Titre
La bouillie de la comtesse Berthe
Année de publication
1844
Genre
Conte
Collaborateur(s)
-
Epoque du récit
XIIIème siècle
Résumé
Durant une de ses pérégrinations en Allemagne, Dumas rencontre
un guide nommé Taschenburch qui lui raconte la légende entourant
la reconstruction du château de Wistgaw par le chevalier Osmond
de Rosenberg et sa femme, la comtesse Berthe. Celle-ci était fort
bonne et par conséquent très appréciée de
ses sujets et des bons esprits qui protégeaient leurs récoltes.
Ces esprits n'étaient autres que le peuple des nains, de bons petits
génies appelés cobolds qui habitaient les caves du château.
Mais le château était vieux. Berthe souhaitait qu'il fût
refait. Osmond voulut bien, à condition de ne pas perturber les
nains qui le protégeaient. Aussi fut-il très satisfait qu'une
ambassade de petits hommes vint leur annoncer que le roi des cobolds étaient
d'accord pour démolir le vieux bâtiment. Les architectes
se mirent au travail et annoncèrent que l'achèvement des
travaux allait nécessiter trois ans.
Malgré l'aide nocturne des cobolds, les travaux n'étaient
pas complétés au bout des trois ans. La comtesse promit
alors à ses ouvriers la meilleure bouillie au miel de leur vie,
une fois l'an, s'ils terminaient l'ouvrage dans un mois. Ce qui fut fait.
Chose promise, chose due : la comtesse fit servir la bouillie à
ses convives réunis à l'extérieur, vu leur grand
nombre. Une averse de neige vint compromettre le repas. La comtesse s'engagea
donc à ce que la bouillie fût servie le premier mai à
l'avenir. De sa promesse, elle fit un acte officiel qui engageait aussi
ses descendants.
À sa mort, Osmond poursuivit scrupuleusement l'engagement de Berthe,
de même que son fils unique Ulrich, jusqu'à sa fuite en Alsace
suite à une invasion.
Le général Dominik qui vint occuper le château voulut
rompre l'engagement le moment venu. Mal lui en pris : durant la nuit,
le fantôme de la comtesse lui apparut pour le rappeler à
son devoir. Le général fanfaronna, mais le lendemain on
lui fit tellement peur qu'il déménagea.
Quand ce fut au tour du fils d'Ulrich, Waldemar, d'habiter le château,
la tradition reprit grâce à la bonté de sa femme qui
mourut cependant en donnant naissance à un garçon prénommé
Hermann. Waldemar se remaria et sa nouvelle femme n'avait que faire de
son beau-fils. Le fantôme de Berthe l'enleva et le conduisit chez
le roi des cobolds qui assura son éducation.
La bouillie connue un sort divers selon les occupants du château
qui se succédèrent jusqu'à ce qu'Hermann, devenu
adulte, le reprenne grâce à la complicité des cobolts.
Analyse
Dans ce conte pour enfants, Dumas sait s'adresser à ses jeunes
lecteurs avec le même entrain qu'à son public habituel. Certes,
le vocabulaire est plus simple, les phrases aussi, mais le rythme, les
images portent sa marque de fabrique.
Dumas, qui maîtrise bien le genre fantastique, nous montre qu'il
s'y entend aussi pour évoquer le merveilleux. Il se permet même
de faire parler le spectre de Berthe en vers.
L'auteur ne cache pas avoir puisé cette histoire dans le folklore
germanique. À la différence d'Histoire
d'un casse-noisette, conte emprunté, hormis sa préface
remarquable, à Hoffmann, on ne connaît pas la source exacte
de ce récit savoureux. Sans doute faut-il y voir la preuve que
Dumas y a mis beaucoup de son imagination. Pour le plus grand plaisir
de ses lecteurs, petits et grands.
Rudy Le Cours
|