Titre
Jeannic le Breton, ou le gérant responsable
Année de publication
1842
Genre
drame en cinq actes et en prose (Porte-Saint-Martin, 27 novembre 1841)
Collaborateur(s)
Eugène Bourgeois
Epoque du récit
1798 (le Directoire)
Résumé
Nous sommes en 1798, en Bretagne ; le Directoire a succédé
à la Convention, et la paix s'annonce ; les "affaires"
reprennent. Deux arrivistes, le Comte et le Chevalier, tentent d'intéresser
le chouan Jeannic à un projet de périodique royaliste tandis
que le journaliste républicain Fabien s'apprête à
gagner Paris, laissant en Bretagne la fille du chouan, Marie, dont il
est épris (Acte I). Jeannic, homme d'action avant tout - et illettré,
refuse la proposition des deux comparses, puis finit par accepter pour
sa fille, qu'il croit attirée seulement par les supposées
beautés de la capitale (Acte II). Quelques mois plus tard, le journal
royaliste que gère Jeannic sous le nom de Mauclerc se livre à
de basses attaques contre ses ennemis politiques, et, à la suite
d'un procès pour calomnie, Jeannic est emprisonné (Acte
III). Peu après, les desseins du Comte et du Chevalier aboutissent
: vendu au Directoire le journal s'en prend aux républicains sincères,
et les deux complices bénéficient d'importants dessous de
table. Ulcéré par les attaques dont sa famille est la cible,
Fabien provoque Jeannic (Acte IV). Le matin du duel celui-ci découvre
la vérité, se retourne contre le Chevalier, qu'il tue. Fabien
épouse Marie et Jeannic retourne en Bretagne (Acte V).
Analyse
C'est Quérard qui crédite Dumas de cette pièce tout
à la gloire des chouans et de l'enracinement terrien, mais également
d'un ordre social suranné ; nous sommes loin ici du "théâtre
républicain" de notre auteur (même s'il y a un héros
positif du côté de la République), et de ses bâtards
magnifiques ! Sans doute n'y mit-il qu'une main distraite, à une
époque où, briguant un siège à l'Académie,
il s'était condamné au plus absolu silence, de peur que
le moindre écart, ou une uvre de peu de mérite littéraire,
ne le desservent auprès des Immortels. Et il est vrai que ces deux
années 1840-1841 furent silencieuses en particulier sur le plan
dramatique ! Jarvis l'honnête
homme avec Charles Lafont, et, dix-huit mois après, Jeannic-le-Breton
avec Eugène Bourgeois : deux pièces non signées,
deux pièces surs sinon jumelles, centrées sur deux
hommes simples, deux pères vivant seuls avec leur fille, deux hommes
honnêtes et responsables dont l'honneur est terni, d'une manière
ou d'une autre. La marque de fabrique "Dumas", c'est dans cette
commune inspiration qu'on la trouve. Au reste, Jeannic-le-breton,
mieux charpentée que Jarvis,
propose un intéressant plaidoyer sur l'éthique de la presse
qui sonne bien aussi son Alexandre. On sait peu de choses du Breton Eugène
Bourgeois dont c'est la seule collaboration avec Dumas. Ce jeune notaire
né à Morlaix en 1818 et mort à 29 ans aura eu une
notoriété posthume surtout grâce aux pièces
écrites avec son compatriote Émile Souvestre, en particulier
Le Pasteur ou l'Évangile et le foyer
dont Verdi utilisera la trame dans son opéra Stiffelio.
Dans son Histoire de l'art dramatique en France
depuis 25 ans, qu'il publie en 1859, Théophile Gautier est
assez sévère avec la pièce dont il dit que le succès,
à la réception, est dû tout entier à Bocage,
interprète du rôle titre.
François Rahier
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