer en même temps ces messieurs. J’ai appris, par M. le comte de La Fère, mon ami, les bruits injurieux que vous semiez sur mon compte ; vous m’avez dit que vous me teniez pour votre ennemi mortel, attendu que j’étais, dites-vous, celui de votre père.
- C’est vrai, monsieur, j’ai dit cela, reprit de Wardes, dont la pâleur se colora d’une légère flamme.
- Ainsi, vous m’accusez d’un crime, d’une faute ou d’une lâcheté. Je vous prie de préciser votre accusation.
- Devant témoins, monsieur ?
- Oui, sans doute, devant témoins, et vous voyez que je les ai choisis experts en matière d’honneur.
- Vous n’appréciez pas ma délicatesse, monsieur. Je vous ai accusé, c’est vrai ; mais j’ai gardé le secret sur l’accusation. Je ne suis entré dans aucun détail, je me suis contenté d’exprimer ma haine devant des personnes pour lesquelles c’était presque un devoir de vous la faire connaître. Vous ne m’avez pas tenu compte de ma discrétion, quoique vous fussiez intéressé à mon silence. Je ne reconnais point là votre prudence habituelle, monsieur d’Artagnan.
D’Artagnan se mordit le coin de la moustache.
- Monsieur, dit-il, j’ai déjà eu l’honneur de vous prier d’articuler les griefs que vous aviez contre moi.
- Tout haut ?
- Parbleu !
- Je parlerai donc.
- Parlez, monsieur, dit d’Artagnan en s’inclinant, nous vous écoutons tous.
- Eh bien ! monsieur, il s’agit, non pas d’un tort envers moi, mais d’un tort envers mon père.
- Vous l’avez déjà dit.
- Oui, mais il y a certaines choses qu’on n’aborde qu’avec hésitation.
- Si cette hésitation existe réellement, je vous prie de la surmonter, monsieur.
- Même dans le cas où il s’agirait d’une action honteuse ?
- Dans tous les cas.
Les témoins de cette scène commencèrent par se regarder entre eux avec une certaine inquiétude. Cependant, ils se rassurèrent en voyant que le visage de d’Artagnan ne manifestait aucune émotion.
De Wardes gardait le silence.
- Parlez, monsieur, dit le mousquetaire. Vous voyez bien que vous nous faites attendre.
- Eh bien ! écoutez. Mon père aimait une femme, une femme noble ; cette femme aimait mon père.
D’Artagnan échangea un regard avec Athos.
De Wardes continua.
- M. d’Artagnan surprit des lettres qui indiquaient un rendez-vous, se substitua, sous un déguisement, à celui qui était attendu et abusa de l’obscurité.
- C’est vrai, dit d’Artagnan.
Un léger murmure se fit entendre parmi les assistants.
- Oui, j’ai commis cette mauvaise action. Vous auriez dû ajouter, monsieur, puisque vous êtes si impartial, qu’à l’époque où se passa l’événement que vous me reprochez, je n’avais point encore vingt et un ans.
- L’action n’en est pas moins honteuse, dit de Wardes, et l’âge de raison suffit à un gentilhomme pour ne pas commettre une indélicatesse.
Un nouveau murmure se fit entendre, mais d’étonnement et presque de doute.
- C’était une supercherie honteuse, en effet, dit d’Artagnan, et je n’ai point attendu que M. de Wardes me la reprochât pour me la reprocher moi-même et bien amèrement L’âge m’a fait plus raisonnable, plus probe surtout, et j’ai expié ce tort par de longs regrets. Mais j’en appelle à vous, messieurs ; cela se passait en 1626, et c’était un temps, heureusement pour vous, vous ne savez cela que par tradition, et c’était un temps où l’amour n’était pas scrupuleux, où les consciences ne distillaient pas, comme aujourd’hui, le venin et la myrrhe. Nous étions de jeunes soldats toujours battants, toujours battus, toujours l’épée hors du fourreau ou tout au moins à moitié tirée, toujours entre deux morts ; la guerre nous faisait durs, et le cardinal nous faisait pressés. Enfin, je me suis repenti, et, il y a plus, je me repens encore, monsieur de Wardes.
