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Chapitre XIII


Aranjuez, 25 octobre.

Vous nous avez laissés prêts à partir, madame ; figurez-vous vos amis échelonnés dans une rue rapide comme une montagne russe. Ils sont à la porte de la fonda de los Caballeros ; ils ont devant eux, de l'autre côté de la rue, le palais des anciens rois de Tolède. Ce palais, devenu une caserne, je crois, est du plus beau ton feuille-morte que puisse prendre la pierre chauffée pendant six siècles par un soleil de quarante-cinq degrés. A droite, c'est-à-dire sur le haut de la montagne, l'extrémité droite de notre rue mérite ce nom, les murs de ce vieux palais se profilent sur un ciel bleu indigo. A gauche, par échappée, s'offre l'aspect de la ville inférieure, avec ses toits rougeâtres, ses clochers aigus ; enfin, par-delà la ville, s'étend une plaine rousse qui va se fondre au lointain dans un horizon violet. Devant moi est le mayoral, qui me demande, son chapeau à la main, un acompte sur les cent cinquante francs que je ne lui dois pas encore, mais que je lui devrai quand il nous aura rendus sains et saufs à Aranjuez. Cet acompte, il désire qu'il soit le plus considérable possible, attendu la grande dépense qu'il a faite, dit-il. Je tire ma bourse, qui contient une vingtaine d'onces, seize cents francs à peu près, et je lui donne une once.
La voiture est en face de nous, chargée de toutes nos malles. Giraud assure d'un dernier fil le panier aux provisions, auquel on a abandonné l'impériale tout entière. Maquet et Boulanger ficellent les fusils dans l'intérieur de la voiture. Desbarolles désire conserver sa carabine, et, sa carabine en bandoulière, est campé fièrement à la tête des mules. Don Riégo et Achard fument. Alexandre achète des grenades magnifiques, et cherche un récipient où les mettre, la voiture se refusant à contenir rien autre chose que ce soit, excepté ses six voyageurs. Les deux mules de selle sont tenues par le zagal.
Un Anglais attend que j'aie fini avec le mayoral pour me faire ses adieux. Qu'est-ce que cet Anglais ? me direz-vous, madame. Cet Anglais est un gentleman de cinquante à cinquante-cinq ans, beau de tête, élégant de façons, possédant enfin toute la courtoisie des Anglais courtois. Il est venu en Espagne, comme on va partout, avec sa chaise de poste ; mais à Madrid il a été forcé de laisser sa chaise, attendu que sur la route de Tolède il n'y a plus de poste ; en conséquence de quoi je l'ai rencontré en diligence.
Mon Anglais avait compté encore sur autre chose, madame, c'était sur des dîners mangeables ; mais mon Anglais s'était trompé. Comme tous les gens de fine organisation, il est gourmand ; et voilà que, depuis son entrée en Espagne, il ne mangeait plus, quand, au premier déjeuner que nous fîmes ensemble, il goûta une de ces salades aux oeufs frais et aux citrons que je vous disais.
Depuis ce moment, la vie lui est revenue, madame ; il s'est attaché à moi comme le naufragé à la planche qui flotte sur le vaste océan. A Tolède, il a déjeuné avec moi, il a dîné avec moi, et, à cette heure, il ne regrette qu'une chose : c'est que la voiture ne contienne que sept personnes, ou qu'il n'y ait pas trois mules pour rester un jour de plus avec moi. En conséquence, il me demande mon itinéraire, me promet de me rejoindre partout où je serai, et, dans le cas où une fatalité nous empêcherait de nous revoir en Espagne ou en Algérie, il me donne son adresse à Londres et dans les Indes orientales.
