Le Caucase Vous êtes ici : Accueil > Accueil > Bibliothèque
Page précédente | Imprimer

Chapitre XIX
Oline Nesterzof

Avec le jour nous fûmes sur pied. Ne soyons cependant pas ingrats envers les lits du gouverneur de Derbend, et constatons que, pour la troisième fois, à Derbend nous couchâmes sur quelque chose qui ressemblait à un matelas, et dans des serviettes qui ressemblaient à des draps.
L'hospitalité russe avait devancé notre réveil : une calèche, probablement attelée dès la veille au soir, nous attendait à la porte.
Il faut répéter à chaque instant, et on ne le répétera jamais assez, que nul peuple ne comprend comme le peuple russe toutes les délicatesses de l'hospitalité.
Outre ses rues secondaires, Derbend, comme les églises latines, est coupée en croix par deux grandes artères, l'une longitudinale, l'autre transversale.
L'artère longitudinale va de la mer à la ville persane et tatare. Seulement, elle est forcée de s'arrêter au bazar, les difficultés du terrain l'empêchent de monter plus haut.
L'artère transversale va de la porte du Midi à la porte du Nord, ou, si l'on aime mieux cette seconde désignation, de la porte du Lion à la porte de la Fontaine.
Les deux côtés de la rue ascendante sont garnis de boutiques, presque toutes de chaudronniers et de forgerons ; au fond de chacune de ces boutiques est creusée une niche, et dans cette niche, avec l'immobile gravité qui caractérise son espèce, est perché un épervier.
Grâce à cet épervier, chaque jour de fête ou de repos, le forgeron ou le chaudronnier se donne, comme un grand seigneur, la satisfaction d'une chasse aux alouettes ou aux petits oiseaux.
Après avoir visité le bazar, nous gagnâmes la mosquée ; le moullah nous attendait pour nous la faire visiter ; je voulais, selon l'usage oriental, ôter mes bottes ; mais il ne le permit point : on se contenta de relever les tapis sacrés, et de nous faire marcher sur le carreau.
En sortant de la mosquée, une espèce de cippe funéraire frappa ma vue ; je demandai ce que c'était : il me semblait que cette colonne devait se rattacher à quelque légende.
Je ne me trompais pas, ou plutôt, je me trompais : ce n'était pas une légende, c'était une histoire.
Il y a à peu près cent trente ans, lorsque Derbend, ville persane, était sous la domination de Nadir-Schah, les habitants se révoltèrent contre un gouverneur très doux et très pacifique que le hasard leur avait donné et le chassèrent de leurs murs.
Nadir-Schah n'était pas homme à se laisser fermer, à lui, maître de l'Asie, la porte de l'Europe ; il envoya, pour remplacer le gouverneur pacifique, le plus féroce de ses favoris, en lui recommandant de reprendre la ville à quelque prix que ce fût, lui laissant le choix de la vengeance qu'il devait tirer des habitants.
