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Titre Souvenirs d'Antony

Année de publication 1835

Genre Nouvelles

Collaborateur(s) -

Epoque du récit multiples

Résumé Cherubino et Celestini Dans la Calabre du début du XIXe siècle, le bandit Jacomo et sa bande sont coincés sur une crête aride et isolée, encerclés par les Français. Cependant, malgré le manque évident de nourriture et l'impossibilité d'un ravitaillement, les bandits continuent à résister sans montrer le moindre signe de famine. C'est par la trahison d'un des bandits, Antonio, que les Français apprennent que les bandits volent leur nourriture à un couple d'aigles. Aussi, une fois les aigles abattus par les Français, les bandits n'ont d'autres choix que de tenter de s'enfuir, les membres du groupe ayant refusé de livrer leur chef contre la vie sauve.

L'idée de Jacomo requiert toutefois un silence absolu. Or, son enfant qui est encore un nourrisson pleure dans les bras de sa mère. Alors pour le faire taire, il lui fracasse la tête devant la pauvre femme qui résiste stoïquement à la douleur... Seulement lorsqu'ils sont saufs, elle le tue dans son sommeil et rapporte sa tête aux Français qui lui donnent en échange la récompense de 3000 ducats. Elle finira sa vie au couvent.

Quel rapport avec le titre, Cherubino et Celestini? C'est en fait ainsi que s'appelaient Jacomo et son premier adjoint (qui vient juste de mourir au début du récit) avant de devenir des fameux bandits recherchés dans toute la Calabre... Précisons que l'on peut trouver cette histoire en trois parties distinctes: Cherubino et Celestini; Antonio; Maria.

Le cocher de cabriolet Voir Nouvelles contemporaines

Blanche de Beaulieu Voir Nouvelles contemporaines

Un bal masqué Voir fiche individuelle

Don Martin de Freytas Au Portugal, le roi Don Sanche II, à force de délaisser les affaires de l'Etat au profit de ses plaisirs personnels, se voit destitué par les nobles de son royaume en faveur de son frère Alphonse III. Délaissé par tous, sa maîtresse tuée, l'ex-roi trouve refuge à Tolède. Or, un homme refuse de prêter allégeance au nouveau roi. Il faut dire que Don Martin de Freytas avait juré au père de Don Sanche de toujours rester fidèle à son fils, quelles que soient les circonstances. En vertu de ce serment, il résiste pendant des mois et des mois dans sa forteresse assiégée, refusant de rendre les clés. Ce n'est que lorsqu'il est certain de la mort de Don Sanche qu'il va les rendre à Alphonse, et préfère devenir moine plutôt que de prêter à nouveau serment.

Le curé Chambard Le curé Chambard entend un jour une confession qui le bouleverse. Etant invité chez ses voisins ce soir-là, il s'y rend avec réticence. Quand au cours de la soirée, on ramène le corps du maître de maison sauvagement poignardé, les enfants du mort ne doutent pas que le curé sache qui est l'assassin. Connaissant son manque de courage, ils lui font peur et le curé trahit le secret de la confession, révélant ainsi l'identité du coupable, qui est condamné au supplice de la roue. Seulement, les fils du mort sont eux aussi punis ainsi que le curé qui, pour avoir manqué à ses devoirs, est brûlé vif. Voilà pourquoi l'Eglise « défend d'ordonner prêtre quiconque ne jouirait pas de ses qualités physiques et intellectuelles »...

Marianna (d'après Pouchkine) Dans un  petit village du gouvernement de Valins arrive le capitaine Zodomirsky qui souffle ainsi sa promotion au sous-lieutenant Stam. Celui-ci, déjà taciturne et froid, est en plus amoureux sans espoir de la belle Marianna Ravensky qui n'est autre que la maîtresse du capitaine. Sous un prétexte futile, il provoque en duel le capitaine. Désespérée, Marianna essaye de dissuader son amant de se battre, mais son sens de l'honneur ne lui permet pas de se désister. Or Stam ne charge aucun des pistolets, voulant juste voir le visage que son adversaire aurait en face de la mort. Les officiers présents sont outrés d'un tel manquement à l'honneur et décident de le renvoyer du régiment. Stam quitte donc le lieu du duel et passe ainsi sous les fenêtres de Marianna qui est persuadée que son amant a succombé. Elle tombe alors sans vie au grand désespoir du capitaine.

