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Punch


A l'eau-de-vie, au rhum, au kirsch, au vin, le punch n'est autre chose qu'une de ces liqueurs dans lesquelles on met du sucre et des tranches de citron, de la muscade et de la cannelle ; on met ensuite le feu aux liqueurs qui par là deviennent un composé excellent. Nos voisins les Anglais ont un goût particulier pour les punchs ; on peut en juger par celui que donna sir Edward Russel, commandant en chef des forces britanniques, le 25 octobre 1694. Ce bol de punch, le plus extraordinaire dont on ait jamais entendu parler, fut préparé dans le vaste bassin de marbre du jardin de sa maison : quatre barriques d'eau-de-vie, huit barriques d'eau clarifiée, vingt-cinq mille limons, quatre-vingts pintes de jus de citron, treize quintaux de sucre de Lisbonne, cinq livres de muscade, trois cents biscuits pilés, et enfin une pipe de vin de Malaga furent versés dans le bassin sur lequel un dais avait été dressé pour le garantir de la pluie ; on avait construit en bois de rose un petit batelet dans lequel un mousse élégamment habillé, appartenant à la flotte, voguait sur le punch même et en servait à la compagnie, composée de plus de six mille personnes.
En général, cette boisson se boit chaude, et pendant longtemps un bol de punch enflammé constitua en Angleterre le dernier et indispensable service de tout repas bien ordonné. Cette liqueur est très fortifiante et très agréable ; elle convient beaucoup après les grandes fatigues pour rappeler la transpiration qui pourrait avoir été supprimée par l'humidité, le froid et la pluie. On peut en boire plusieurs verres sans crainte qu'elle fasse mal.
D'après le Dictionnaire de Trévoux, le punch était connu en 1763 sous le nom de bonne ponche ; il se composait alors avec une chopine d'eau-de-vie, une pinte de limonade et une livre de cassonade mélangées ensemble ; on y ajoutait de la muscade en poudre et des galettes de mer grillées et broyées ; mais cette boisson n'était guère connue que des marins de nos navires marchands.
Voici la meilleure formule, selon nous, pour faire aujourd'hui le punch à la française :
Mettez dans le même bol une bouteille de vieux rhum de la Jamaïque, avec deux livres de sucre royal et concassé, faites-y prendre le feu et agitez le sucre avec une spatule afin qu'il se caramélise en brûlant avec le rhum ; après diminution d'un tiers du liquide, immiscez dans le même bol et mélangez avec ce rhum sucré quatre pintes de thé Soutchon, qui doit être bouillant, joignez-y le suc de huit citrons et de douze oranges bien mûres. Ajoutez-y finalement du blanc rack de Batavia, la valeur d'un quart de pinte, et servez, avec ce punch, qui doit être très chaud afin de bien produire tous ses effets, une corbeille de gaufres aux macarons d'amandes, ou de tous autres gâteaux secs et de fine pâte.
Punch à la Dupouy.
Prenez un ananas et découpez-le par fines tranches, saupoudrez-les avec du sucre candi parfaitement pulvérisé, versez sur le tout une bouteille de vieux vin de Sillery blanc non mousseux, un flacon de véritable kirsch-wasser de la Forêt-Noire, ou sinon de vénérable eau-de-vie de Cognac, ou de vieux rhum américain ; brûlez légèrement et buvez très chaud. Le lendemain vous n'aurez pas de démenti à craindre en disant que vous avez bu du punch comme on n'en a jamais bu, comme on n'en boit nulle part, si ce n'est dans les salons privilégiés de nos véritables illustrations gastronomiques.
On fait aussi avec le punch des crèmes, des gelées, des biscuits, des massepains, des sorbets, etc. voir ces articles.

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