- Oui, monsieur, je comprends cela, car l’action comportait le repentir ; mais vous n’en avez pas moins causé la perte d’une femme. Celle dont vous parlez, voilée par sa honte, courbée sous son affront, celle dont vous parlez a fui, elle a quitté la France, et l’on n’a jamais su ce qu’elle était devenue...
- Oh ! fit le comte de La Fère en étendant le bras vers de Wardes avec un sinistre sourire, si fait, monsieur, on l’a vue, et il est même ici quelques personnes qui, en ayant entendu parler, peuvent la reconnaître au portrait que j’en vais faire. C’était une femme de vingt-cinq ans, mince, pâle, blonde, qui s’était mariée en Angleterre.
- Mariée ? fit de Wardes.
- Ah ! vous ignoriez qu’elle fût mariée ? Vous voyez que nous sommes mieux instruits que vous, monsieur de Wardes. Savez-vous qu’on l’appelait habituellement Milady, sans ajouter aucun nom à cette qualification ?
- Oui, monsieur, je sais cela.
- Mon Dieu ! murmura Buckingham.
- Eh bien ! cette femme, qui venait d’Angleterre, retourna en Angleterre, après avoir trois fois conspiré la mort de M. d’Artagnan. C’était justice, n’est-ce pas ? Je le veux bien, M. d’Artagnan l’avait insultée. Mais ce qui n’est plus justice, c’est qu’en Angleterre, par ses séductions, cette femme conquit un jeune homme qui était au service de lord de Winter, et que l’on nommait Felton. Vous pâlissez, milord de Buckingham ? vos yeux s’allument à la fois de colère et de douleur ? Alors, achevez le récit, milord, et dites à M. de Wardes quelle était cette femme qui mit le couteau à la main de l’assassin de votre père.
Un cri s’échappa de toutes les bouches. Le jeune duc passa un mouchoir sur son front inondé de sueur.
Un grand silence s’était fait parmi tous les assistants.
- Vous voyez, monsieur de Wardes, dit d’Artagnan, que ce récit avait d’autant plus impressionné que ses propres souvenirs se ravivaient aux paroles d’Athos ; vous voyez que mon crime n’est point la cause d’une perte d’âme, et que l’âme était bel et bien perdue avant mon regret. C’est donc bien un acte de conscience. Or, maintenant que ceci est établi, il me reste, monsieur de Wardes, à vous demander bien humblement pardon de cette action honteuse, comme bien certainement j’eusse demandé pardon à M. votre père, s’il vivait encore, et si je l’eusse rencontré après mon retour en France depuis la mort de Charles Ier.
- Mais c’est trop, monsieur d’Artagnan, s’écrièrent vivement plusieurs voix.
- Non, messieurs, dit le capitaine. Maintenant, monsieur de Wardes, j’espère que tout est fini entre nous deux, et qu’il ne vous arrivera plus de mal parler de moi. C’est une affaire purgée, n’est-ce pas ?
De Wardes s’inclina en balbutiant.
- J’espère aussi, continua d’Artagnan en se rapprochant du jeune homme, que vous ne parlerez plus mal de personne comme vous en avez la fâcheuse habitude ; car un homme aussi consciencieux, aussi parfait que vous l’êtes, vous qui reprochez une vétille de jeunesse à un vieux soldat, après trente- cinq ans, vous, dis-je, qui arborez cette pureté de conscience, vous prenez de votre côté, l’engagement tacite de ne rien faire contre la conscience et l’honneur. Or, écoutez bien ce qui me reste à vous dire, monsieur de Wardes. Gardez-vous qu’une histoire où votre nom figurera ne parvienne à mes oreilles.
- Monsieur, dit de Wardes, il est inutile de menacer pour rien.
- Oh ! je n’ai point fini, monsieur de Wardes, reprit d’Artagnan, et vous êtes condamné à m’entendre encore.
Le cercle se rapprocha curieusement.
- Vous parliez haut tout à l’heure de l’honneur d’une femme et de l’honneur de votre père ; vous nous avez plu en parlant ainsi, car il est doux de songer que ce sentiment de délicatesse et de probité qui ne vivait pas, à ce qu’il paraît, dans notre âme, vit dans l’âme de nos enfants, et il est beau enfin de voir un jeune homme à l’âge où d’habitude on se fait le larron de l’honneur des femmes, il est beau de voir ce jeune homme le respecter et le défendre.
