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Scène 5

                              SCENE V
Christine, puis Monaldeschi.
                    
                              Christine, ouvrant le portefeuille.
Rome, Paris, Berlin, Stockholm et Londres.
          Cherchant la signature.
Stockholm d'abord. – Terlon. « De tout je puis répondre.
Notre complot promet des succès assurés ;
On n'attend plus que vous, et, quand vous le voudrez,
Tout éclatera. » – Bien ! je suis donc à l'aurore
De mon règne nouveau.
          Apercevant une autre lettre.
                              Comment, Stockholm encore !
          Regardant l'adresse.
C'est pour Sentinelli. Ces armes, ce cachet,
Sont ceux de la Gardie. Eh ! mais on me cachait
Qu'avec cet ennemi qu'exila ma vengeance
Sentinelli jamais eut quelque intelligence ;
Que peuvent-ils s'écrire ? Eh bien, on le saura.
Ce courrier sous mes yeux seulement s'ouvrira ;
Moi-même, je le veux remettre à son adresse.
On vient.
Cachant la lettre adressée à Sentinelli et donnant à Monaldeschi la lettre de Terlon.
          C'est vous ?... Lisez, ceci vous intéresse,
Marquis ; car je connais votre amitié pour nous.

                              Monaldeschi, après avoir lu.
Cet espoir qu'il vous donne à mon coeur est bien doux.
Et pourtant qui me dit qu'une fois sur le trône,
Au milieu des honneurs dont l'orgueil l'environne,
Vous daignerez encore ?...

                              Christine.
                              Marquis, sur notre foi
Reposez-vous.

                              Monaldeschi.
          Madame, il n'est rien là pour moi ?

                              Christine.
Non, rien ; voyez plutôt. Rome : c'est du Saint-Père,
Lisez et répondez. Dites-lui que j'espère
Qu'il accomplit en paix sa sainte mission ;
Et demandez pour moi sa bénédiction.

                              Monaldeschi, écrivant.
Oui, madame.

                              Christine, continuant d'ouvrir ses lettres.
                    De Louis ! Lisons. Il nous invite
A nous rendre à Paris : nous lui ferons visite.
Mais notre départ presse, et nous empêchera
D'assister au ballet où le roi dansera.
Berlin : c'est de Leibnitz ; encore quelque problème ;
Nous y réfléchirons et répondrons nous-même.
Londres : John Milton. Ah ! c'est ce savant docteur,
Secrétaire-greffier de milord protecteur.
De mes nouveaux projets déguisant le mystère,
Je voudrais maintenant visiter l'Angleterre.
Me le permettra-t-on ? Il faudrait à Cromwell
Envoyer un présent, mais je ne sais lequel.
Ecrivons-lui toujours, je crains sa politique.
C'est trop d'être à la fois et reine et catholique :
Je l'entends m'opposer ou mon culte ou mon rang ;
Mais j'ai besoin de lui, son pouvoir est si grand !
Populaire tyran d'un peuple qu'il dit libre,
Il maintient par son poids l'Europe en équilibre,
Et jette aux souverains, immobiles d'effroi,
Comme un défi de mort, une tête de roi.
Il sait faire, de Charles essayant la couronne,
Du trône un échafaud, de l'échafaud un trône ;
Et, pour qu'un même objet puisse servir toujours,
Il change seulement la couleur du velours.

                              Monaldeschi, apportant à Christine la lettre qu'il vient d'écrire.
Madame, j'ai fini. Je ne sais si le style
Vous conviendra : jugez.
          
                              Christine, signant sans lire.
                              Non, non ! c'est inutile.
J'ai dans mon cabinet laissé mon sceau royal.

                              Monaldeschi.
Vous l'aurez à l'instant.

                              Christine.
                              Merci, notre féal !

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