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Chapitre XLIII
Les captives

On descendit du château par un chemin étroit qui conduisait au torrent. Sur la route se trouvaient les équipages du prince. On y avait mis le feu, et ils brûlaient. On arriva au bord du torrent. Tout le monde le traversa à cheval, excepté la princesse Tchavtchavadzé, toujours à pied, portant toujours sa petite fille dans ses bras.
Au milieu de l'eau, la violence du courant la renversa ; elle roula un instant parmi les pierres, mais sans lâcher la petite fille. Deux hommes descendirent de cheval, l'aidèrent à se remettre sur ses jambes. Alors, on la força de monter en croupe derrière un Lesghien.
C'était ce qu'elle craignait. Obligée, pour se tenir à cheval, d'envelopper le cavalier d'un de ses bras, il ne lui en restait plus qu'un pour soutenir la petite Lydie, et, quelle que soit la force maternelle, elle sentait que son bras s'engourdissait. Peu à peu ce bras fatigué s'abaissa, l'enfant se trouva en contact avec la selle, meurtrie à chaque secousse du cheval.
« Au nom du ciel ! au nom de Dieu ! au nom de Mahomet ! s'il le faut, criait la pauvre mère, donnez-moi quelque chose pour attacher mon enfant ! Mon enfant va tomber ! »
Pendant ce temps, le frère aîné de la petite Lydie, Alexandre, âgé de treize ou quatorze mois, avait été arraché des bras de sa nourrice et jeté au milieu de la cour ; mais il avait été recueilli par une femme de chambre de la princesse, fille vigoureuse, nommée Lucie ; ne sachant que lui donner à manger, la brave fille lui donna de l'eau d'abord et ensuite de la neige.
Si peu nourrissantes que fussent ces deux substances, elles suffirent à empêcher l'enfant de mourir de faim.
Quant au prince Georges Orbeliani, on le laissa à sa nourrice. Il était fort et vigoureux, il plut aux Lesghiens par cette force et cette vigueur. Sa nourrice obtint une corde et l'attacha fortement autour d'elle.
Salomé et Marie avaient été séparées de leur gouvernante française, madame Drançay. Les caractères divers des deux enfants se manifestaient : violente et hautaine, Salomé menaçait, frappait même de sa petite main l'homme qui l'avait enlevée ; douce et timide, Marie pleurait : elle avait faim. Un jeune Lesghien de quatorze ans eut pitié d'elle.
« Tiens, lui dit-il en lui donnant une pomme, prends : vous autres, Géorgiens, vous êtes habitués à manger tous les jours. »
Marie prit la pomme et la mangea.
Un petit paysan de son père, nommé Ello, avait été fait prisonnier en même temps que tout le monde. Le hasard rapprocha les deux enfants. Ello était en croupe derrière un Lesghien ; il appela Marie ; les deux enfants se reconnurent et se mirent à causer et à rire.
La petite Tamara, âgée de quatre ans, habituée à la princesse Orbeliani, qui s'était constituée sa seconde mère, criait et pleurait d'être séparée d'elle, appelant continuellement sa bonne Varvara. Ses cris fatiguèrent les Lesghiens : ils la fourrèrent, la tête la première, dans un sac, et attachèrent ce sac à la selle de l'un d'eux. Une fois dans le sac, l'enfant s'y accommoda et s'y endormit.
La troupe était considérable ; elle se composait de trois mille Lesghiens, à peu près. Les chevaux ne suivaient aucun chemin tracé, on passait à travers champs, brisant la vendange, foulant aux pieds la moisson.