De Wardes serrait les lèvres et les poings, évidemment fort inquiet de savoir comment finirait ce discours dont l’exorde s’annonçait si mal.
- Comment se fait-il donc alors, continua d’Artagnan, que vous vous soyez permis de dire à M. le vicomte de Bragelonne qu’il ne connaissait point sa mère ?
Les yeux de Raoul étincelèrent.
- Oh ! s’écria-t-il en s’élançant, monsieur le chevalier, monsieur le chevalier, c’est une affaire qui m’est personnelle.
De Wardes sourit méchamment.
D’Artagnan repoussa Raoul du bras.
- Ne m’interrompez pas, jeune homme, dit-il.
Et dominant de Wardes du regard :
- Je traite ici une question qui ne se résout point par l’épée, continua-t-il. Je la traite devant des hommes d’honneur, qui tous ont mis plus d’une fois l’épée à la main. Je les ai choisis exprès. Or, ces messieurs savent que tout secret pour lequel on se bat cesse d’être un secret. Je réitère donc ma question à M. de Wardes : A quel propos avez-vous offensé ce jeune homme en offensant à la fois son père et sa mère ?
- Mais il me semble, dit de Wardes, que les paroles sont libres, quand on offre de les soutenir par tous les moyens qui sont à la disposition d’un galant homme.
- Ah ! monsieur, quels sont les moyens, dites-moi, à l’aide desquels un galant homme peut soutenir une méchante parole ?
- Par l’épée.
- Vous manquez non seulement de logique en disant cela, mais encore de religion et d’honneur ; vous exposez la vie de plusieurs hommes, sans parler de la vôtre, qui me paraît fort aventurée. Or, toute mode passe, monsieur, et la mode est passée des rencontres, sans compter les édits de Sa Majesté qui défendent le duel. Donc, pour être conséquent avec vos idées de chevalerie, vous allez présenter vos excuses à M. Raoul de Bragelonne ; vous lui direz que vous regrettez d’avoir tenu un propos léger ; que la noblesse et la pureté de sa race sont écrites non seulement dans son coeur, mais encore dans toutes les actions de sa vie. Vous allez faire cela, monsieur de Wardes, comme je l’ai fait tout à l’heure, moi, vieux capitaine, devant votre moustache d’enfant.
- Et si je ne le fais pas ? demanda de Wardes.
- Eh bien ! il arrivera...
- Ce que vous croyez empêcher, dit de Wardes en riant ; il arrivera que votre logique de conciliation aboutira à une violation des défenses du roi.
- Non, monsieur, dit tranquillement le capitaine, et vous êtes dans l’erreur.
- Qu’arrivera-t-il donc, alors ?
- Il arrivera que j’irai trouver le roi, avec qui je suis assez bien ; le roi, à qui j’ai eu le bonheur de rendre quelques services qui datent d’un temps où vous n’étiez pas encore né ; le roi, enfin, qui, sur ma demande, vient de m’envoyer un ordre en blanc pour M. Baisemeaux de Montlezun gouverneur de la Bastille, et que je dirai au roi : « Sire, un homme à insulté lâchement M. de Bragelonne dans la personne de sa mère. J’ai écrit le nom de cet homme sur la lettre de cachet que Votre Majesté a bien voulu me donner, de sorte que M. de Wardes est à la Bastille pour trois ans. »
Et d’Artagnan, tirant de sa poche l’ordre signé du roi, le tendit à de Wardes.
Puis, voyant que le jeune homme n’était pas bien convaincu, et prenait l’avis pour une menace vaine, il haussa les épaules et se dirigea froidement vers la table sur laquelle étaient une écritoire et une plume dont la longueur eût épouvanté le topographe Porthos.
Alors de Wardes vit que la menace était on ne peut plus sérieuse ; la Bastille, à cette époque, était déjà chose effrayante. Il fit un pas vers Raoul, et d’une voix presque inintelligible :
- Monsieur, dit-il, je vous fais les excuses que m’a dictées tout à l’heure M. d’Artagnan, et que force m’est de vous faire.
