Les louves de Machecoul Vous êtes ici : Accueil > Accueil > Bibliothèque
Page précédente | Imprimer

Chapitre LXXVII
Où Courtin est encore une fois désappointé

Si la journée devait sembler longue à Michel, Courtin, de son côté, eut grande peine à en supporter la longueur ; il lui semblait que la nuit n'arriverait jamais, et, bien qu'il eût soigneusement évité de se montrer dans la rue du Marché ni dans aucune des ruelles environnantes, il n'avait pu s'empêcher de promener son impatience dans les environs.

Le soir venu, Courtin, qui n'oubliait pas le rendez-vous de Michel et de Mary, rentra à l'hôtel du Point du Jour.

Il y trouva Michel, qui l'attendait avec impatience.

Dès que le jeune homme aperçut le métayer :

– Courtin, lui dit-il, je suis enchanté de te voir ! J'ai découvert l'homme qui nous a suivis cette nuit.

– Hein ? Vous dites ?... demanda Courtin en faisant, malgré lui, un pas en arrière.

– Je l'ai découvert, je te dis ! répéta le jeune homme.

– Et cet homme, quel est-il ? demanda le métayer.

– Un homme auquel j'avais cru pouvoir me fier et auquel, dans ma position, tu te serais certes fié toi-même : Joseph Picaut.

– Joseph Picaut ! répéta Courtin en faisant l'étonné.

– Oui.

– Et où l'avez-vous donc rencontré ?

– Dans cette auberge, mon cher Courtin, où il est garçon d'écurie... c'est-à-dire où il en joue le rôle.

– Bon ! Et comment vous a-t-il suivis ? Auriez-vous eu l'imprudence de lui confier votre secret ? Ah ! jeune homme, jeune homme ! fit Courtin, comme on a raison de dire que jeunesse et imprudence vont ensemble !... à un ancien galérien !

– C'est justement à cause de cela ! Tu sais bien comment il a été aux galères ?

– Dame, oui : pour vol à main armée, sur les grandes routes.

– Oui, mais dans une époque de troubles... Enfin, la question n'est pas là. Je l'avais chargé d'une mission, voilà le fait.

– Si je vous demandais laquelle, dit Courtin, vous croiriez que c'est la curiosité qui me fait parler ; et cependant, ce serait l'intérêt, pas autre chose.

– Oh ! je n'ai aucune raison de te cacher la mission que j'avais donnée à Picaut. Je l'avais chargé d'aller prévenir le commandant du Jeune-Charles qu'à trois heures du matin je serais à son bord. Eh bien, on n'a revu ni l'homme ni le cheval ! Et, à propos, dit en riant le jeune baron, le cheval, c'était ton bidet, mon pauvre Courtin ; ton bidet, que j'avais pris à la métairie et avec lequel j'étais venu à Nantes !

– Ah ! ah ! fit Courtin, de sorte que Joli-Cœur...

– Joli-Cœur est probablement perdu pour toi !

– Si toutefois il n'a pas regagné l'écurie, dit Courtin, qui, même en face de l'horizon d'or qui s'ouvrait devant lui, n'en donnait pas moins un regret profond aux vingt ou vingt-cinq pistoles que valait sa monture.

– Eh bien, je voulais donc te dire que, si c'est Joseph Picaut qui nous a suivis, il doit être aux aguets dans les environs.

– Pour quoi faire ? demanda Courtin. S'il avait voulu vous livrer, rien n'eût été plus facile que d'envoyer ici les gendarmes et de vous faire prendre par eux.

Michel secoua la tête.

– Comment ! non ?

– Je dis que ce n'est point à moi qu'il en veut, Courtin ; je dis que ce n'est point à cause de moi qu'il nous a épiés hier.

– Pourquoi cela ?

– Parce que ma tête n'est pas mise à assez haut prix pour payer une trahison.

– Mais à qui s'adressait cet espion ? fit le métayer en appelant à son aide toute la naïveté dont il était capable d'empreindre son accent et sa physionomie.

– à un chef vendéen que j'eusse voulu sauver en même temps que moi, répondit Michel, qui s'apercevait du chemin que lui faisait faire son interlocuteur, mais qui n'était pas fâché de le mettre à moitié dans son secret, pour s'en servir à un moment donné.

– Ah ! ah ! fit Courtin, aurait-il donc découvert la retraite de ce chef vendéen ? ça serait un malheur, monsieur Michel !

– Non, il n'a franchi que la première enceinte, heureusement ! mais je crains que, si une seconde fois il s'occupe de nous, il ne soit, cette fois-là, plus heureux que la première.

– Et comment pourrait-il s'occuper de vous ?

– Dame, si ce soir il nous épiait, il verrait bien que j'ai un rendez-vous avec Mary.

– Ah ! mordieu ! vous avez raison.

