Le capitaine Rhino Vous êtes ici : Accueil > Œuvre > Dictionnaire des œuvres
Page précédente | Imprimer

Titre Le capitaine Rhino

Année de publication 1872

Genre Nouvelles

Collaborateur(s) -

Epoque du récit XIXème siècle

Résumé Le capitaine Rhino Surpris par le crépuscule dans la région des Lacs noirs en Afrique, le narrateur s'apprête à passer la nuit dans un arbre. Alors qu'il observe la vie sauvage, il voit s'approcher un énorme rhinocéros. Persuadé du pouvoir quasi hypnotisant de la parole sur les animaux les plus dangereux, l'Anglais engage la conversation (si l'on peut s'exprimer ainsi) avec la bête. Fasciné, le capitaine Rhino écoute puis s'impatiente lorsque le narrateur, las et soucieux de se reposer, s'arrête. L'échange se poursuit et une sorte de complicité s'installe entre eux jusqu'à l'arrivée d'un lion. Sûr de sa force, le capitaine Rhino engage le combat; l'Anglais fait feu et tue le fauve. Terrorisé par la détonation, le rhinocéros s'enfuit.

A l'aube, l'Anglais voit revenir son compagnon de la veille; la confiance est toujours là et c'est sans appréhension que l'homme s'approche du mastodonte. Il s'aperçoit alors que l'animal est blessé: la corne d'un autre rhinocéros est profondément enfoncée dans son flanc; la bête sauvage sollicite l'aide de l'homme. L'Anglais explore la plaie avec précaution, persuadé que la passivité débonnaire du colosse fera place à une fureur meurtrière sous le coup des violentes souffrances qu'il doit lui infliger pour le soigner. Mais l'animal comprend les gestes attentionnés de l'homme et accepte la douleur.

A présent unis par une confiance et un respect mutuel, les deux amis se lient pour venir à bout des hordes de panthères noires qui envahissent leur territoire: 27 félins sont massacrés en une seule journée.

Le lion père de famille On raconte en Afrique que le lion peut, par le seul magnétisme de son regard et de son rugissement, contraindre un bœuf à le suivre jusque dans sa tanière. Assez incrédule, le narrateur accepte de partir en expédition pour vérifier la véracité du fait. Les Européens choisissent une famille de lions et l'observent à distance. Paresseux, le fauve est brutalement contraint par sa femelle à partir en  chasse avec célérité.

Il se dirige, discrètement suivi par les hommes, vers une zone de marécages où broute un troupeau de bœufs. Les bovins, alertés du danger, se regroupent et s'apprêtent à prendre la fuite. Le lion les empêche de poursuivre leur route, puis choisit sa proie. Un jeune taureau est alors soumis au pouvoir incompréhensible du roi des animaux, et, contre sa volonté, s'avance vers son supplice. Ses tentatives de rébellion et de fuite sont vaines, et c'est tremblant de peur qu'il arrive à la grotte où l'attendent la lionne et les lionceaux. Sensibles à la détresse du pauvre ruminant, les hommes saisissent leurs armes et massacrent les fauves.

Une chasse aux tigres Les tigres sont peu nombreux et peu féroces dans le sud de l'Inde, et pourtant le narrateur rêve d'une chasse riche en péripéties sans pour autant être dangereuse outre mesure. Arrivé à Chandernagor, il rencontre un riche Français qui lui propose de le mettre en relation avec son frère, fameux chasseur de bêtes fauves. Le narrateur et ses amis s'embarquent sur le Gange, puis poursuivent leur voyage à dos d'éléphant jusqu'à la région des djungles infestée de tigres.

La première attaque survient rapidement. Les chiens font diversion et laissent aux hommes le temps de viser: le tigre est tué sur le coup. Immédiatement surgissent trois autres fauves. L'assaut est violent, les éléphants luttent contre les griffes acérées tandis que les Européens cherchent à viser le tigre sans risque pour les pachydermes. Affolé, un éléphant s'enfuit en emportant les hommes installés sur son dos. Finalement tous les tigres sont abattus.

Le narrateur et ses amis rentrent fourbus et malades vers Chandernagor; en chemin, ils retrouvent les autres Européens. Tous les chiens et huit Bengalis ont trouvé la mort au cours de ces huit heures de chasse.

Analyse Il ne fait pas bon être un félin dans ces récits de chasse, les pauvres animaux, parfois admirés et craints tels les lions ou les tigres, parfois méprisés comme les panthères, y sont massacrés sans retenue. Ces trois nouvelles, qui semblent extraites de récits plus longs, n'ont pas de grandes prétentions si ce n'est de raconter des exploits cynégétiques.

Le premier texte, qui donne son nom au recueil, est assez curieux. Cette amitié et cette confiance qui naissent entre l'homme et le rhinocéros, pourtant assez peu réputé pour son discernement et sa bonhomie, seraient assez séduisantes si elles ne s'achevaient pas en une monstrueuse boucherie féline où l'homme et l'animal rivalisent de cruauté et d'aveuglement sanguinaire; il est vrai que les panthères affamées sont sur le point de dévorer tout ce qui se présente devant elles, mais tout de même!

La seconde nouvelle est fort peu crédible, mais le mimétisme du couple léonin avec des humains est assez rigolo: cette lionne, quelque peu acariâtre, qui mord les fesses de son royal époux, à moitié endormi, pour l'engager à partir chercher de quoi nourrir ses enfants est plutôt cocasse. Mais là encore, les hommes étant ce qu'ils sont, ils préfèrent tuer les fauves, coupables de grande faim, pour sauver le taureau: ces chasseurs intrépides ne peuvent souffrir plus longuement la détresse déchirante du pauvre bovin (qu'il dégusteront peut-être en grillades un peu plus tard, mais l'histoire ne le dit pas!).

La troisième aventure est plus classique, puisqu'elle relate une chasse au tigre, loisir habituel des Européens de l'époque. Le narrateur en profite pour donner à son lecteur des détails géographiques ou ethnologiques sur les régions qu'il traverse.

Ces trois petits textes sont plutôt agréables à lire et nous donnent un aperçu du peu de connaissances qu'avaient les hommes du XIXème siècle sur les animaux sauvages des contrées africaines ou indiennes. En effet, les jugements sur les animaux sont pétris de clichés parfois assez édifiants: le rhinocéros est fort, courageux et fidèle, tel un chevalier arthurien, il ne badine pas avec l'honneur. Les panthères sont viles et cruelles. Le lion est noble, puissant et doué d'un pouvoir hypnotique. Le tigre, tel Shere Khan, est solitaire, rusé et mangeur d'hommes.

D'une manière assez générale, des valeurs parfaitement humaines sont attribuées aux différents animaux, l'homme restant bien entendu le seul à disposer d'un véritable jugement qui le place bien au-dessus du reste de la création, et lui donne droit de vie ou de mort.

Un dernier point concernant les narrateurs. On ne sait jamais véritablement qui raconte l'histoire, les noms ne sont pas donnés et les informations sont plutôt maigres: le premier est un Anglais, le second semble l'être aussi, quant au troisième, il s'agit d'un Français qui pourrait bien être Dumas lui-même.

Delphine Dubois

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
Haut de page
Page précédente