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Pêche


Le pêcher est originaire de la Perse. Son fruit est agréable à la vue, au toucher, à l'odorat et au goût ; son enveloppe est fine et délicate, revêtue d'un léger duvet velouté qui la préserve des attaques des insectes. Elle est, dans certaines variétés, d'un jaune verdâtre plus ou moins clair ; dans d'autres, d'un jaune rougeâtre plus ou moins orangé, et teinte toujours, du côté du soleil, d'un rouge violet plus ou moins foncé et plus ou moins pourpré. Le noyau est ovale, crevassé intérieurement et si solide, qu'il faut de grands efforts pour le casser. Il contient ordinairement une amande, rarement deux.
La pêche est célèbre en Chine depuis les temps les plus reculés ; les poètes la représentent comme pouvant donner tantôt l'immortalité, tantôt la mort. Comme signe de bienveillance et d'amitié, on s'offre réciproquement une pêche naturelle ou imitée en porcelaine, et les artistes chinois la font entrer dans toutes leurs décorations d'appartement. On a cru pendant plusieurs siècles, en Perse, que la pêche était mortelle ; aussi se gardait-on d'en manger et même d'y toucher. Mais on les importa en Egypte, où le climat les adoucit et les rendit meilleures. Depuis ce temps, les Persans en consomment beaucoup.
Les meilleures pêches se trouvent aux environs de Paris. Montreuil surtout est justement renommé pour la beauté, la quantité prodigieuse et la bonté de ses pêches ; puis viennent le Dauphiné, l'Angoumois et la Touraine, etc. La première qualité d'une pêche est d'avoir la chair ferme, fine et sucrée, ce qui se voit aussitôt qu'on a enlevé sa peau, qui doit se détacher aisément ; la seconde qualité est que son parenchyme se dissolve aussitôt qu'il est mis dans la bouche ; la troisième, enfin, est qu'il faut que le goût du fruit soit piquant, vineux et quelquefois un peu musqué. Il faut aussi que le noyau soit fort petit, et que les pêches qui ne sont pas lisses, ainsi que les pavies et les brugnons, ne soient que médiocrement velues, car l'épaisseur du velours est toujours un signe du peu de bonté dans la pêche. Ce poil, au contraire, tombe de celles qui sont de qualité supérieure, et principalement de celles qui sont venues en plein air.

Nous renvoyons le lecteur, pour les diverses préparations de ce fruit, aux articles Compote, Confitures, Conserves, Glaces, Mousses, Flan, Tartes et Ratafia.

Pêche de Montreuil.
La pêche de Montreuil doit son origine à un nommé Girardot, ancien mousquetaire, chevalier de Saint-Louis, et finalement jardinier.
Ce Girardot, après avoir reçu plusieurs blessures graves, fut contraint de quitter le corps des mousquetaires, se retira dans son petit domaine de Malassis, situé entre les villages de Montreuil et de Bagnolet, et s'y adonna à la culture des arbres fruitiers, aidé par les conseils de La Quintinie, directeur des jardins du roi à Versailles, dont il allait souvent visiter les espaliers.
Ayant une grâce à demander à Louis XIV et ne sachant comment s'y prendre, son ami La Quintinie lui annonça un jour que, le roi devant aller à Chantilly chasser avec le prince de Condé, qui était malade, il tâcherait que la chasse soit dirigée du côté de Montreuil, et invita Girardot à se préparer à cette auguste visite.
Le lendemain, une corbeille contenant douze magnifiques pêches fut déposée par un inconnu à l'office, avec cette inscription : Pour le dessert du roi. Ces pêches firent l'admiration de tout le monde, et, quelques jours après, suivant la promesse qu'il lui avait faite, Girardot vit arriver La Quintinie précédant le roi, qui venait voir les espaliers qui fournissaient de si belles pêches et remercier en même temps le jardinier qui les soignait. L'ancien mousquetaire, encore revêtu de son uniforme, exposa sa demande au roi, qui l'accueillit fort bien, et lui accorda en outre une pension et la faveur de présenter chaque année, pour le dessert du roi, une corbeille remplie de ses plus belles pêches, en souvenir de celles qu'il avait fournies à Chantilly.
Cette coutume fut continuée par ses descendants et les habitants de Montreuil, qu'il avait enrichis, jusqu'en 1789.

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