– Aussi je ne suis pas sans inquiétude, dit Michel.

– Faites une chose.

– Laquelle ?

– Emmenez-moi ce soir avec vous ; si je m'aperçois que vous êtes suivi, un coup de sifflet vous avertira de prendre le large.

– Mais toi ?

Courtin se mit à rire.

– Oh ! moi, je ne risque rien : mes opinions sont connues, Dieu merci, et, en ma qualité de maire, je puis avoir impunément de mauvaises connaissances.

– à quelque chose malheur est bon ! dit Michel en riant à son tour. Mais attends donc ! quelle heure est-ce là ?

– Neuf heures qui sonnent à l'horloge du Bouffai.

– En ce cas, viens, Courtin !

– Alors, vous m'emmenez ?

– Sans doute.

Courtin prit son chapeau, Michel le sien, et tous deux sortirent, et gagnèrent rapidement l'angle où Michel avait rencontré Courtin.

Le métayer avait à sa droite la rue du Marché, à sa gauche la petite ruelle sur laquelle donnait la porte qu'il avait marquée d'une croix.

– Reste là, Courtin, dit Michel ; je vais à l'autre bout de cette ruelle ; je ne sais encore de quel côté viendra Mary : si elle vient de ton côté, achemine-la vers moi ; si elle vient de mon côté, rapproche-toi, afin de nous porter main-forte en cas de besoin.

– Soyez donc tranquille ! dit Courtin.

Et il s'installa à son poste.

Courtin était au comble de la joie ; son plan avait complètement réussi ; d'une façon ou de l'autre, il allait être mis en contact avec Mary ; Mary, il le savait, était la confidente intime de Petit-Pierre ; il suivrait Mary lorsqu'elle quitterait Michel, et il ne faisait aucun doute que la jeune fille, n'ayant aucun soupçon d'être suivie, ne dénonçât elle-même la retraite de la princesse en la rejoignant.

Neuf heures et demie, sonnant à toutes les horloges de Nantes, surprirent Courtin au milieu de ces réflexions.

à peine la vibration métallique s'éteignait-elle dans l'air, que Courtin entendit un pas léger venir de son côté ; il alla au-devant de ce pas, et dans une jeune paysanne enveloppée d'une mante et portant à la main un petit paquet enveloppé d'un mouchoir, il reconnut Mary.

La jeune fille, en voyant un homme qui semblait garder la rue, hésita à avancer.

Courtin marcha droit à elle, et se fit reconnaître.

– C'est bien, c'est bien, mademoiselle Mary, dit-il en réponse aux manifestations, joyeuses de la jeune fille ; mais ce n'est pas moi que vous cherchez, n'est-ce pas ? c'est M. le baron. Eh bien, il est là-bas, il vous attend.

Et il désigna du doigt l'autre bout de la ruelle.

La jeune fille le remercia de la tête et hâta le pas dans la direction que lui indiquait Courtin.

Quant à celui-ci, convaincu que la conférence serait longue, il s'assit philosophiquement sur une borne.

Seulement, de cette borne, il pouvait voir les deux jeunes gens, tout en songeant à sa fortune future, qui lui paraissait en si bon chemin.

En effet, par Mary, il tenait un bout du fil du labyrinthe, et il espérait bien que, cette fois, le fil ne casserait pas.

Mais il n'eut pas le temps d'échafauder de grands rêves sur les nuages d'or de son imagination : les jeunes gens ne firent qu'échanger quelques paroles et revinrent dans sa direction.

Ils passèrent devant lui ; le jeune baron donnait joyeusement le bras à sa fiancée et tenait à la main le petit paquet que le métayer avait vu dans celle de Mary.

Michel lui fit un signe de tête.

– Oh ! oh ! se dit le métayer, est-ce que ce ne serait pas plus difficile que cela ? En vérité il n'y aurait pas de mérite.

Mais, comme cette promptitude faisait merveilleusement son affaire, il ne se fit pas prier pour obéir au signe de Michel, et se mit à marcher à une très petite distance des deux amants.

Bientôt, cependant, une certaine inquiétude s'empara du digne métayer.

Au lieu de remonter vers le haut de la ville, où Courtin sentait instinctivement que devait être la cachette, les deux jeunes gens descendaient vers la rivière.

Le métayer suivait tous leurs mouvements avec une profonde inquiétude ; mais bientôt il supposa que Mary avait quelque course à faire de ce côté, et que Michel l'accompagnait dans cette course.

Cependant, son inquiétude devint plus vive, lorsque, en débouchant sur le quai, il vit les deux jeunes gens prendre la direction de l'hôtel du Point du Jour, puis, arrivés à l'hôtel du Point du Jour, entrer hardiment par la porte cochère.

à cette vue, il ne put se contenir et rejoignit le jeune baron au pas de course.