Lorsque tout fut arrêté ; quand Giraud eut bien ficelé le panier aux provisions sur l'impériale ; que Maquet et Boulanger eurent assuré les armes ; qu'Alexandre eut, dans un mouchoir attaché par les quatre bouts au plafond de la voiture, déposé ses grenades ; que don Riégo et Achard eurent achevé leurs cigarettes ; que j'eus pris avec mon Anglais toutes les dispositions nécessaires pour nous retrouver un jour, soit en Espagne, soit en Algérie, soit à Londres, soit dans les Indes orientales, je montai dans la voiture ; cinq de nos compagnons s'y entassèrent avec moi ; Giraud enfourcha la Capitana, et Achard la Carbonara, – c'étaient les noms des deux mules ; – et nous partîmes.
Ce fut alors que nous vîmes au grand jour cette rampe escarpée que nous n'avions vue que de nuit, et qui tombe du Muradoro aux bords du Tage, franchit le pont d'Alcantara, et, à travers la plaine rousse, se dessine comme un ruban de poussière, suivant, à un quart de lieue de lui, les mêmes sinuosités à peu près que suit le Tage. Tout était pittoresque dans cette sortie. Les ruines d'un vieux moulin faisaient fabrique au bord du fleuve, qui brisait ses eaux avec un mugissement terrible aux rochers de son lit. Des lavandières, en costume pittoresque, lavaient leur linge sous l'arche du pont, et deux choses rares en Espagne s'étaient réunies pour nous saluer à notre passage, des arbres et du vent. Il en résultait un charmant murmure de feuilles qui semblait nous dire adieu.
Nous suivîmes pendant quelque temps une longue allée d'arbres que nourrit la fraîcheur émanée du Tage, mais qui diminue et s'altère au fur et à mesure qu'elle s'éloigne du fleuve, et finit par disparaître pour faire place à la plaine, dans laquelle, à l'exception de la ligne tracée par le Tage, on ne trouvera plus que quelques buissons pauvres et rabougris. Au bout d'une heure de marche à peu près, la nuit descendit sur la terre, battant de son aile l'immensité des deux horizons ; elle était calme et pure. Les pluies, qui depuis deux jours inondaient Madrid, paraissaient avoir cessé pour ne revenir jamais.
La voiture roulait lentement dans un chemin de sable. Giraud et Achard faisaient ce qu'ils pouvaient pour forcer leurs mules à nous dépasser ; mais leurs mules, en fidèles compagnes, ne voulaient pas se séparer de leurs nouvelles amies, et, plus habituées à l'attelage qu'à la selle, venaient se placer en ligne à la tête de notre voiture. C'était toujours cette fameuse voiture jaune et verte que vous savez, madame.
Nous marchâmes ainsi deux heures encore, la nuit était tout à fait tombée ; le ciel, d'un bleu d'indigo, était tout constellé d'étoiles scintillantes. Tout à coup, à l'horizon, nous vîmes ces étoiles obscurcies, ou plutôt éteintes, par une ligne sombre aux arêtes inégales. Au fur et à mesure que nous approchions, cette ligne blanchissait, mais n'en restait pas moins opaque ; enfin, nous reconnûmes que cette ligne se composait d'une maison accompagnée d'une espèce de grange. La grange n'avait plus de toit ; sans doute en le cherchant bien on l'eût trouvé sur le sol. A travers les fenêtres de cette grange, fenêtres sans vitres et sans volets, on voyait le ciel comme un rideau brodé d'or. Examinée de loin, la grange nous avait paru d'un bon augure ; elle nous représentait un abri, sinon confortable, du moins plein d'espace et de liberté. Etudiée de près, la grange commençait à changer nos espérances en craintes ; il n'y avait pas moyen de coucher dans une pareille masure, mieux valait coucher en plein air ; on avait à craindre de moins, en plein air, la chute des pierres et le voisinage des rats. Restait donc la maison.
La maison était bien petite pour huit voyageurs. Il est vrai que cette maison s'annonçait à nous sous les apparences les plus hospitalières. Il en sortait par les fenêtres des contrevents et par les ouvertures de la porte quelques rayons de lumière assez vive, qui provenaient d'une illumination intérieure quelconque. L'espérance trompeuse nous disait tout bas que c'était de la cuisine que sortait cette illumination. A mesure que nous nous approchions, l'oreille se joignait à la vue pour nous rassurer. Des sons joyeux parvenaient jusqu'à nous. Ces sons, c'était le pétillement nerveux des castagnettes, le ronflement métallique du tambour de basque, et le fronfron de la guitare nationale. Il y avait fête à Villa-Mejor.