Le nouveau khan s'achemina vers Derbend, força les portes et reprit la ville.
Le lendemain de sa rentrée en possession, le khan donna l'ordre à tous les fidèles de se rendre à la mosquée.
Les bons musulmans s'y rendirent ; les mauvais restèrent chez eux.
A chacun de ceux qui se rendirent à son ordre, le khan fit, à leur entrée dans la mosquée, arracher un oeil.
Quant à ceux qui étaient restés à la maison, on leur arracha les deux yeux.
On pesa les yeux de tous ces borgnes et de tous ces aveugles : il y en avait, mesure persane, sept batmans ; mesure russe, trois pouds et demi ; mesure française, cent dix livres.
Tous ces yeux sont enterrés sous la colonne qui s'élève en face de la porte, entre les deux platanes.
J'étais en train d'écouter cette histoire, qui ressemblait assez à un conte de la sultane Schéhérazade, lorsque je vis s'avancer vers moi une troupe d'une vingtaine de Persans conduits par un vingt et unième, qui paraissait leur chef.
J'étais loin de me croire l'objet de leurs recherches ; mais, au bout d'un instant, il ne me fut plus permis de conserver aucun doute à ce sujet.
C'était bien à moi qu'ils en voulaient.
« Qu'est-ce que cela, mon cher prince ? demandai-je à Bagration.
- Mais, me répondit-il, cela m'a tout l'air d'une députation.
- Croyez-vous qu'on ne vienne pas pour m'arracher un oeil ? Je ne tiens pas du tout à être roi du royaume des aveugles.
- Je ne crois pas que vous ayez rien à craindre de pareil ; d'ailleurs, nous serions là pour vous défendre. On n'arrache pas comme cela les yeux à un membre honoraire du régiment des montagnards indigènes. En tout cas, je connais le chef de la députation ; c'est un très brave homme, fils de celui qui a présenté tes clefs de la ville à l'empereur de Russie, et que l'on nomme Kavous-Beg-Ali-Ben. Je vais m'informer à lui de ce qu'il vous veut. »
Il alla à Kavous-Beg-Ali-Ben, et lui demanda ce qu'il voulait.
« C'est bien simple, me dit-il en revenant, ce brave homme, qui parle russe, a lu vos livres traduits en russe ; il les a racontés à ses compagnons, – vous savez comme les Persans sont conteurs – et les gens que vous voyez là sont autant d'admirateurs des Mousquetaires, de la Reine Margot et de Monte Cristo.
- Ecoutez, mon cher prince, dis-je, je ne suis pas venu de Paris à Derbend pour qu'on me fasse poser, dites-moi franchement ce que me veulent ces gens !
- Je vous l'ai dit, parole d'honneur ! N'ayez pas l'air d'en douter ; vous leur feriez beaucoup de peine. Les voilà, prenez un air grave et écoutez. »
En effet, le chef de la députation s'approcha de moi, posa la main sur son coeur, et me tint le discours suivant en idiome moscovite :

