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Titre Sultanetta

Année de publication 1859

Genre Roman

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 1819-1828

Résumé En ce mois de mai 1819, le khan Ackmet sillonne le Caucase pour inciter ses habitants à la révolte contre les Russes. Venu chez Ammalat-beg pour essayer de le convaincre, il y tue un officier russe. Les représailles des Russes les obligent à fuir et à se réfugier chez le Khan dans les montagnes. Là, Ammalet-beg tombe éperdument amoureux de Sultanetta, la fille d'Ackmet-khan.

Mais la guerre reprend vite ses droits et sépare les amoureux. Battus par les Russes après une résistance héroïque, les Tchétchènes survivants, dont Ammalet-beg, sont capturés et condamnés à mort. Celui-ci est sauvé par le jeune colonel Verkovsky qui le prend en amitié et en fait son serviteur.

Ammalet-beg se désespère de ne plus voir sa bien aimée. Quand il apprend que Sultanetta se meurt, ayant obtenu la permission du colonel, il court à son chevet et la ramène à la vie.

Cependant une nouvelle séparation est inéluctable. En effet Ackmet-khan refuse que sa fille épouse un ami des Russes. De plus, il ne donnera sa fille qu'à celui qui aura tué le colonel Verkovsky. Partagé entre son honneur, sa reconnaissance envers son sauveur et son amour pour Sultanetta, Ammalet-beg hésite longtemps avant que des rumeurs lui fassent croire à une traîtrise des Russes envers lui. Il tue alors le colonel et apporte sa tête aux pieds du khan mourant qui le maudit. Horrifiée, Sultanetta le chasse et Ammalet, désespéré et poursuivi par le remords, disparaît. Ce n'est qu'en 1828 que l'on assistera à sa mort sur un champ de bataille aux cotés des Turcs contre les Russes.

Analyse Peu connu, Sultanetta fait partie des romans caucasiens de Dumas. Lors de son voyage dans le Caucase, il rencontra à Nijni Novgorod, le personnage de son roman Le maître d'armes, le comte Annenkov, qui lui parla d'un autre conjuré, déporté comme lui, un certain Bestuchev, auteur sous le nom de Marlinsky, de plusieurs romans. Dumas décida alors d'en adapter certains, dont Sultanetta, La boule de neige, Jane et La princesse Flora. Il ne cache d'ailleurs pas ses sources et reconnaît dans l'avant propos de Sultanetta «avoir réécrit ce roman pour le rendre compréhensible à des lecteurs français».

La première chose qui frappe à la lecture de Sultanetta c'est la poésie dégagée par le style de l'auteur. On sent dans l'écriture une note orientale qui nous transporte complètement ailleurs, non seulement par les descriptions de paysages mais par la façon de décrire des attitudes, des sentiments, des regards, des paroles...

L'étude des caractères et des coutumes des montagnards est admirable et permet de comprendre pourquoi les Tchétchènes ne pouvaient pas accepter la domination russe, ce qui est malheureusement toujours d'actualité.

Ammalat-Beg illustre parfaitement le tempérament oriental porté à l'extrême. D'abord il fait preuve d'une certaine nonchalance, porté à la rêverie, puis après avoir été mis devant le fait accompli, se révèle impétueux. L'opposition avec le jeune colonel russe est complète, notamment dans la façon de vivre leurs amours respectives. En effet, celui-ci a vu sa promise, le croyant mort, épouser un de ses amis. Ravalant son humiliation, il est resté ami du couple, ce qui fait se moquer Ammalet: lui aurait tué sa fiancée et son rival... Il ne comprend pas non plus qu'il lui écrive de longues lettres plutôt que d'aller la rejoindre...

Malgré tout, il se sent une grande dette envers ce colonel qui l'a sauvé d'une mort honteuse et qui lui fait confiance. Devant l'ultimatum du khan, il est déchiré entre sa conscience et son amour. Ce n'est qu'après maintes tergiversations qu'il se résoudra à payer le prix de son amour... pour rien.

La chute de l'histoire est terrible et nous laisse sur une impression de désolation et de pitié pour ce pauvre jeune homme. On imagine sans peine le tourment qu'il endurera durant le reste de sa vie.

Moins léger que La boule de neige, récit avec lequel il a été réédité en 2001 dans un volume intitulé Romans caucasiens, Sultanetta est cependant un très beau roman qui mériterait de sortir de l'ombre.

Nicole Vougny
© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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