- Un instant, un instant, monsieur, dit le mousquetaire avec la plus grande tranquillité ; vous vous trompez sur les termes. Je n’ai pas dit : « Et que force m’est de vous faire. » J’ai dit : « Et que ma conscience me porte à vous faire. » Ce mot vaut mieux que l’autre, croyez-moi ; il vaudra d’autant mieux qu’il sera l’expression plus vraie de vos sentiments.
- J’y souscris donc, dit de Wardes ; mais, en vérité messieurs, avouez qu’un coup d’épée au travers du corps, comme on se le donnait autrefois, valait mieux qu’une pareille tyrannie.
- Non, monsieur, répondit Buckingham, car le coup d’épée ne signifie pas, si vous le recevez, que vous avez tort ou raison ; il signifie seulement que vous êtes plus ou moins adroit.
- Monsieur ! s’écria de Wardes.
- Ah ! vous allez dire quelque mauvaise chose, interrompit d’Artagnan coupant la parole à de Wardes, et je vous rends service en vous arrêtant là.
- Est-ce tout, monsieur ? demanda de Wardes.
- Absolument tout, répondit d’Artagnan, et ces messieurs et moi sommes satisfaits de vous.
- Croyez-moi, monsieur, répondit de Wardes, vos conciliations ne sont pas heureuses !
- Et pourquoi cela ?
- Parce que nous allons nous séparer, je le gagerais, M. de Bragelonne et moi, plus ennemis que jamais.
- Vous vous trompez quant à moi, monsieur, répondit Raoul, et je ne conserve pas contre vous un atome de fiel dans le coeur.
Ce dernier coup écrasa de Wardes. Il jeta les yeux autour de lui en homme égaré.
D’Artagnan salua gracieusement les gentilshommes qui avaient bien voulu assister à l’explication, et chacun se retira en lui donnant la main.
Pas une main ne se tendit vers de Wardes.
- Oh ! s’écria le jeune homme succombant à la rage qui lui mangeait le coeur ; oh ! je ne trouverai donc personne sur qui je puisse me venger !
- Si fait, monsieur, car je suis là, moi, dit à son oreille une voix toute chargée de menaces.
De Wardes se retourna et vit le duc de Buckingham qui, resté sans doute dans cette intention, venait de s’approcher de lui.
- Vous, monsieur ! s’écria de Wardes.
- Oui, moi. Je ne suis pas sujet du roi de France, moi, monsieur ; moi, je ne reste pas sur le territoire, puisque je pars pour l’Angleterre. J’ai amassé aussi du désespoir et de la rage, moi. J’ai donc, comme vous, besoin de me venger sur quelqu’un. J’approuve fort les principes de M. d’Artagnan, mais je ne suis pas tenu de les appliquer à vous. Je suis Anglais, et je viens vous proposer à mon tour ce que vous avez inutilement proposé aux autres.
- Monsieur le duc !
- Allons, cher monsieur de Wardes, puisque vous êtes si fort courroucé, prenez-moi pour quintaine. Je serai à Calais dans trente-quatre heures. Venez avec moi, la route nous paraîtra moins longue ensemble que séparés. Nous tirerons l’épée là-bas, sur le sable que couvre la marée, et qui, six heures par jour, est le territoire de la France, mais pendant six autres heures le territoire de Dieu.
- C’est bien, répliqua de Wardes ; j’accepte.
- Pardieu ! dit le duc, si vous me tuez, mon cher monsieur de Wardes, vous me rendrez, je vous en réponds, un signalé service.
- Je ferai ce que je pourrai pour vous être agréable, duc, dit de Wardes.
- Ainsi, c’est convenu, je vous emmène.
- Je serai à vos ordres. Pardieu ! j’avais besoin pour me calmer d’un bon danger, d’un péril mortel.
- Eh bien ! je crois que vous avez trouvé votre affaire. Serviteur, monsieur de Wardes ; demain, au matin, mon valet de chambre vous dira l’heure précise du départ ; nous voyagerons ensemble comme deux bons amis. Je voyage d’ordinaire en homme pressé. Adieu !
Buckingham salua de Wardes et rentra chez le roi.
De Wardes, exaspéré, sortit du Palais-Royal et prit rapidement le chemin de la maison qu’il habitait.

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