« Illustre voyageur !... »

On me traduisit cet exorde ; je m'inclinai le plus gravement que je pus. Kavous-Beg reprit :

« Illustre voyageur ! Votre nom nous est bien connu par vos oeuvres, traduites en russe. Depuis longtemps, les journaux avaient annoncé l'honneur que vous voulez bien nous faire en venant visiter notre ville ; depuis longtemps, nous vous attendions. Nous vous voyons maintenant, et nous en sommes heureux. Que Votre Excellence nous permette donc de lui exprimer la joie et la reconnaissance de la population persane de Derbend ; et qu'elle nous permette encore d'espérer quelle n'oubliera pas notre ville, comme aucun de ses habitants n'oubliera le jour de votre arrivée chez eux. »

Je m'inclinai.
« Recevez, dis-je à l'orateur, les remerciements bien sincères d'un homme qui a eu toute sa vie l'ambition de devenir l'émule de Saadi, sans jamais avoir eu l'espoir de devenir son rival. »
Le prince lui traduisit ma réponse, comme il m'avait traduit son discours ; il la répéta à tous ses compagnons, qui parurent on ne peut plus satisfaits.
« Maintenant, me dit le prince, je crois que vous ferez bien de l'inviter à dîner.
- Vous croyez que la plaisanterie n'a pas duré assez longtemps comme cela ?
- Mais je vous jure que ce n'est pas une plaisanterie.
- Et où voulez-vous que je l'invite à dîner, au Café de Paris ?
- Mais non, chez vous.
- Mais je ne suis pas chez moi : je suis chez le général Acceief, gouverneur de Derbend.
- Vous êtes chez vous. Ecoutez ceci et tenez-vous-le pour dit : au Caucase et par tout le Caucase, vous pourrez entrer dans la première maison venue, en disant : « Je suis étranger et viens vous demander l'hospitalité. » L'homme à qui vous ferez cette faveur vous abandonnera sa maison, se retirera, lui et sa famille, dans la plus petite chambre, veillera chaque jour à ce que vous ne manquiez de rien, et quand, au bout de huit jours, quinze jours, un mois que vous serez resté chez lui, vous quitterez sa maison, il vous attendra au seuil pour vous dire : « Prolongez d'un jour l'honneur que vous me faites, et ne partez que demain. »
- Alors, invitez-le de ma part, mon cher prince, mais à une condition.
- Laquelle ?
- C'est qu'il me donnera son discours en persan, afin que je le fasse encadrer.
- C'est bien de l'honneur pour lui ! Il vous l'apportera en venant dîner. »
Et le prince transmit mon invitation à Kavous-Beg-Ali-Ben, qui me promit de venir dîner et d'apporter son discours.
Pendant que tout cela se passait, on avait amené quatre chevaux.
« Qu'est-ce encore ? demandai-je à Bagration ; est-ce que les chevaux, par hasard, seraient des chevaux savants et auraient lu mes oeuvres ?
- Non ! Ce sont tout simplement quatre chevaux qu'on nous amène pour monter à la citadelle, où nous ne pouvons pas aller en voiture.
- Est-ce que nous ne pouvons pas y aller à pied ?
- Si vous voulez laisser vos bottes dans la boue, et, après vos bottes, vos chaussettes, oui. Mais, si vous tenez à y arriver de façon à présenter vos compliments au gouverneur de la citadelle, à sa femme et à sa fille, qui vous attendent à déjeuner, montez à cheval.
- Comment ! le gouverneur m'attend à déjeuner ?
- Du moins, il me l'a fait dire. Mais, après tout, si cela vous ennuie, vous êtes libre de refuser.
- Je n'aurais garde !... Etes-vous sûr que tous ces gens-là ne me prennent pas pour un descendant d'Alexandre le Grand, qui, selon eux, a bâti leur ville ?
- Mieux que cela ; ils vous prennent pour Alexandre le Grand lui-même, vainqueur d'Arbelles ! Voici Bucéphale. Montez ! »
J'enjambai Bucéphale, et, priant Bagration de faire tête de colonne, je marchai après lui.
Nous arrivâmes à la forteresse.
Il faut croire que le digne colonel avait suivi nos mouvements avec une lunette d'approche. Il m'attendait à la porte avec son adjudant.
Après les premiers compliments échangés, je lui demandai la permission de me retourner.
J'avais la ville à l'envers de la façon dont je l'avais vue la veille, et je n'étais pas fâché de la connaître de ce côté-là.
Au lieu de monter au sommet de la montagne, Derbend, cette fois, descendait, à la mer sur une largeur d'un kilomètre et sur une longueur de trois. D'où nous étions, on n'apercevait que des toits de maisons coupés par des rues ; puis, dans la totalité de la ville, deux massifs de verdure seulement.