Enfin, on arriva au bord du fleuve, dont la crue avait rassuré le prince. Les eaux étaient toujours très hautes, et un instant les captives eurent l'espoir que les Lesghiens n'oseraient le passer ; mais, sans hésitation aucune, les premiers arrivés y lancèrent leurs chevaux avec une audace et une adresse admirables. Ceux qui avaient des enfants derrière eux les prirent et, d'une main conduisant leurs chevaux, de l'autre les soutinrent au-dessus de l'eau. Quant aux femmes, on se contenta de leur dire : « Tenez-vous solidement. »
Les chevaux avaient de l'eau jusqu'au cou, et, dès le tiers du fleuve, avaient été obligés de se mettre à la nage pour gagner l'autre rive. Au milieu du courant, la petite Marie cria à sa gouvernante : « Ma bonne Drançay, tu perds ton jupon. »
C'était vrai : la pauvre femme arriva à l'autre bord en chemise et en corset, glacée de froid, les eaux de l'Alazan étant grossies par la fonte des neiges. Un Lesghien eut pitié d'elle et lui donna sa bourka.
L'Alazan passé, on fit une halte d'un instant, mais le repos fut de peu de durée. Des coups de fusil se firent entendre. Une poignée de Géorgiens, avec ce courage immodéré qui les caractérise, venaient, dans l'espoir de délivrer la princesse, attaquer les Lesghiens, dix fois supérieurs en nombre ; mais, au lieu de repousser l'attaque, les Lesghiens, craignant que cette poignée d'hommes ne fût une avant-garde, mirent leurs chevaux au galop à travers plaine, blés, fossés, rocs, criant : Schamyl-Imam ! Schamyl-Imam ! poussant leurs chevaux à grands coups de fouet, et dévorant l'espace avec une telle rapidité, que la respiration en manqua aux prisonniers.
Ce fut l'heure terrible pour la princesse Annette. Incapable de me raconter le détail qui va suivre, elle pria sa soeur de parler à son tour. Et, de même que, dans l'Enfer de Dante, Paolo pleure lorsque Francesca raconte, la princesse Tchavtchavadzé pleura tandis que la princesse Orbeliani racontait.
Au moment où eut lieu l'alerte, au moment où commença cette fuite rapide, la princesse Annette ne soutenait plus qu'à peine sa fille de son bras épuisé. Elle réunit toutes ses forces ; elle crispa ses nerfs dans un dernier effort ; elle poussa des cris inarticulés, ne sachant plus que dire ni que faire ; elle essaya de rapprocher l'enfant de sa bouche pour la soutenir avec ses dents, elle était brisée. Une secousse plus violente que les autres lui arracha l'enfant de la main. Elle essaya de se jeter à bas de son cheval : l'homme la retint. Le cheval, frappé du fouet, fit un bond, la mère était à dix pas de son enfant : elle se tordit désespérée, tout fut inutile ; d'ailleurs, il était déjà trop tard : les chevaux suivaient les chevaux ; l'enfant fut foulée aux pieds, et, comme elle criait et respirait encore, un Tchetchen lui ouvrit la poitrine avec son kandjar ; l'enfant se tut : elle était morte.
Ce fut longtemps après, seulement, que la princesse connut l'atroce vérité. Le corps de l'enfant fut retrouvé, reconnu et rapporté à son père. Mais la petite Lydie n'avait pas été la seule victime. Au moment où les Lesghiens décidèrent de fuir au lieu de combattre, ils résolurent de se débarrasser de tout ce qui entravait leur fuite. Sur une centaine de prisonniers qu'ils emmenaient, soixante, qu'ils jugèrent moins importants que les autres, furent poignardés. On retrouva leurs cadavres marquant le chemin suivi.
Trois de ces cadavres seulement appartenaient à la maison Tchavtchavadzé : la fille de la princesse, la femme de l'intendant du prince et la femme du pope.
Et, tout en fuyant, les Lesghiens mettaient le feu aux villages géorgiens qu'ils rencontraient sur leur route, et ils remplaçaient par d'autres prisonniers les prisonniers égorgés pour rendre leur course plus rapide.
A la nuit, on entra dans un de ces bois qui couvrent la base des montagnes, et dont, plus d'une fois, j'ai essayé de donner une idée à mes lecteurs. Il fallut, à coups de schaska et de kandjar, s'ouvrir un chemin. Ce n'était encore rien pour les montagnards, vêtus de ce drap lesghien, le seul qui résiste à ces poignardantes épines ; mais les femmes étaient en sang, et, à tout moment, leurs cheveux s'accrochaient aux rameaux obstinés.
