Misanthropie et Repentir | Vous êtes ici : Accueil
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Titre Misanthropie et Repentir Analyse Dernière collaboration Dumas-Nerval (si l’on excepte la citation amicale de fragments du Nicolas Flamel de Gérard dans La Tour Saint-Jacques), cette œuvre est adaptée du Menschenhass und Reue, de Kotzebue, joué en 1789 à Berlin. Dès 1853 l’idée était dans l’air ; on sait par une lettre de Dumas à Mme Porcher qu’il pensait aussi proposer à Desnoyers de collaborer à l’ouvrage, et prenait contact en même temps avec Holstein, alors directeur du Théâtre de la Gaîté (fonds Glinel R 8 169). Le Putnam’s Monthly Magazine de New York, dans son volume II de juillet-décembre 1853, révélait de son côté : “Alexander Dumas is at work on a translation of the dramas of Kotzebue. As he does not know a word of the original, he employs a German who puts it into French, after which our Alexander the Great comes in to polish and finish the job”. Mais c’est Nerval qui s’y attaque le premier, sans doute à la demande de la Comédie-Française. Sa traduction est ensuite confiée à Dumas pour un travail de « rabibochage » ; il est convenu avec Verteuil, secrétaire de la Comédie-Française, qu’on laissera l’entière paternité du drame à Nerval. Dumas traîne, tergiverse, demande à être nommé et payé pour la pièce, et avoue un jour à Houssaye qu’il vient de refaire le premier acte parce qu’il a perdu le manuscrit. Nerval, dans une lettre à Bell, s’inquiète du sort de l’œuvre. Mais c’est le moment où la folie l’entraîne. Son suicide, le 26 janvier 1855, ramène Dumas à ce qu’il pense être alors un dernier devoir envers l’ami. Il retravaille le manuscrit de février à juillet 1855, le 23 juillet une copie de la pièce est enregistrée par la censure, et la création a lieu le 28 ; l’œuvre est représentée 4 fois dans sa version en cinq actes, puis 6, à partir du 11 août, dans une réduction à trois. L’adaptation, qui resserre l’action autour de l’Inconnu, en délaissant les scènes anecdotiques, met bien en évidence l’intérêt de Nerval pour le caractère du mélancolique. Dumas avait publié l’emblématique « El Desdichado » de son ami dans Le Mousquetaire en 1853: depuis longtemps le « luth constellé » de Gérard « porte le soleil noir de la mélancolie »… La pièce avait auparavant été traduite par une certaine Madame Bursay, et « refaite » pour la scène par Julie Molé-Léger, comtesse de Vallivon (1789-1832). Une attribution douteuse… En décembre 1862, Misanthropie et Repentir fut repris à l’Odéon dans une autre traduction, due à Alphonse Pagès cette fois. Le critique Charles Monselet, ami de Nerval, note dans un article « Il y a tant de souvenirs attachés à cette pièce ! Il y a même plus, il y a comme une fatalité douloureuse. N’est-ce pas en effet, peu de temps après avoir traduit, lui aussi, le drame de Kotzebue pour la Comédie-Française, que Gérard de Nerval fut trouvé pendu, une nuit d’hiver ? » Le texte traduit par Nerval et revu par Dumas est resté inédit, à l’exception du premier acte publié en 1996 dans Les Cahiers - Comédie-Française, n° 18, pp. 7-16, aux éditions P.O.L. La comparaison du manuscrit déposé à la Bibliothèque de la Comédie-Française avec celui qu’on trouve aux Archives nationales laisse apparaître un certain nombre de variantes.
François Rahier |
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