« Bon ! dit Alexandre, nous allons avoir non seulement le gîte et le souper, mais encore soirée dansante. Desbarolles, mon ami, sautez à terre, présentez mes hommages à la maîtresse de maison, et dites-lui, dans le meilleur espagnol que vous pourrez, que Je l'invite pour la première. » Les mules étaient déjà arrêtées ; la voiture suivit leur exemple, et nous approchâmes...
La maison, vue de plus près encore, perdait son aspect hospitalier : les portes étaient fermées comme celles d'une forteresse, et l'absence de tout être vivant au seuil et aux alentours donnait un aspect des plus étranges à cette maison si peuplée, si joyeuse, si bruyante au-dedans, si déserte, si triste et si silencieuse au-dehors. Le mayoral reçut l'ordre de frapper à la porte. Personne ne répondit. Alexandre ramassa une pierre et s'apprêta à continuer la spirituelle exposition de Passé minuit.
« Arrêtez ! dit Desbarolles, je connais les moeurs espagnoles, moi ; vous enfoncerez la porte peut-être, mais on n'ouvrira qu'après le fandango ; un Espagnol ne se dérange jamais quand il danse, quand il fume, ou quand il dort. » Desbarolles avait parmi nous l'autorité de Calchas. Alexandre déposa la pierre à terre, s'assit dessus, et nous attendîmes.
Desbarolles avait prophétisé aussi vrai qu'un évangéliste. A peine le bruit des castagnettes se fut-il éteint, à peine le grondement du tambour de basque eut-il cessé que la porte s'ouvrit.
Cette porte donnait sur un corridor. A moitié de son étendue, ce corridor était percé par deux portes parallèles. Une de ces portes, celle de gauche, donnait dans une cuisine assez bien éclairée par trois ou quatre lampes et par une énorme cheminée. L'autre, celle de droite, donnait dans une chambre sombre et humide, éclairée seulement par une veilleuse. Le chambre de gauche était le salon de bal ; la chambre de droite était la salle des rafraîchissements.
L'homme qui était venu nous ouvrir, sans autrement s'inquiéter de nous, était rentré aussitôt dans la salle de bal. Les castagnettes cliquetaient à nouveau, le tambour de basque ronflait de plus belle, la guitare frémissait plus joyeuse que jamais. La danse, un instant interrompue, piétinait avec l'acharnement que les Espagnols mettent à cet exercice.
Nous entrâmes, et huit nouvelles têtes se haussèrent au-dessus des têtes des spectateurs qui encombraient la porte.
A cette apparition inattendue, en France tout le monde se serait retourné, et vous toute la première, madame. A Villa-Mejor personne ne bougea. Il y avait à peu près quarante à cinquante personnes entassées, tant spectateurs que danseurs, dans cette cuisine. Deux ou trois hommes étaient remarquables au milieu de cette foule par une certaine élégance répandue sur leur costume et une certaine résolution empreinte sur leurs traits. Cette résolution, cette fermeté de physionomie, c'est la grande beauté des peuples du Midi. Un ou deux autres s'appuyaient sur des escopettes, et, sans chercher le moins du monde la pose, étaient posés comme jamais un modèle ne posera.
L'intérêt du spectacle nous absorba d'abord. C'était quelque chose pour des gens à la recherche du pittoresque que de trouver la nuit, au milieu d'un désert, dans une venta isolée et presque en ruine, cette joyeuse compagnie de danseurs et de danseuses, aux costumes nationaux. Madrid, la ville charmante mais la ville civilisée, a commencé par proscrire le pittoresque, comme doit faire toute ville civilisée qui sait son état de capitale. Nous l'y avions cherché vainement, et nous ne l'avions rencontré que sur les tréteaux officiels des places. Or, ce pittoresque-là, comme tous les pittoresques de commande, m'avait paru pécher par bien des points, tandis que celui qui surgissait ainsi tout à coup à nos yeux nous apparaissait dans un grand complet.
