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Titre La jeunesse de Pierrot ou Le roi de Bohème

Année de publication 1854

Genre Conte

Collaborateur(s) -

Epoque du récit «Il était une fois...»

Résumé Un soir d'hiver, dans la forêt de Bohème, un bûcheron trouve sous la neige un enfant au visage et au costume blanc. Il le ramène dans sa chaumière et là, sentant l'odeur du dîner, le petit garçon se jette sur la marmite, dévore son contenu puis s'endort. Le lendemain, la femme du bûcheron raconte au marché la gloutonnerie de l'enfant. Le récit fait le tour du village puis de la ville où il parvient amplifié et déformé: un monstre a dévoré plusieurs bûcherons dans la forêt.

Le Roi vient en ville. Il est accompagné de la Reine, de son Grand Ministre Alberto Renardini, de sa fille Fleur d'Amandier et du méchant et hideux prince Azor qui est fiancé à cette dernière. A leur arrivée, les citadins se sont enfuis de peur d'être dévoré par le monstre; Azor est persuadé qu'il est l'objet d'une mystification; furieux il quitte le cortège.

Le Roi apprend l'existence du monstre et décide d'aller le tuer. En route, il croise une vieille mendiante qui lui demande la charité. Le roi lui donne sa bourse et Fleur d'Amandier son beau collier de perles. La vieille disparaît, le Roi retrouve sa bourse dans sa poche et Fleur d'Amandier son collier autour de son cou. Renardini, en revanche, a perdu ses sequins.

Ils rencontrent un petit pâtre du nom de Cœur d'Or qui leur raconte que le monstre n'est autre qu'un petit garçon tout blanc. Cœur d'Or accompagne le Roi et sa suite chez les bûcherons. Le Roi emmène tout le monde dans son palais, appelle l'enfant Pierrot et le nomme grand échanson. Cœur d'Or est nommé grand écuyer.

Le Roi organise un grand bal au cours duquel Pierrot, qui a beaucoup grandi, fait tomber Renardini. Furieux, il le provoque en duel. Pierrot sort vainqueur. Le Roi le nomme Grand Ministre et donne un gala en son honneur. Au cours d'une promenade sur le lac, un petit poisson rouge s'approche du bateau. Le Roi demande à Pierrot de l'attraper avec son filet. Mais le poisson entend la conversation et met en garde le Roi: de grands dangers le guettent. La barque est renversée. Pierrot sauve la Reine en croyant sauver Fleur d'Amandier et c'est Cœur d'Or qui sauve la princesse et le Roi. Pierrot est nommé grand Amiral, et Cœur d'Or est armée chevalier.

Pierrot est populaire, ce qui rend le Roi jaloux. Renardini accuse Pierrot de vouloir tuer le Roi. Heureusement Pierrot parvient à déjouer le complot. Renardini accuse alors Pierrot de vouloir empoisonner le Roi pour épouser la Reine. Furieux, le Roi envoie Pierrot chez Azor et enferme la Reine dans une tour.

Azor tente de tuer Pierrot à plusieurs reprises, sans succès. Ses expériences sanguinaires sont arrêtées par l'arrivée d'une lettre qui lui annonce qu'il peut se saisir de la Bohème. Pierrot s'échappe et arrive au palais à temps pour surprendre Renardini en train de garrotter le Roi. Azor arrive et le combat s'engage. La mendiante survient plusieurs fois pour conseiller le Roi et l'aider à battre Azor. Enfin, Renardini déclare qu'Azor est venu épouser Fleur d'Amandier.

Le Roi accepte de lui donner sa fille à condition qu'il participe à un tournoi. Pierrot et Cœur d'Or lancent un défi à Azor. A la première joute, Pierrot est défait. Cœur d'Or tue Azor et est blessé. Fleur d'Amandier se précipite en larmes auprès du vainqueur, son désespoir révèle à tous ses sentiments pour Cœur d'Or. Pendant ce temps Pierrot découvre sur Azor une lettre prouvant la traîtrise de Renardini.

Le roi décide de donner une pension à la vieille mendiante; il découvre alors qu'elle est la fée du lac qui lui promet un fils pour l'année à venir. La fée du lac demande à Pierrot de bien vouloir consacrer sa vie à la joie des petits enfants. Celui-ci hésite car il aime Fleur d'Amandier, puis accepte et quitte la Bohème. Cœur d'Or hérite des terres d'Azor et épouse Fleur d'Amandier.

Analyse Dans une petite introduction, Dumas nous apprend que l'auteur de ce conte, qui fut publié initialement sous le titre de Le roi de Bohème, n'est autre... qu'Aramis qui l'a écrit pour les enfants de Madame de Longueville! Dumas en profite alors pour faire la promotion de ses autres romans écrits pour les parents de ses petits lecteurs, ce qui est assez drôle quand on sait que de nos jours Les trois mousquetaires sont parfois considérés comme un livre pour enfants!

Ce conte est une charmante histoire dédiée aux enfants. S'y mêlent le burlesque, les situations absurdes et comiques, et des personnages plus grotesques les uns que les autres. Le Roi est à la fois bon et naïf, il se laisse mener par le bout du nez par son perfide ministre et semble plus enclin à s'amuser et à faire de bons repas qu'à gouverner son royaume; Renardini est, comme l'indique son nom, rusé, malin sournois et prêt à tout pour acquérir plus de pouvoir et plus d'argent; la Reine ne s'intéresse qu'à ses oiseaux, elle est presque stupide et se laisse porter par les événements sans broncher; Azor est méchant et sanguinaire, son acharnement à vouloir tuer Pierrot qui pourtant lui a rendu service est comique par excès de cruauté; Fleur d'Amandier est la parfaite princesse, belle, douce, généreuse; Cœur d'Or est le parfait chevalier, noble, courageux et prêt à tout pour venir en aide à sa bien aimée. Quant à Pierrot, il est à la fois courageux, fidèle, malin et rusé, habile et comique: il fait le bonheur des petits enfants.

Bien entendu, comme dans tout conte qui se respecte, il y a une fée qui passe le plus clair de l'histoire sous la forme d'une vieille mendiante ou d'un petit poisson rouge. Quant au dragon, il est remplacé par des animaux terrifiants peints sur les murailles de la ville et qui, sous l'action de la magie, crachent des gerbes de flammes sur l'armée du prince Azor.

L'ensemble est à la fois drôle et tendre, on ressent de la part de l'auteur (Aramis ou Dumas, comme vous voudrez!) un véritable amour des enfants. Pierrot leur ressemble, on ne sait pas vraiment quel est son âge: c'est presque un bébé au début de l'histoire mais ses actions sont celles d'un homme qui aime sculpter des jouets et se sortir de situations difficiles par des pirouettes.

C'est une histoire très plaisante, à la fois tendre et naïve, amusante et un peu triste. Un excellent moyen de retrouver cette âme d'enfant que Dumas n'a certainement jamais perdue.

Delphine Dubois

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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