Le fils de l'émigré | Vous êtes ici : Accueil
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Titre
Le fils de l'émigré Vingt-deux ans plus tard, devenu secrétaire de l'émigré, Georges quitte Francfort en compagnie de sa maîtresse Thérèse pour retrouver sa mère et exiger sa part. Mais l'armurier a fait faillite et s'est suicidé. Thérèse pousse Georges à dérober la cassette contenant le pécule familial. Ruinés, ne pouvant acquitter les créanciers, Catherine Humbert et Jules, son second fils, quittent Brienz en compagnie du fidèle Patrot (Acte I). À Paris, un an plus tard: Georges s'est ruiné au jeu, Thérèse le trompe avec le banquier Valin. de Bray, devenu agent secret des Bourbons, intrigue contre Valin qui l'a démasqué; il demande à Georges d'entrer secrètement chez le banquier pour récupérer des papiers compromettants (Acte II). Patrot, établi serrurier à Paris, révèle à Jules, le second fils de Grégoire Humbert, le terrible secret de famille. L'adolescent veut provoquer de Bray en duel. On apprend alors l'arrestation de Georges: entré par effraction chez le banquier, il y a trouvé sa maîtresse et l'a tuée. C'est à ce moment que de Bray découvre l'identité de Georges (Acte III). Le fils de l'émigré est condamné à mort.
Il refuse le sauf-conduit qu'a obtenu de Bray et fait ses adieux à
sa mère. À la Conciergerie, Catherine fait monter Jules
sur une table pour qu'il assiste à l'exécution et en tire
un enseignement (Acte IV). Écrit à la demande de Mlle Georges qui « en avait assez de jouer des reines », ce mélo trépidant avec mari trompé, bâtard emblématique, crime de sang et guillotine, sur fond d'épopée révolutionnaire et de Restauration corrompue, fut écrit par Dumas sur une idée d'Anicet-Bourgeois. Bien qu'ayant rédigé tout seul le prologue et les trois premiers actes, il ne signa pas la pièce, car il avait déjà plusieurs fers au feu et ne voulait pas donner l'impression d'écrire en même temps pour tous les théâtres de la capitale. Victime d'une cabale royaliste le drame tomba alors que les spectateurs se levaient au prologue, enflammés par La Marseillaise jouée derrière la scène pour rythmer la marche des soldats de la république. En 1832 si La Marseillaise est interdite, la censure n'est pas encore rétablie. Dumas donne libre cours à sa fibre républicaine, opposant les vertus populaires à la corruption de l'aristocratie déchue. En même temps, son drame surmonte le manichéisme propre au théâtre militant. Son véritable héros, c'est Georges, le fils de l'émigré, chez qui se mêle au sang du peuple le « sang impur » des oppresseurs, enfant illégitime, bâtard comme Antony, Richard Darlington et bien d'autres ensuite dans le théâtre de Dumas. Après son crime, refusant le sauf-conduit qui lui sauverait la vie, il voit dans l'échafaud le chemin de la rédemption, à la manière, dix-huit ans plus tard, des deux réprouvés du Vingt-quatre février. Déjà s'esquisse en filigrane la réflexion dumasienne sur la peine de mort. La pièce n'est pas sans défaut, cependant. Les caractères ne sont qu'esquissés, et celui de Georges pâlit derrière la figure démoniaque de de Bray. On sent que Dumas hésite, il hésite entre Patrot ou Jules, d'un côté, de Bray et Georges de l'autre, entre la réserve du drame bourgeois et les outrances du mélo romantique. Demeuré inédit, le texte fut retrouvé en 1904 par L.-H. Lecomte qui en publia le quatrième acte dans sa biographie d'Alexandre Dumas. 90 ans plus tard, Daniel Zimmermann exhuma des fonds de la Bibliothèque de l'Arsenal une copie complète de la pièce peut-être destinée au metteur en scène, qu'il publia chez Actes-Sud Papiers en 1995. Copie sans doute imparfaite, il y a des répétitions, des négligences de style, et il n'est pas jusqu'à la structure en quatre actes, inhabituelle pour un drame chez Dumas (il n'y aura recours que trois fois, plus tard, et pour trois comédies) qui ne trahisse l'inachèvement. Quoi qu'il en soit, il s'agit d'un maillon important du continent en grande partie encore englouti du théâtre inédit de Dumas père. François Rahier |
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