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Titre Le testament de César

Année de publication 1849

Genre Théâtre

Collaborateur(s) Jules Lacroix

Epoque du récit 44 avant JC

Résumé La pièce met en scène les derniers jours de Jules César.

Prologue (chez Cythéris)
Cassius, repoussé par Cythéris, qui aime César, veut se venger. Il charge Byrrha, gladiateur corse, de tuer l'homme qui sortira de chez Cythéris après que lui-même aura jeté sa bourse par la fenêtre. Mais Cythéris, qui a deviné les funestes projets de Cassius, fait sortir Thersis, le bouffon de César, revêtu du manteau de son maître. Thersis est blessé, César pardonne à Byrrha, qui a accepté le contrat sans connaître le nom de sa victime, et aussi à Cassius. Cythéris demande à César sa couronne de laurier : elle lui en enverra une feuille pour l'avertir, chaque fois qu'elle aura vent d'un danger qui le menace.

Acte I  (La clef d'or) 
Tandis qu'il travaille avec ses secrétaires, César reçoit de Cléopâtre un coffre de livres. Il a avec Antoine un entretien au cours duquel il lui fait part de ses pressentiments concernant sa fin prochaine et lui confie la clé de l'armoire où il dépose la dernière version de son testament.

Après le départ d'Antoine, César ouvre le coffre : Cléopâtre en sort. Entre elle et César se déroule alors une scène de comédie légère. Brutus arrive, et, après avoir caché Cléopâtre derrière une porte secrète, César a avec lui une longue conversation politique.

Byrrha apporte à César de la part de Cythéris deux feuilles de laurier (deux dangers : Cléopâtre et Octave).

Acte II  (La maison de Brutus)
Brutus prend la décision d'entrer dans la conjuration contre César. Les conjurés, contre l'avis de Cassius, décident que seul César sera tué ; ils choisissent la date de l'attentat. Coup de théâtre : César arrive. Resté seul avec Brutus, César lui révèle qu'il connaît l'existence de la conjuration, mais qu'il ne fera rien pour l'empêcher. Avant de sortir, il remet à Brutus une lettre écrite par sa mère Servilie, sur son lit de mort, qui révèle que César est le véritable père de Brutus. Le premier choc passé, Brutus brûle la lettre et persévère dans son projet de tuer César pour libérer la patrie de la tyrannie.

Acte III (Le Palatin)
Un banquet réunit César, Cléopâtre, Octave et Antoine. César quitte la pièce un moment, et Cléopâtre en profite pour verser à boire à Antoine et Octave ; tandis que le premier boit, Octave, méfiant, verse sa coupe à terre. Il y avait un soporifique dans le vin, et, croyant les deux hommes endormis, Cléopâtre s'empare de la clef d'or au cou d'Antoine, prend le testament de César (en faveur de Brutus), le brûle et lui substitue un testament antérieur en faveur de Césarion, le fils qu'elle a de César. Elle sort, et Octave met un autre testament à la place de celui laissé par Cléopâtre.

César, qui a passé la tête à plusieurs reprises par une draperie entr'ouverte, a vu tout ce qui s'est passé. Il décide de laisser au destin le soin de choisir son successeur. Malgré les supplications de sa femme Calpurnia, César part pour le Sénat.

Acte IV (Les Ides de Mars)
Après l'assassinat de César, on lit le testament de César, qui désigne Octave pour son successeur. Cléopâtre, déçue, s'en retourne en Égypte.

Épilogue (Le champ de bataille)
Brutus et Cassius, vaincus, se donnent la mort. Octave et Antoine sont vainqueurs.

Antoine :  Et maintenant le monde à nous deux ?
Octave (à part) :  À moi seul ! 

Analyse Ce drame en quatre actes, en vers, avec un prologue et un épilogue, a été représenté pour la première fois à la Comédie-Française le 10 novembre 1849. Il a été écrit en collaboration avec Jules Lacroix (1809-1883), la question étant de déterminer la part de chacun des deux écrivains dans son élaboration. Dans les lettres conservées à la Comédie-Française, chacun parle de l'autre comme de son «collaborateur». La pièce est éditée dans le théâtre de Lacroix, mais un manuscrit est signé de Dumas.

Principaux personnages

César : dépeint comme un séducteur cultivé et raffiné, comme un homme blasé qui ne tient pas à défendre sa vie, comme un homme d'État clément.

Antoine : ami fidèle de César, soldat, homme sans culture ni raffinement.

Cléopâtre : coquette et intrigante, prête à tout pour assurer le trône à son fils.

Brutus : un pur, dont les actes sont uniquement dictés par l'amour de la patrie.

Cythéris : courtisane grecque, amoureuse de César.

Cassius : personnage peu sympathique, conduit par son inimitié personnelle contre César.

Le sujet est un classique : c'est au fond une réécriture de la pièce de Shakespeare Jules César. Mais il est traité ici avec un ton très varié, mêlant des éléments de la tragédie classique (tirades, monologues) et d'autres se rattachant au mélodrame (portes secrètes, emploi de somnifère, révélation d'un secret de famille ; sans oublier les objets comme la clef d'or ou la couronne de laurier, qui jouent un rôle important dans l'intrigue). Une place non négligeable est faite aussi à des scènes de comédie.

Ce qui est intéressant et amusant dans la pièce, c'est la manière dont sont utilisés les lieux communs de l'Histoire : par exemple, Cléopâtre sortant du coffre est une réminiscence de la fameuse scène du tapis, en Égypte. Le portrait de César reprend les grands traits laissés par la tradition : séduction, chef charismatique, réformateur.

En somme, une pièce très «moderne», qui mérite d'être connue, même si on n'est pas un spécialiste de l'histoire romaine. C'est même une excellente manière de faire connaissance avec cette période.

Chantal Chemla

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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