N'importe, il fallait avancer. On craignait les Géorgiens ; on avança donc. Ce fut une terrible nuit.
Vers dix heures, on commença de monter. A minuit, on aperçut des feux dans les montagnes et l'on se dirigea vers ces feux. On n'entendait que ce cri poussé par des voix mourantes « De l'eau, de l'eau, de l'eau ! »
Près de ces feux, on fit une halte de deux heures. On distribua un peu d'eau aux prisonniers, et l'on se remit en marche.
La route devenait presque impossible ; il fallait des chevaux et des hommes des montagnes, pour passer par de pareils chemins. Ceux qui marchaient à pied avaient les jambes et les pieds en sang. De temps en temps, une femme se couchait à terre en disant : « J'aime mieux mourir » ; mais, à coups de fouet, on la remettait sur ses pieds, et il lui fallait continuer sa route.
Enfin, on arriva à un terrain plat, et les cavaliers reprirent leur allure ordinaire, interrompue par la montée trop rapide, le galop. De temps en temps, sur la route, on trouvait un pâtre, espion, qui ne disait que ces mots en lesghien : « Vous pouvez passer, la route est libre. » Et l'on passait.
Vers onze heures, on fit une seconde halte. Les cavaliers jetèrent quatre bourkas à terre et y firent asseoir les princesses. Un naïb, nommé Hadji- Kerrat ôta sa tcherkesse déchirée et la fit raccommoder par la princesse Varvara.
En ce moment, la gouvernante française arriva.
« Avez-vous vu Georges ? lui demanda la princesse Orbeliani.
- Oui, princesse, jusqu'à l'entrée du bois, répondit celle-ci. Il était avec sa nourrice. »
La princesse Annette souleva la tête avec effort ; on eût dit une morte se remuant dans sa bière.
« Lydie ? murmura-t-elle.
- Je ne l'ai pas vue », balbutia madame Drançay.
La princesse Tchavtchavadzé laissa retomber sa tête.
« Mais que faites-vous donc là ? demanda la gouvernante à la princesse Varvara.
- Vous le voyez, ma bonne Drançay, je raccommode la tcherkesse de mon maître », répondit-elle avec un triste sourire.
La Française la lui prit des mains malgré elle, et se mit au travail à sa place.
En ce moment, on amena la bonne des enfants de la princesse Annette. C'était une Géorgienne nommée Nianouka. La pauvre fille avait reçu trois coups de sabre sur la tête. Ses cheveux, qu'elle avait fort épais, avaient seuls empêché qu'elle n'eût le crâne fendu ; mais elle était couverte de sang, il ruisselait de ses épaules sur son dos.
Un coup de kandjar lui avait, en outre, mutilé la main ; un de ses doigts pendait, retenu seulement par le filet nerveux. La princesse Orbeliani déchira son col et ses manches, et pansa la main de la pauvre Nianouka.
Quant à la tête, mieux valait la laisser comme elle était ; les caillots qui s'y étaient formés avaient arrêté le sang et la nature avait elle-même posé l'appareil. On se remit en chemin. Cette fois les deux princesses seules furent placées sur des chevaux : encore les sépara-t-on l'une de l'autre. Les autres prisonnières marchaient à pied.
La gouvernante française et Nianouka faisaient route à côté l'une de l'autre. La blessée, affaiblie par la perte de son sang, marchait avec lenteur et difficulté ; mais, chaque fois qu'elle s'arrêtait, épuisée, un Lesghien lui rendait des forces à grands coups de fouet.
A la fin, n'en pouvant plus, sentant l'impossibilité d'aller plus loin, comprenant qu'elle allait expirer sous les coups, elle se mit à crier à la princesse Orbeliani, d'une voix désespérée : « Douschka ! douschka ! » Mon âme ! mon âme ! La princesse entendit les cris, reconnut la voix, et, malgré le Lesghien qui la conduisait, arrêta son cheval. Son rang lui valait toujours quelques égards que l'on ne croyait pas devoir aux autres. Elle mit pied à terre, fit monter Nianouka à sa place et essaya de marcher.
