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Figues


Malgré la réputation des figues d'Argenteuil, on ne mange de bonnes figues en France que dans le Midi ; celles de Marseille ne le cèdent qu'aux figues de Capodimonte et de Sicile, qui ne le cèdent à aucunes.
Elles se mangent fraîches et séchées.
Les personnes qui ont voyagé en Italie savent que la plus grande injure que l'on puisse faire aux Milanais est de leur montrer le bout du pouce serré entre deux doigts, ce qui s'appelle faire la figue ; cette aversion pour la figue vient d'un fait que Rabelais rapporte de la façon suivante :
« Les Milanais, s'étant révoltés contre Frédéric, avaient chassé de leur ville l'impératrice, son épouse, qu'ils avaient fait monter sur une vieille mule, le visage tourné vers la queue.
« Frédéric, vainqueur à son tour, après avoir fait les rebelles prisonniers, imagina de faire placer par le bourreau une figue sous la queue de cette même mule, et d'exiger que chacun des vaincus l'en tirât, la présentât au bourreau en disant : Ecco il fico ! puis la remît en place ; le tout sous peine d'être pendu.
« Plusieurs aimèrent mieux périr que de se soumettre à une semblable humiliation, mais la crainte de la mort y détermina le plus grand nombre. De là la fureur des Milanais quand on leur fait la figue. »
C'est aussi une figue qui décida le sénat romain à la destruction de Carthage. Toutes les fois que Caton donnait son avis dans le sénat, il terminait par ces mots :
« Il faut détruire Carthage ! Delenda est Carthago ! » Dans une séance où l'on délibérait sur la guerre avec cette puissance, Caton montra à ses collègues une figue :
« Depuis quand, dit-il, croyez-vous que cette figue soit cueillie ? A en juger par sa fraîcheur, il y a peu de temps. Eh bien ! cette figue pendait à l'arbre il n'y a que trois jours, et elle vient de Carthage. Jugez combien l'ennemi est près de nous ! »
La guerre fut à l'instant décidée.
Thouin, le pépiniériste du jardin des Plantes, avait chargé un domestique fort simple de porter à Buffon deux belles figues de primeur. En route, le domestique se laissa tenter et mangea un de ces fruits. Buffon, sachant qu'on devait lui en envoyer deux, demanda l'autre au valet, qui avoua sa faute.
« Comment donc as-tu fait ? » s'écria Buffon.
Le domestique prit la figue qui restait et dit en l'avalant : « J'ai fait comme cela !... »

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