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Titre Un conte de fées

Année de publication 1845

Genre comédie en trois actes mêlée de chants

Collaborateur(s) De Leuven et Brunswick

Epoque du récit Gênes, 1640

Résumé La marquise de Villani, soixante ans bien sonnés, riche héritière auprès de laquelle soupirent le chef de la police, Malvoglio, et le chevalier Rafaello Garucci, séducteur sans le sou, doit présenter l'élu de son cœur au cours d'une fête qu'elle donne dans son palais de Gênes : ce sera le chevalier. Le piège qu'elle a tendu au jeune homme - car c'en est un - a été ourdi avec la complicité d'une petite bohémienne, Zina (Acte I). Après un moment d'ivresse où il couvre de largesses ses créanciers, Rafaello comprend vite qu'il est dans une prison dorée. Zina lui propose alors d'endormir son épouse, pour qu'il puisse lui dérober la clé qui le retient prisonnier, puis elle feint de s'être trompé d'élixir, et une marquise rajeunie - et amnésique, rentre en scène ; comme elle ne reconnaît personne, et que personne ne croit à la magie de la bohémienne, on soupçonne Rafaello d'avoir tué sa vieille épouse, et on l'arrête (Acte II). Rafaello, que l'on a fait passer pour fou, échappe à la peine capitale et écope de la prison à vie. Un seul moyen pour le sauver, selon Zina : redonner à la marquise ses soixante ans. Celle-ci feint d'hésiter, pour tester l'amour du chevalier, puis semble accepter le sacrifice ; les deux époux rivalisent alors de générosité et Rafaello préfère mourir que de ravir à la marquise sa jeunesse retrouvée. Au moment où l'on vient le saisir pour le conduire en prison, la marquise réapparaît sous les traits de sa jeune belle-fille que Rafaello avait dédaignée quelque temps plus tôt à Naples. Triomphe de l'amour (Acte III).

Analyse Le "conte de fées" dont il est question dans le titre est celui que la marquise commence au premier acte (le jeune et beau chevalier Ramire qui a fait vœu de chasteté ne devra son salut qu'au mariage que lui propose la vieille princesse de Murcie), et qui trouve sa conclusion au troisième, avec la métamorphose de la vieillarde en jeunette aguichante. Le spectateur pressent vite le stratagème, et le dénouement, de cette bluette sans prétentions à laquelle Dumas prêta la main : selon Claude Schopp, c'est même lui qui la lut au Théâtre-Français où elle avait été reçue le 25 septembre 1843 ; ne voyant rien venir, notre auteur devait la porter ensuite aux Variétés où elle fut représentée un an et demi plus tard, le 29 avril 1845. Les auteurs ont emprunté le nom du personnage principal au Rafael Garuci (sic) des Marrons du feu de Musset, mais la comparaison s'arrête là. Conformément à l'esthétique du vaudeville, un genre familier à Dumas et de Leuven depuis vingt ans, la pièce est mêlée de chants écrits sur des airs à la mode, et sur la couverture de la plaquette éditée par Tresse l'année de la création (l'unique édition du texte) elle est même expressément désignée comme une comédie-vaudeville. À la dernière page de cette édition, un "Avis essentiel des auteurs" stipule que "le rôle de la Marquise de Villani appartient à l'emploi des fortes jeunes premières (jeunes)" : une formulation redondante qui laisse le lecteur d'aujourd'hui rêveur sur les formes et la corpulence de Mlle Déjazet, qui créa le rôle. Parfois présentée comme la "reine du vaudeville", ou un modèle de la grisette, Virginie Déjazet avait déjà 47 ans à ce moment-là. Dumas, de Leuven et Brunswick renoueront avec le genre une dernière fois en faisant jouer Ouistiti, au Vaudeville, le 1er octobre 1851, une pièce qui ne sera jamais publié.

François Rahier

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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