Et, en effet, elle marcha deux ou trois heures ainsi ; mais, la boue l'empêchant d'avancer aussi vite que l'eussent désiré ses conducteurs, on la força de remonter à cheval ; seulement, on permit à Nianouka de demeurer en croupe. Au bout de quelques pas, la princesse s'évanouit. Dans l'état de faiblesse où elle était, le bras de Nianouka qui se cramponnait à elle, avait suffi pour provoquer cet accident. Alors, on fit descendre de cheval un Tatar et l'on donna son cheval à la princesse.
Sur la route, on rencontrait et l'on dépassait des groupes de prisonniers. Dans un de ces groupes, la princesse reconnut une jeune fille du village de Tsinondale ; sa mère avait été abandonnée mourante sur la route ; elle était avec sa grand-mère et son frère. Celui-ci portait dans ses bras le plus jeune enfant de la famille. C'était une petite fille de quatre mois, appelée Eva. Depuis la veille à midi, l'enfant n'avait pas pris une goutte de lait. On arriva au bord d'un torrent qui barrait le chemin. Ce fut alors à qui ne se chargerait pas de la blessée ; celle-ci pouvant à peine se tenir à cheval dans les chemins ordinaires, il était évident qu'elle n'arriverait pas à l'autre bord.
La princesse Orbeliani arrêta son cheval.
« Faites-la monter derrière moi », dit-elle.
Les Lesghiens paraissaient ne pas comprendre.
« Je le veux », dit la princesse retrouvant, pour accomplir une bonne action, la force de commander.
La pauvre blessée fut mise en croupe derrière la princesse, qui poussa son cheval à l'eau ; mais au milieu du torrent, l'animal s'arrêta et fit mine de vouloir se débarrasser du poids qui le surchargeait. Evidemment, si les deux femmes tombaient à l'eau, elles étaient perdues. Le torrent roulait sur une pente rapide, et, au bout de dix pas, elles étaient précipitées.
Un Tatar s'élança, prit par le mors le cheval de la princesse et le força à marcher ; mais, arrivé à l'autre bord, afin que pareil embarras ne se présentât plus, on força Nianouka de descendre.
C'était vers la forteresse de Pokhalsky que l'on cheminait. On devait y trouver Schamyl : il était venu là de Veden pour surveiller en quelque sorte l'expédition du haut de son rocher. Tout ce que l'on avait gravi, monté, escaladé jusque-là n'était que les premières marches qui conduisaient à l'aire des aigles. On monta pendant cinq heures. La princesse Orbeliani seule était à cheval ; sa faiblesse l'avait forcée d'y rester. A chaque pas, sa monture menaçait de rouler avec elle dans un précipice ; mais elle paraissait insensible au danger comme à la fatigue. C'est le fait d'une grande douleur d'être insouciant à ses propres maux : la princesse n'avait de pitié que pour ceux des autres. Elle dépassait le précepte de l'Evangile : elle aimait plus son prochain qu'elle-même.
Enfin, on aperçut la forteresse, mais à une hauteur telle, qu'il était impossible de comprendre comment on y arrivait ; de tous côtés, pour voir les prisonniers, accouraient des bergers lesghiens, bondissant de rocher en rocher au-dessus de précipices à donner le vertige à leurs chèvres. On avait quitté la Géorgie ; on avait traversé les terrains neutres ; on entrait chez les montagnards. La solitude se peuplait. On était arrivé à un point de la montagne où la verdure se déroulait comme un splendide tapis ; on eût dit cette verdure éternelle, comme est éternelle la neige qui s'étend au-dessus d'elle. Seulement, le chemin devenait de plus en plus difficile : à chaque instant, on était obligé de s'arrêter, car, à chaque instant, les prisonnières tombaient et ne se relevaient plus, même sous les coups. De tous côtés accouraient des Lesghiens qui entouraient les pauvres femmes et les regardaient avec curiosité. L'un d'eux étendit la main vers la gouvernante française, et sans rien dire, la prit et la tira à lui. Madame Drançay jeta un cri ; elle craignit d'être devenue une chose que chacun se croirait le droit de prendre ; mais celui qui l'avait conquise dans la cour du château intervint et repoussa le Lesghien.