– Ah ! te voilà... Tu arrives bien ! dit Michel en l'apercevant.

– Qu'y a-t-il donc ? demanda le métayer.

– Courtin, mon ami, répondit le jeune homme, il y a que je suis l'homme le plus heureux de la terre !

– Comment cela ?

– Vite, vite, aide-moi à seller deux chevaux !

– Deux chevaux ?

– Oui.

– Et Mademoiselle, vous ne la reconduisez donc pas ?

– Non, Courtin, je l'emmène.

– Où cela ?

– à la Banlœuvre, où nous aviserons sur ce que nous avons à faire pour fuir tous ensemble.

– Et mademoiselle Mary abandonne comme cela ?...

Courtin s'arrêta court ; il comprit qu'il allait se trahir.

Mais Michel était trop heureux pour être défiant.

– Mademoiselle Mary n'abandonne personne, mon cher Courtin : nous envoyons Bertha à sa place. Tu comprends que ce n'est pas moi qui peux me charger de dire à Bertha que je ne l'aime pas !

– Bon ! Et qui le lui dira ?

– Ne t'en inquiète pas, Courtin : quelqu'un s'en charge. Vite, vite, sellons deux chevaux !

– Vous avez donc des chevaux ici ?

– Non, je n'ai pas personnellement de chevaux ici ; mais, comprends-tu, il y a des chevaux à la disposition de ceux qui, comme nous, voyagent pour les besoins de la cause.

Et Michel poussa Courtin dans l'écurie.

Deux chevaux, effectivement, comme s'ils eussent été préparés à l'intention des deux jeunes gens, mangeaient l'avoine à l'écurie.

Au moment où Michel mettait la selle sur le dos de l'un d'eux, le maître de l'hôtel descendit, conduit par Mary.

– Je viens du Sud et je vais à Rosny, lui dit Michel en sellant son cheval, tandis que Courtin en faisait autant, mais plus lentement, de l'autre.

Courtin entendit le mot d'ordre, mais n'y comprit rien.

– C'est bien, se contenta de répondre le maître d'hôtel en faisant de la tête un signe d'intelligence.

Et, comme Courtin était en retard, il l'aida à rejoindre Michel.

– Mais, monsieur, dit Courtin tentant un nouvel effort, pourquoi aller à la Banlœuvre et non pas à la Logerie ? Il me semble que vous n'y avez pas été si mal, à la Logerie.

Michel interrogea Mary du regard.

– Oh ! non, non, non, dit celle-ci. Songez, mon ami, que c'est là que Bertha va revenir tout droit, afin d'avoir de nos nouvelles, afin de savoir pourquoi le navire n'était pas à l'endroit convenu, et je ne veux pas la voir avant que la personne que vous savez l'ait vue, lui ait parlé ; il me semble que je mourrais de honte et de douleur en me retrouvant en face d'elle.

à ce nom de Bertha, prononcé pour la seconde fois, Courtin avait relevé la tête comme un cheval au bruit de la trompette.

– Oui ; mademoiselle a raison, dit-il, n'allez pas à la Logerie.

– Seulement, voyons, Mary... dit Michel.

– Quoi ? demanda la jeune fille.

– Qui remettra à notre sœur la lettre qui l'appelle à Nantes ?

– Bon ! dit Courtin, ce ne sera pas difficile de trouver un messager ; et, s'il n'y a que cela qui vous embarrasse, monsieur Michel, je m'en charge.

Michel hésitait ; mais, comme Mary, il redoutait d'être témoin des premiers emportements de Bertha.

Il consulta de nouveau la jeune fille du regard.

Celle-ci répondit par un signe affirmatif.

– Alors, à la Banlœuvre ! dit Michel en remettant la lettre à Courtin. Si tu as quelque chose à nous faire dire, Courtin, c'est là que tu nous trouveras.

– Ah ! pauvre Bertha ! pauvre Bertha ! dit Mary en s'élançant sur son cheval, jamais je ne me consolerai de mon bonheur !

Michel, de son côté, venait de sauter sur le sien. Les deux jeunes gens étaient en selle ; ils saluèrent de la main le maître de l'hôtel ; Michel recommanda une dernière fois sa lettre à Courtin, et tous deux s'élancèrent hors de l'hôtel du Point du Jour.

à l'extrémité du pont Rousseau, ils faillirent renverser un homme qui, malgré la chaleur de la saison, était enveloppé d'une espèce de manteau dont il se cachait le visage.

Cette sombre apparition épouvanta Michel, qui pressa l'allure de son cheval en disant à Mary d'en faire autant.

Michel se retourna au bout d'une centaine de pas ; l'homme s'était arrêté, et, visible malgré l'obscurité, les suivait des yeux.

– Il nous regarde ! il nous regarde ! dit Michel, qui sentait instinctivement qu'il venait de passer près d'un danger.

