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Scène 1

                              Epilogue
                              19 avril 1689

                              Une chambre du palais Azzolini.

                              SCENE PREMIERE

Christine, couchée sur une chaise longue, ayant près d'elle une table, dos papiers, une lampe, et achevant d'écrire ; Borri, son médecin, derrière elle.

                              Christine.
Sur le seuil de la tombe, avant que d'y descendre,
Je signe de mes noms de Christine-Alessandre
Cette confession que je dédie à Dieu.
Rome, dix-neuf avril. – C'est mon dernier adieu
Au monde, qui bientôt va devenir mon juge ;
Je ne l'ai point trompé par un vain subterfuge :
J'ai tout dit, – tout est la, le mal avec le bien.
Qu'importe, à qui bientôt ne doit plus être rien,
Ce que dira de lui la terre qui s'efface ?
Comme Moïse, à Dieu j'ai parlé face à face ;
Par sa force mon coeur n'a point été trahi,
Car le trône pour moi fut un mont Sinaï.
Et, quand la voix de Dieu grondait comme la foudre,
Mon peuple était en bas prosterné dans la poudre,
          A Borri.
Attendant... – Approchez. On a fait bien du bruit,
Borri, dans ce palais pendant toute la nuit.
Qu'était-ce donc ?...

                              Borri.
                    Madame, une grande nouvelle,
Importante pour vous, pour Rome...

                              Christine.
                                        Quelle est-elle ?...

                              Borri.
Le roi Charles-Gustave est mourant...

                              Christine.
                                                  Que le ciel
Fasse descendre un ange à son chevet mortel ?

                              Borri.
La Suède se souvient d'un temps qui fut prospère,
Et réclame Christine.

                              Christine.

                              Il est trop tard, mon père,
Vous le savez bien, vous... Et son fils ?
                              
                              Borri.
                                                  Sans espoir
On le voit... Il est faible, et l'on semble prévoir,
Le jour ou, rejoignant le père qui succombe,
L'enfant ira dormir dans sa royale tombe.


                              Christine.
Mon Dieu, vous le savez, par deux fois j'ai tenté
De reprendre un pouvoir imprudemment quitté ;
Aujourd'hui, le royaume où mon espoir se fonde,
Mon Dieu, vient de vous seul, et n'est pas de ce monde.
Les noms des messagers vous sont-ils parvenus ?

                              Borri.
Ce sont les fils de ceux que vous avez connus,
Oxenstiern, de Brahé... Vous pâlissez, ma fille !

                              Christine.
Oui, je me sens plus mal, et chaque objet vacille ;
Tout mon sang vers mon coeur semble se retirer.

                              Borri, faisant un mouvement pour sortir.
Alors, les messagers royaux...

                              Christine, le retenant.
                              Faites entrer.
                              Borri.
Ma fille, en ce moment, vous feriez mieux peut-être
De penser au Seigneur, notre souverain maître.

                              Christine.
J'aurai bientôt fini.

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