L'un était le jardin public.
L'autre, les platanes de la mosquée, à l'ombre desquels sont enterrés les yeux des habitants de Derbend.
Moynet fit de la ville un dessin microscopique, qu'il compte bien refaire sur une échelle dix fois plus grande. J'ai rarement vu quelque chose de plus majestueux que le tableau que j'avais sous les yeux.
Bagration me fit observer que, selon toute probabilité, le déjeuner refroidissait, et qu'il lui paraissait convenable de faire notre entrée.
Nous trouvâmes toute une famille charmante qui nous attendait : femme, fille, soeur, tout cela parlait français.
Au bord de la mer Caspienne, comprenez-vous cela ? C'était merveilleux !
Pendant le déjeuner, le gouverneur raconta que Bestuchef-Marlinsky avait logé à la citadelle à son retour de la Sibérie.
« Et vous savez, ajouta la femme du gouverneur, Oline Nesterzof est enterrée à cinq cents pas d'ici.
- Non, répondis-je, je ne sais pas. »
Je savais parfaitement ce que c'était que Bestuchef.
Bestuchef-Marlinsky était le frère du Bestuchef qui fut pendu à la forteresse de Saint-Pétersbourg avec Pestel, Kakovsky, Ryleyef et Mouravief pour le complot du 14 décembre.
Décembriste comme son frère, Bestuchef avait comme lui été condamné à mort ; mais l'empereur Nicolas lui fit grâce de la peine capitale, et l'envoya aux mines de Sibérie. Deux ans après, il eut la permission de revenir comme soldat faire la guerre de Perse. Ce fut alors qu'il logea à la citadelle : il avait reconquis le grade d'enseigne.
J'avais beaucoup parlé de lui à Nijni-Novgorod, avec Anninkof et sa femme, les deux héros de mon roman du Maître d'armes, exilés de décembre tous deux, qui, après trente ans de Sibérie, venaient de rentrer en Russie. La comtesse Anninkof, notre compatriote Pauline Xavier, m'avait montré une croix et un bracelet que Bestuchef lui avait forgés avec un morceau des fers de son mari.
Ces deux bijoux, – car, sous les mains de l'habile forgeron, un anneau de chaîne s'était transformé en deux véritables bijoux, – ces deux bijoux étaient le symbole naturel de la poésie, qui transforme tout ce qu'elle touche.
Je connaissais donc Bestuchef-Marlinsky, comme décembriste, comme exilé, comme orfèvre, comme poète et comme romancier.
Mais, je le répète, tout cela ne m'apprenait pas ce que c'était que cette Oline Nesterzof, dont la tombe était à cinq cents pas de la forteresse.
Je demandai des renseignements.
« Nous vous montrerons d'abord sa tombe, me dit la femme du gouverneur, et ensuite nous vous raconterons son histoire. »
A partir de ce moment, j'eus grande hâte que le déjeuner finît. J'aime fort les bons déjeuners ; mais j'aime encore mieux les bonnes histoires, et, si j'eusse vécu du temps de Scarron et que j'eusse été de ses dîners, le plat que j'eusse préféré, c'est le rôti servi par sa femme.
Le déjeuner fini, ces dames voulurent nous accompagner jusqu'au cimetière chrétien.
Nous gravîmes encore une centaine de pieds, à peu près, pour sortir de la forteresse, et nous nous trouvâmes sur un plateau dominant d'un côté un immense ravin, de l'autre côté, formant, au contraire, la pente ascendante de la montagne.
De ce côté, les murailles de la citadelle sont criblées de balles ; bloquée en 1831 par Kasi-Moullah, elle résista, mais eut énormément à souffrir du voisinage d'une tour prise par les montagnards.
Aussi, la tour est-elle rasée aujourd'hui, pour que pareil accident ne se renouvelle pas.
Cette tour faisait partie du système de fortifications qui relie cette première citadelle à une seconde ; elle se rattachait, en outre, à cette fameuse muraille, rivale de celle de la Chine et qui, au dire de certains historiens, s'étendait de Derbend à Taman, traversait tout le Caucase, et séparait l'Europe de l'Asie.
Mais ce qui m'occupait dans ce moment-là, ce n'était point cette muraille, si antique, si étendue, si discutée qu'elle soit : c'était la tombe d'Oline Nesterzof.
Nous nous acheminâmes vers cette tombe en tournant à gauche, à notre sortie de la porte des montagnes.
Un peu à part d'un petit cimetière qui domine la mer Caspienne, s'élève une tombe d'une forme très simple.
D'un côté, elle porte cette inscription :

