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Titre Les Mohicans de Paris. Parfois édité en deux parties : Les Mohicans de Paris et Salvator ou Salvator le commissionnaire.

Année de publication 1854-1859

Genre Roman

Collaborateur(s) Paul Bocage

Epoque du récit 1827-1828. Epilogue en 1830.

Résumé Comment, lors du Mardi Gras de 1827, trois compères (Jean Robert le poète, Ludovic le médecin et Pétrus le peintre) font la connaissance de Monsieur Salvator, de son état commissionnaire rue aux Fers et bien plus que cela ; comment ils favorisent les amours du sympathique musicien Justin, et ne négligent pas les leurs propres ; comment nos héros (sans oublier le chien Roland) découvrent la vérité sur l'horrible assassinat, en 1820, de la famille Tardieu ; comment , au service de la Charbonnerie, ils mènent la vie dure aux sbires du roi Charles X, et en particulier au policier Jackal (qui ressemble fort à Vidocq, et qui n'a pas tort de répéter en toute affaire « Cherchez la femme ! ») ; comment Salvator règle de vieux comptes avec l'exécrable famille des marquis de Valgeneuse ; comment l'histoire finit par des chansons, et même par un opéra ; tout cela, et bien plus, s'entremêle et se tient parfaitement, avec (entre autres), dans leurs propres rôles, Chateaubriand, La Fayette et Napoléon II.
Analyse L'édition Gallimard de 1998, en deux volumes dans la collection Quarto, est accompagnée d'excellentes notes et postface de Claude Schopp, dont est plagiée la plus grande partie de ce qui suit.

Le titre fait songer à un croisement entre Les Mystères de Paris d'Eugène Sue (dont le héros, le prince Rodolphe, ressemble quelque peu à Salvator) et Le Dernier des Mohicans, le western de Fenimore Cooper publié en 1826. Les Mohicans du Far West parisien, ce sont les riches rapaces tels que les Valgeneuse ; ce sont aussi les miséreux, qui forment la piétaille des troupes de Salvator ; ce sont enfin et surtout les jeunes artistes progressistes qui rappellent fortement la jeunesse de Dumas lui-même. Le roman est avant tout un formidable tableau du Paris de 1827. Pas moins de sept histoires se mêlent dès le prologue, on va du plus haut au plus bas de l'échelle sociale, le lien étant assuré par les histoires d'amitié ou d'amour entre personnes de milieux différents, et surtout par l'omniprésent commissionnaire de la rue aux Fers.

Tout est masque dans ce monde. Salvator n'est pas le seul personnage à avoir une identité et une hérédité secrètes qu'on découvrira progressivement. Les liens familiaux sont d'autant plus difficiles à définir que les interdits sexuels sont transgressés : inceste, adultère… Plus généralement, toutes les apparences sont fausses : le philanthrope est un assassin, l'assassin est un héros.

Les identités multiples et changeantes des personnages rattachent le roman au conte de fées. On reconnaît l'ogre, la sorcière, la princesse… Mais les références invoquées par l'auteur lui-même sont plutôt littéraires : le roman abonde en types shakespeariens. Plus simplement, il s'inscrit dans l'univers de Dumas : Salvator cherche vengeance comme Monte-Cristo, tout en préparant secrètement la Révolution comme Joseph Balsamo, et il a ses mousquetaires en la personne de Jean Robert, Pétrus, Ludovic et Justin.

Le roman se déroule de 1827 à 1830, mais Dumas ne le continue pas jusqu'à l'époque où il écrit : nous ne saurons pas comment Salvator et ses amis auraient réagi au coup d'Etat de Bonaparte en 1851. Toutefois, en écrivant, sous le Second Empire, un roman dont le héros est un conspirateur républicain, l'auteur affirme sa foi dans la République.

On ne s'étonnera pas que ce roman soit le plus long de Dumas. On n'oubliera pas non plus qu'il a donné lieu en 1973 à un feuilleton télévisé par Bernard Borderie et Gilles Grangier, Les Mohicans de Paris. Il y a eu en 1975 une suite à ce feuilleton, Salvator et les Mohicans de Paris, dont le scénario ne doit rien à Dumas mais où l'on retrouve notre héros sous le règne de Louis-Philippe.

Vincent Mollet
© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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