Maître Adam le Calabrais A une époque Maître Adam, peintre des madones, a eu son heure de gloire mais depuis que ses madones ne font plus de miracles, il vit misérablement avec sa fille Gelsomina et sa femme, son fils étant militaire. Par un soir d'orage, on frappe à sa porte. D'abord il ouvre à un beau jeune homme couvert de sang, le brigand Marco Brandi, qui fait un effet prodigieux sur la jeune fille, puis c'est au tour des gendarmes qui ramènent le fils de Maître Adam grièvement blessé par... le brigand! Soignés tous deux par Maître Adam et sa fille, les jeunes gens se remettent petit à petit. Un beau jour, Marco, ayant décidé d'épouser Gelsomina, part en vue de démissionner de son poste de chef des bandits.

Cependant la situation financière de maître Adam est devenue telle qu'il décide de feindre la mort pour échapper à ses créanciers. Avant son enterrement, il est placé dans l'église et la nuit il assiste au partage de leur butin par des brigands. Il les effraye tant en sortant de son cercueil qu'il les fait fuir et prend alors parti de leur voler leur trésor. Malheureusement, les gendarmes arrivent à ce moment-là et l'arrêtent. En apprenant cette nouvelle, Marco Brandi se livre pour sauver son futur beau-père. Gelsomina convainc le juge de la laisser l'épouser avant l'exécution. Miraculeusement ou plutôt grâce à une ruse d'un prêtre, il est sauvé juste avant d'être mis à mort...

Invraisemblance ou Histoire d'un mort racontée par lui-même Trois amis sont dans un atelier la nuit et l'un des trois, qui est médecin, raconte une histoire qu'il jure lui être arrivée. Un beau soir, il est appelé au chevet d'une femme magnifique qui souffre en fait d'un chagrin d'amour. Il en tombe éperdument amoureux mais meurt brutalement. C'est alors qu'il est réveillé dans sa tombe par Satan qui le ramène à la vie et lui fait revoir cette femme et passer une nuit merveilleuse avec elle. Le lendemain quand il cherche à la revoir, on lui apprend qu'elle est morte depuis plusieurs jours! Et alors que se passe-t-t-il ensuite? Il se réveille...

Une âme à naître Voir Contes pour les grands et les petits enfants

Le chasse-neige (d'après Pouchkine) Marie Gabrielovna et Vladimir s'aiment malgré le refus des parents de Marie d'entendre parler du jeune homme comme prétendant. Ils décident donc de se marier en cachette. Mais le soir où ils doivent s'unir, une terrible tempête de neige empêche Vladimir d'arriver à temps. Le lendemain, Marie est prise d'une fièvre intense et dans son délire, elle parle de Vladimir qui refuse de venir auprès d'elle lorsque ses parents le lui demandent. Quelques années plus tard, le père de Marie meurt et elle déménage pour un autre endroit. Elle refuse tous les partis jusqu‘à ce qu'elle tombe sous le charme de Bourmine, qui lui annonce qu'il ne peut l'épouser parce qu'il est déjà marié. Lorsqu'il lui raconte son histoire, elle apprend qu'en 1812, un soir de tempête pendant laquelle il se perdit, il se retrouva marié sans bien saisir ce qui lui arrivait à une jeune fille à moitié évanouie qu'il entrevit à peine. Et c'est alors que Marie se reconnaît et retrouve donc son mari!

Les fous du docteur Miraglia Un soir que Dumas était à Naples, il assista à une représentation théâtrale un peu particulière. En effet, les acteurs étaient tous fous et patients du docteur Miraglia. Dumas raconte alors sa rencontre avec le docteur et présente tous les protagonistes de la pièce ainsi que leur folie et la façon dont s'y prend le docteur pour se servir au mieux de cette démence.