                    Ici repose le corps
                    de Mademoiselle Oline Nesterzov
                    née en 1814, morte en 1833.

De l'autre côté, une rose est sculptée ; cette rose est brisée, effeuillée, anéantie par la foudre.
Au-dessous est écrit le mot russe sondba fatalité.
Voici l'histoire de la pauvre enfant, ou, du moins, voici ce que l'on raconte :
Elle était la maîtresse de Bestuchef. Depuis un an, ils vivaient heureux sans que rien eût encore troublé leur union.
Dans un repas prolongé outre mesure, et dont les convives étaient Bestuchef et trois de ses amis, la conversation tomba sur la pauvre Oline.
Sûr d'elle, Bestuchef vanta fort sa fidélité.
Un des quatre convives offrit de parier qu'il ferait manquer la jeune fille à cette fidélité dont Bestuchef était si fier. Bestuchef accepta le pari. La chose dont l'homme heureux semble le plus las est toujours son bonheur.
Oline, dit-on, succomba ; on donna à Bestuchef la preuve de cette défaite.
Le lendemain, la jeune fille entra dans la chambre du poète. Ce qui se passa, nul ne le sait.
On entendit un coup de feu, puis un cri ; puis, enfin, on vit sortir Bestuchef, pâle et effaré.
On entra dans sa chambre.
Oline gisait à terre, mourante, ensanglantée : une balle lui avait traversé la poitrine.
Un pistolet déchargé était près d'elle.
La mourante pouvait encore parler ; elle envoya chercher un prêtre. Deux heures après, elle était morte. Le prêtre affirma sous serment qu'Oline Nesterzof lui avait raconté qu'au moment où elle voulait arracher un pistolet des mains de Bestuchef, le pistolet était parti par accident.
Elle avait reçu le coup, et elle mourait en pardonnant à Bestuchef ce meurtre involontaire.
Une instruction fut commencée contre Bestuchef ; mais, sur la déposition du prêtre, il fut absous.
Ce fut lui qui éleva la tombe d'Oline, qui fit graver l'inscription et sculpter cette rose frappée de la foudre, terrible symbole de la destinée de la pauvre enfant.
Mais, à partir de ce moment, Bestuchef ne fut plus le même : une sombre mélancolie, un besoin de danger, une soif de mort s'empara de lui. Il s'offrait comme volontaire dans toutes les expéditions, et, chose étrange, toujours le premier et le dernier au feu, il en revenait toujours sans blessure.
Enfin, en 1838, on fit une excursion chez les Abazertzkys : on marchait sur le village d'Adler. Au moment d'entrer dans une forêt, on fut prévenu que cette forêt était occupée par un nombre de montagnards trois fois plus considérable que celui des Russes.
Les montagnards avaient, en outre, l'avantage de la position, puisqu'ils étaient retranchés dans une forêt.
Le colonel ordonna de sonner la retraite.
La retraite fut sonnée.
Bestuchef commandait les tirailleurs avec un autre officier, le capitaine Albrand. Au lieu d'obéir à la voix du clairon, tous deux s'enfoncèrent dans la forêt à la poursuite des montagnards. Le capitaine Albrand revint, mais Bestuchef ne reparut pas.
Le prince Tarkanof, de qui je tiens ces détails, renvoya le capitaine Albrand à la recherche de Bestuchef avec cinquante chasseurs de Mingrélie. Pendant que le capitaine Albrand et ses cinquante chasseurs cherchaient Bestuchef, on apporta au général Espégo une montre. Cette montre fut reconnue pour celle de l'illustre romancier. Ce fut tout ce que l'on retrouva, tout ce que l'on sut jamais de lui.
Je laissai à Bagration quatre vers, que je le priai de faire graver, comme souvenir de mon passage à Derbend, au pied de la tombe de la pauvre Oline Nesterzof.
Les voici :

          Elle atteignait vingt ans ; elle aimait, était belle.
          Un soir, elle tomba, rose effeuillée aux vents.
          O terre de la mort, ne pèse pas sur elle ;
          Elle a si peu pesé sur celle des vivants !

Chapitre précédent | Chapitre suivant

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
Haut de page
Page précédente