Scène 7
SCENE VII
Monaldeschi, Paula.
Monaldeschi.
Paula !... Rêvé-je donc ?... Paula, que faites-vous
Ici ?
Paula.
J'attends qu'on parte.
Monaldeschi.
Et tu pars avec nous ?
Paula.
Oui.
Monaldeschi.
Tu pars ?
Paula.
Oui.
Monaldeschi.
Tu pars, dis-tu ?
Paula.
Je pars, te dis-je.
T'accompagner en France, est-ce donc un prodige ?
Monaldeschi.
Par ordre de la reine, avec elle, Paula,
Ses gens seuls partiront.
Paula.
Eh bien donc, me voilà !
Puisqu'il faut qu'à quelqu'un toujours je m'asservisse,
D'aujourd'hui, pour le sien, j'ai quitté ton service ;
Voilà tout. – Ah ! tu crois qu'on peut impunément
Trahir qui nous a cru sur la foi du serment ;
Qu'à sa suite l'on peut traîner la jeune fille
Qui pour nous a perdu pays, honneur, famille,
La livrer au mépris de ce monde insultant,
Et qu'elle s'en ira, quand on dira : « Va-t'en ? »
Oh ! que non pas ! – Je suis l'ombre de ta maîtresse ;
Comme un remords vivant, devant toi je me dresse.
Marquis, tu m'as fait prendre un chemin hasardeux ;
Mais, quelque part qu'il mène, il nous mène tous deux ;
Quelque part que tes yeux se détournent, mon ombre
Toujours à l'horizon passera triste et sombre,
Et, sur la tombe ouverte au bout de ton chemin,
Tu me retrouveras pour te donner la main.
C'est bien : de ton stylet tourmente la poignée ;
Mais, lorsque par la mort tu m'auras éloignée,
Tes soins seront sanglants et seront superflus.
Tu me sentiras là, quoique je n'y sois plus ;
Et mieux vaut voir sortir, crois-moi, quand la nuit tombe,
Un poignard du fourreau qu'un spectre d'une tombe.
Tu pensais que mon coeur, comprimé par l'effroi,
N'oserait éclater ?...
Monaldeschi, apercevant Sentinelli qui entre.
Sentinelli ! – Tais-toi.
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