Lorsque quelqu'un des spectateurs avait besoin d'aller dans l'autre chambre à laquelle nous tournions le dos, il commençait par écarter ses compagnons, puis nous, et passait sans paraître faire plus d'attention à eux qu'à nous. Il n'en était pas ainsi de nous. Nous remarquions au contraire que tous ces sortants allaient se grouper autour de notre mayoral, dans le coin le plus sombre de la salle aux rafraîchissements, et là paraissaient agiter une question de la plus haute importance. Je ne sais pas si ce fut la faim qui aiguillonna notre estomac, ou si ce fut notre amour-propre blessé de cette indifférence qui parla le premier, mais tout à coup Achard dit : « Messieurs, si nous nous occupions du souper et du coucher ; je crois que la chose ne serait pas inopportune. » La proposition recueillit à l'instant même tous les suffrages.
En ce moment, comme pour répondre à notre désir, le mayoral quitta le groupe dont il formait le centre et s'approcha de nous. « Allons, senores, dit- il, en route ; les mules ont froid. – Comment, en route ? – Oui. – Ne sommes-nous point à Villa-Mejor ? – Si fait. – Eh bien ! c'est ici que nous soupons et que nous couchons. – C'est-à-dire que vous deviez souper et coucher ; mais... – Mais quoi ? – Mais il n'y a ni lit ni souper dans la maison. – Comment ! il n'y a ni lit ni souper dans la maison ! Est-ce sérieux ce que vous dites là ? – Très sérieux. – Desbarolles, mon ami, m'écriai-je, glissez-vous dans cette foule, pénétrez jusque auprès de la maîtresse de la maison, asseyez-vous à ses côtés, soyez éloquent comme toujours, aimable et séduisant comme à la posada de l'Escurial ; rappelez-vous madame Calisto Burguillos, et dussiez-vous conduire celle-ci à la cave et au grenier comme vous avez fait de l'autre, rapportez-nous-en des oeufs et des lits. » Desbarolles se glissa à travers la foule, une paillette dans l'oeil et le sourire sur les lèvres.
Un instant après il était posé devant la maîtresse de la maison, et se dessinait debout, le coude appuyé sur le mur, et une jambe croisée sur l'autre. La conversation commencée sur le ton de la simple politesse paraissait s'animer peu à peu. Nous ne pouvions voir la physionomie de Desbarolles, qui nous tournait le dos ; mais nous voyions le visage de notre hôtesse, et ce visage ne nous promettait rien de bon. Desbarolles se retourna, et nous remarquâmes avec effroi que son visage confirmait entièrement ce qu'avait semblé promettre celui de la padrona. La paillette était éteinte et le sourire était disparu.
