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Chapitre I
Montereau

Le lendemain, tandis que la voiture déposait ses voyageurs à Montereau et leur accordait une heure pour déjeuner, j'allais visiter ce pont doublement historique, qui, à quatre siècles de distance, fut témoin de l'agonie de deux dynasties, dont l'une se sauva par un crime, et dont l'autre ne put se sauver par une victoire.
Ces deux pages de notre histoire sont trop importantes pour que nous les laissions en blanc dans notre album de voyage. En conséquence, nos lecteurs voudront bien jeter avec nous un coup d'œil sur la position topographique de la ville de Montereau, afin que nous les fassions assister aux événements qui s'y sont accomplis et dans lesquels Jean sans Peur et Napoléon ont joué les principaux rôles.
La ville de Montereau est située à vingt lieues à peu près de Paris, au confluent de l'Yonne et de la Seine, où la première de ces deux rivières perd son nom en se jetant dans l'autre. Si l'on remonte, en partant de Paris, le cours du fleuve qui la traverse, on aura, en arrivant en vue de Montereau, à gauche, la montagne de Surville, que couronnent les ruines d'un vieux château, et, au pied de cette montagne, une espèce de faubourg séparé de la ville par le fleuve. En face de soi, l'on découvrira, simulant l'angle le plus aigu d'un V, et à peu près dans la position où se trouve à Paris la pointe du pont Neuf, une langue de terre qui va toujours s'élargissant entre le fleuve et la rivière qui la bordent, jusqu'à ce que la Seine jaillisse de terre près de Baigneux-les-Juifs et que l'Yonne prenne sa source non loin de l'endroit où était située l'ancienne Bibracte et où, de nos jours, s'élève la ville d'Autun. à droite, la cité tout entière se déploiera gracieusement, couchée au milieu de ses maisons et de ses vignes, dont le tapis bariolé de vert et de jaune comme un manteau écossais s'étend à perte de vue sur les riches plaines du Gâtinais.
Quant au pont, qui joue un si grand rôle dans le double événement que nous allons essayer de raconter, il joint, en partant de gauche à droite, le faubourg à la ville et traverse d'abord le fleuve, ensuite la rivière, posant un de ses pieds massifs sur la pointe de terre dont nous avons parlé.

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