« Sait-elle coudre et faire des chemises ? demanda celui qui avait porté la main sur elle.
- Oui, répondit une femme russe, qui savait par cette réponse lui faire un mauvais parti, mais qui lui en voulait par la seule raison qu'elle était Française.
- En bien, j'en donne trois roubles », dit le Lesghien.
La princesse Orbeliani intervint :
« C'est la femme d'un général français, dit-elle, elle payera rançon.
- Alors, reprit le premier maître, pour Schamyl-Imam. » A ce nom, chacun s'arrêta. On approchait de la forteresse : sur la plate-forme qui s'étend au pied de l'escalier par lequel on y monte, était une troupe de dix mille hommes à peu près, rangés sur deux lignes. Ils étaient presque nus.
Les prisonnières durent passer entre ces deux lignes. Ces hommes regardaient les captives avec des yeux qui n'avaient rien de rassurant ; ils voyaient pour la première fois des femmes à visage découvert, et quelles femmes ! des Géorgiennes ! Ils poussaient des cris rauques qui ressemblaient à des cris de loup en amour ; les femmes se voilaient de leurs mains, autant pour ne pas voir que pour ne pas être vues.
Au milieu de ces hommes, les naïbs de Schamyl étaient reconnaissables à leurs plaques. Ils maintenaient ces montagnards, qui, sans eux, se fussent jetés sur les femmes ; à chaque instant, ils étaient obligés de repousser quelques-uns d'entre eux dans les rangs, en les frappant du poing et du fouet, ou en les menaçant du poignard.
Enfin, Hadji-Khérieh, l'intendant de Schamyl, arriva : il venait, de la part de l'imam, chercher les princesses, les enfants et leur suite.
La princesse Orbeliani, marchant la première, monta l'échelle par laquelle on arrive à la forteresse ; mais, une fois entrées, on fit descendre aux prisonnières plusieurs étages, et elles se trouvèrent dans une espèce de souterrain à peine éclairé. Cependant au milieu de ces demi-ténèbres, elles commencèrent à se reconnaître. Quatre des enfants étaient là : Georges Orbeliani, Salomé, la petite Tamara et le petit Alexandre.
Une demi-heure après, arriva la princesse Tchavtchavadzé. Son premier mot fut. « Lydie ! qui de vous a vu Lydie ? »
Personne ne lui répondit, et elle tomba sur le sol plutôt qu'elle ne s'assit. Elle était écrasée de fatigue et presque morte de douleur. En ce moment, un enfant de l'âge de la petite Lydie se mit à pleurer.
« Ma fille ! s'écria la princesse, ma fille !
- Non, dit une voix, ce n'est point votre fille, princesse. C'est ma petite soeur, qui, elle aussi, n'a que quatre mois, et qui, depuis hier matin, n'a rien pris : elle va mourir.
- Non, dit la princesse, donnez-la-moi. »
Et elle prit la petite Eva et lui donna son sein en sanglotant.
En ce moment, Hadji-Khérieh entra.
« Schamyl demande la princesse Tchavtchavadzé, dit-il.
- Que lui veut-il ? demanda la princesse.
- Il veut lui parler.
- Qu'il vienne, alors : quant à moi, je n'irai pas.
- Il est imam, dit Hadji-Khérieh.
- Et moi, je suis princesse », répondit la prisonnière.
Hadji-Khérieh se retira. Lorsqu'il rapporta le refus de la princesse à l'imam, celui-ci réfléchit un instant ; puis :
« C'est bien, dit-il, conduisez-les à Veden : là, je les verrai. »

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