Il revint à nous l'oreille basse. « Eh bien ! qu'arrive-t-il ? demandai-je. – Il arrive qu'il faut continuer la route. – Comment cela ? – On ne veut pas de nous. – Il n'y a donc ni lit ni souper ? – Il y a tout cela ; mais nous avons le malheur de tomber au milieu d'un bal que donne la maîtresse de la maison, et elle ne veut pas se déranger pour nous. – Voilà bien la maîtresse d'auberge espagnole, dit Giraud ; ô Catalogne hospitalière, je te reconnais ! – Et il n'y a pas moyen de revenir sur cette résolution ? demandai-je. – On voit bien que vous êtes depuis huit ou dix jours en Espagne, répondit-il ; si, comme nous, vous y étiez depuis quatre mois, vous ne me feriez même pas cette question. – Allons, allons, messieurs, dit le mayoral, qui avait, pour ainsi dire, suivi nos paroles de l'oeil, allons, en voiture. – Mais, que diable ! en voiture, en voiture... Notre traité porte que nous souperons et que nous coucherons à Villa-Mejor. – Oui, mon cher ami ; mais c'est ici le cas de le dire, répondit Giraud avec la résignation de l'habitude, nous avons compté sans notre hôte, ou sans notre hôtesse. – Si tu lui proposais de faire son portrait ? »
Giraud secoua la tête. « Quand les Espagnols dansent, dit-il, il n'y a pas de proposition à leur faire. – Ainsi ? » Je regardai Giraud et Desbarolles. « Ainsi, il faut partir. – Et à quelle distance sommes-nous encore d'Aranjuez ? demandai-je au mayoral. – Oh ! senor, très proche ; à deux lieues. » Je le regardai d'un oeil de doute. « Combien de temps demandes-tu pour faire ces deux lieues ? » Il parut hésiter un instant. « Trois heures, dit- il. – Eh bien ! je t'en donne quatre ; mais si dans quatre heures nous ne sommes pas à Aranjuez je lui posai la main sur l'épaule, et je la laissai peser avec une certaine force, tu auras affaire à moi, continuai-je. – C'est bien, senor », murmura le mayoral.
Je me retournai vers Desbarolles et Giraud. « Messieurs, une dernière fois, leur dis-je, voyons, vous êtes bien certains qu'il n'y a pas moyen de demeurer ici ? – Mon cher, me répondit Desbarolles, connaissez-vous cette sentence de Sylla ; c'est la devise des aubergistes espagnols :

          Je puis parfois changer mes desseins ; mes arrêts
          Sont comme ceux du sort, ils ne changent jamais.

- Pardon, fit Alexandre, c'est : ils ne riment jamais qu'il faudrait dire. » Alexandre est esclave de la rime, tout au contraire de monsieur de Voltaire, pour lequel, je dois le dire, madame, il n'a pas toute la vénération que je voudrais lui voir.
« En route ! senores, en route ! insista le mayoral. – Eh ! que diable ! qu'on nous donne au moins un verre de vin ; ils ne diront pas qu'ils n'ont pas de vin ; nous en avons vu trois ou quatre outres pleines. – Oh ! un verre de vin, c'est autre chose », dit le mayoral du ton d'un homme qui pense que c'est la dernière demande indiscrète qu'on se permettra.
Et rentrant dans la venta, d'où nous étions déjà sortis, il reparut au bout d'un instant, tenant une outre d'une main et un verre de l'autre. « A l'hospitalité espagnole ! » dis-je en levant mon verre et en buvant le premier. Ce toast fut répété successivement par mes sept compagnons. Je remarquai même que don Riégo y mettait plus d'amertume que les autres. Depuis qu'il était de notre compagnie, il s'était fait dans les habitudes du digne prêtre une amélioration qui l'avait quelque peu francisé.
« Allons, senores, reprit le mayoral, en route, en route ! » Boulanger jeta un dernier regard vers la maison dans laquelle, à grand regret, il abandonnait tant de croquis, et monta dans la voiture où l'avait déjà précédé don Riégo. Don Riégo aimait fort ses aises, et il pensait tout naturellement qu'en prenant la première place, il serait mieux placé. Giraud suivit Boulanger, Desbarolles suivit Giraud et Maquet Desbarolles. Maquet représentait chez nous l'abnégation, don Riégo l'égoïsme.
J'enfourchai ma mule, Alexandre en fit autant, et Achard, au milieu de nous deux, une main sur le cou de chaque monture, s'apprêta à s'instruire dans l'art dramatique, en écoutant le plan de notre tragédie. Quelques arrangements intérieurs relatifs à la carabine de Desbarolles forcèrent la voiture de rester en arrière. Nous partîmes en éclaireurs.
Je vois avec regret, madame, que les détails ont emporté le fond, et que ma lettre est déjà si longue que je suis forcé d'en remettre la suite à demain. A demain donc, madame, et apprêtez-vous à des choses terribles.

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