Un alchimiste au XIXème siècle Vous êtes ici : Accueil > Œuvre > Dictionnaire des œuvres
Page précédente | Imprimer

Titre Un alchimiste au XIXème siècle

Année de publication 1843

Genre Causerie

Collaborateur(s) -

Epoque du récit contemporaine

Résumé Dumas raconte l'histoire un peu fabuleuse d'un de ses amis dont il révèle le nom à la toute fin: le vicomte Henry de Ruolz.

Dès l'enfance, celui-ci manifeste un double talent pour la musique et la chimie. A 12 ans, c'était un Beethoven en herbe et un Lavoisier en germe, écrit Dumas. Un jour, le jeune Henry décide de fondre ses soldats de plomb dans une coupe d'argent. Il découvre avec stupéfaction que l'argent filtre le plomb. Sa vocation d'alchimiste, un art conjectural selon Dumas, est trouvée. A la différence de ceux qui rêvaient de faire de l'or, Henri se livre à des expériences dans le but de transformer le carbone en diamant. Il se lie d'amitié avec un certain Franz et multiplie les expériences, sans succès.

Lassé, il se remet à la musique, ne sachant plus s'il devait devenir un Rossini ou un Gay-Lussac. Mais il progresse et obtient même le patronage de Paër et de Rossini pour se rendre à Naples. Il connaît le triomphe, mais apprend peu après qu'il est ruiné. Être artiste sans fortune à Naples, c'est comme mourir de faim, écrit Dumas.

Henry est forcé de revenir à Paris. Il est contacté par un joaillier qui connaissait le propriétaire de l'atelier où il se livrait à ses expériences d'alchimiste. Le marché est le suivant: à lui de trouver le moyen de dorer de fines broches sans emploi du mercure qui tue trop d'ouvriers. Les revenus seront alléchants puisque la maison Christofle s'intéresse à pareil procédé.

Henry multiplie les expériences, mais il accumule les échecs. La dorure ne tient pas, une fois frottée ou polie. Il désespère, persévère, désespère encore, mais finalement à la manière d'Archimède il peut s'écrier: j'ai trouvé!

Il lui reste à trouver du financement pour assurer le brevet qui fera sa fortune. Il déniche enfin quelqu'un qui croit en lui. Les expériences à grande échelle se suivent et révèlent que tous les métaux peuvent être collés les uns sur les autres, sans mercure. L'Académie des sciences demande à Henry d'expliquer son secret, la confrérie des doreurs au mercure est aux aguets. En 1842, il reçoit finalement le prix de l'Académie pour sa découverte. En révélant le nom de son ami, Dumas demande au lecteur de ne pas ébruiter qu'il a aussi écrit la partition de deux opéras joués à Naples et à Paris.

Analyse Il s'agit d'une des toutes premières causeries de Dumas, jamais reprise dans les recueils publiés chez Lévy ou Levasseur. Ce qui est bien dommage car la narration est des plus alertes. Dumas y multiplie les traits d'esprit, fait flèche de tout bois dans ce texte d'à peine plus de 40 pages.

Par bonheur, Phénix Éditions l'a réédité en fac-similé en 2003. Cette édition est préfacée par Albert Bouilhet, descendant de Charles Christofle qui avait acheté en 1842 le brevet du vicomte. Il nous raconte la suite de l'histoire: des joailliers britanniques attaquèrent le brevet en justice et eurent gain de cause en 1852. Et M. Bouilhet de conclure: «En décrivant les tribulations d'Henri (sic) de Ruolz, Dumas lui rend cet hommage mais avec une pointe de malice».

Rudy Le Cours

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
Haut de page
Page précédente