L'homme les perdit de vue et continua sa route du côté de Nantes.

à la porte de l'hôtel du Point du Jour, il s'arrêta, chercha quelqu'un du regard et vit un homme qui lisait une lettre dans l'écurie, à la lueur du fanal.

Il s'approcha de cet homme, qui, au bruit qu'il fit, retourna la tête.

– Ah ! c'est vous ! dit Courtin. Par ma foi, vous avez failli arriver trop tôt ; vous m'auriez trouvé dans une compagnie qui ne vous aurait pas convenu.

– Qu'est-ce que ces deux jeunes gens qui ont failli me renverser à l'extrémité du pont ?

– C'est justement la compagnie dans laquelle j'étais.

– Eh bien, qu'y a-t-il de nouveau ?

– Du bon et du mauvais, mais plus de bon que de mauvais cependant.

– Est-ce pour ce soir ?

– Non, pas encore ; c'est partie remise.

– Vous voulez dire partie manquée. Maladroit !

Courtin sourit.

– C'est vrai, dit-il, depuis hier, je joue de malheur ! Mais, bah ! contentons-nous de marcher sans avoir la prétention de courir. Quelque infructueuse que soit, au point de vue du résultat immédiat, ma journée d'aujourd'hui, c'est encore une journée que je ne donnerais pas pour vingt mille livres.

– Ah ! ah ! vous en êtes bien sûr ?

– Oui, et la preuve, c'est que je tiens déjà quelque chose.

– Quoi ?

– Ceci, dit Courtin en montrant le billet qu'il venait de décacheter et de lire.

– Un billet ?

– Un billet.

– Et que contient ce billet ? dit l'homme au manteau en étendant la main pour le prendre.

– Un instant... Nous allons le lire ensemble ; mais c'est moi qui le garde, attendu que c'est moi qui suis chargé de le remettre.

– Voyons, dit l'homme.

Tous deux se rapprochèrent du fanal et lurent ensemble :

Venez me rejoindre aussi vite que possible. Vous connaissez les mots de passe.

Votre affectionné,

Petit-Pierre.

– à qui cette lettre est-elle adressée ?

– à mademoiselle Bertha de Souday.

– Son nom n'est ni sur l'enveloppe ni au bas de la lettre.

– Parce qu'une lettre peut se perdre.

– Et c'est vous qui êtes chargé de remettre cette lettre ?

– Oui.

L'homme jeta un second regard sur la lettre.

– C'est bien son écriture, dit-il. Ah ! si vous m'aviez laissé vous accompagner, nous la tiendrions à cette heure.

– Que vous importe, pourvu qu'on vous la livre ?

– Oui, vous avez raison. Quand vous reverrai-je ?

– Après-demain.

– Ici ou dans la campagne ?

– à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu ; c'est à moitié chemin de Nantes et de ma demeure.

– Et cette fois, je ne me dérangerai pas pour rien ?

– Je vous le promets.

– Tâchez d'être de parole ; je le suis, moi, et voici l'argent, que je tiens prêt et qui ne vous fera pas attendre.

En achevant ces paroles, l'homme ouvrit son portefeuille et montra complaisamment au métayer une liasse de billets de banque qui pouvait atteindre à une centaine de mille francs.

– Ah ! dit celui-ci, du papier ?

– Sans doute, du papier, mais signé Garat ; c'est une bonne signature.

– N'importe ! dit Courtin, j'aime mieux l'or.

– Eh bien, on vous payera en or, dit l'homme au manteau en remettant le portefeuille dans sa poche et en croisant son manteau sur son habit.

Si les interlocuteurs n'eussent pas été si préoccupés par leur conversation, ils se fussent aperçus que, depuis deux ou trois minutes, un paysan qui, à l'aide d'une charrette, était, de la rue, grimpé sur le mur, les écoutait, et que, de son poste, il regardait les billets de banque d'un air qui, certes, voulait dire qu'à la place de Courtin il n'eût pas été si dégoûté que lui, et se fût parfaitement contenté de la signature Garat.

– Ainsi donc, à après-demain, à Saint-Philbert, répéta l'homme au manteau.

– à après-demain.

– à quelle heure ?

– Dame, vers le soir.

– Prenons sept heures. Le premier venu attendra l'autre.

– Et vous apporterez l'argent ?

– Non, mais l'or.

– Vous avez raison.

– Vous espérez donc que nous terminerons après-demain ?

– Dame, espérons toujours ; cela ne coûte rien d'espérer !

– Après-demain, à sept heures, à Saint-Philbert, dit le paysan en se laissant glisser du mur dans la rue. On y sera.

Puis il ajouta avec un rire qui ressemblait fort à un grincement de dents :

– Puisque l'on est marqué, il faut bien que l'on gagne sa marque.

Chapitre précédent | Chapitre suivant

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
Haut de page
Page précédente