Le faiseur de cercueils (d'après Pouchkine) Antoine Prokorof est faiseur de cercueils. Un jour qu'il boit plus que de raison, il porte un toast aux morts, mais personne ne le suit. Vexé, il invite les morts à souper à minuit le lendemain soir et s'endort. Quelle n'est pas sa surprise quand, minuit venu, tous les morts viennent chez lui pour souper... Complètement terrorisé, il les chasse et va se coucher. Le lendemain, il se réveille et ne respire que lorsque sa servante le détrompe sur la réalité de son rêve.

Un coup de feu (d'après Pouchkine) Dans une garnison militaire d'un bourg de Russie, Silvio, un ancien militaire, partage les fêtes des officiers. Bizarrement il refuse de se battre en duel bien qu'il ait été offensé. Il explique à un jeune homme qu'il a en sympathie, qu'il a un duel en cours commencé il y a six ans et que l'heure est bientôt venue de le terminer. Cinq ans plus tard, ce jeune apprend la fin de l'histoire. Non seulement Silvio a voulu recommencer le duel pour ne pas prendre en traître son adversaire, mais celui-ci l'ayant raté il lui a laissé la vie sauve.

Analyse Tout d'abord, précisons que cette fiche a été réalisée selon Souvenirs d'Antony de l'édition Levasseur. Mais l'édition originale de 1836 comprenait seulement les titres suivants:

- Cherubino et Celistini
- Le cocher de cabriolet
- Blanche de Beaulieu
- Un bal masqué
- Jacques I et Jacques II
- Bernard
- Don Martin de Freytas
- Le curé de Chambard

Il manque donc dans l'édition Levasseur Jacques I et Jacques II ainsi que Bernard. On y trouve en plus, en revanche:

- Marianna (1859)
- Maître Adam le Calabrais (1839)
- Invraisemblance (1844)
- Une âme à naître (1844)
- Le chasse-neige (1859)
- Les fous du docteur Miraglia (1860)
- Le faiseur de cercueils (1859)
- Un coup de feu (1859)

Si l'on se réfère aux dates de parution de ces derniers écrits, ils sont postérieurs à 1835 pour la plupart, ce qui amène à penser qu'il s'agit là de rajouts des éditions Levasseur. Il est donc bien compliqué de s'y retrouver dans toutes ces éditions...

Quelques exemples de ces difficultés: certaines nouvelles ont déjà été publiées sous d'autres titres. Ainsi Cherubino et Celestini a été publié la première fois dans le Livre des cent-et-une nouvelles sous le nom Les enfants de la madone; Le cocher de cabriolet figure aussi dans le recueil précédent, ainsi que dans les Nouvelles contemporaines sous le nom de Marie; Blanche de Beaulieu est aussi parue dans la Revue des deux mondes en 1831 sous le nom de La rose rouge. D'autres ont été mises dans certaines éditions pour compléter un volume... Il n'y a pas à dire, Dumas – et ses éditeurs - savaient s'y prendre pour faire du neuf avec du vieux.

D'autre part, quatre nouvelles sont en fait des traductions d'écrits de Pouchkine, poète russe envers lequel Dumas avait une grande admiration pour l'œuvre mais aussi pour la façon dont il est mort, tué lors d'un duel... Il s'agit de Marianna, Le chasse-neige, Le faiseur de cercueils et Un coup de feu, parus après le voyage de Dumas en Russie.

Le curé de Chambard, lui, a été inspiré par un courrier reçu à la suite de la publication de ses crimes célèbres. Quant à Adam le Calabrais, c'est à la vision d'une de ses œuvres en Calabre que Dumas s'est fait raconter sa vie par son guide.

Toutes ces nouvelles sont de tailles et d'inspiration différentes même si certaines ont des points communs géographiques. Il n'empêche que tous ces écrits sont intéressants, certains émouvants, d'autres très drôles (comme Maître Adam le Calabrais). On retrouve les thèmes chers à Dumas, à savoir l'honneur, l'amour, la vengeance, la fidélité...

En ce qui concerne le titre, il semblerait que ces nouvelles aient été écrites par Dumas pendant le temps où sa pièce Antony connaissait un grand succès, si l'on se réfère au contenu de l'édition originale, bien entendu.   

Nicole Vougny

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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