Titre
La Veillée allemande
Année de publication
1864 (Théâtre de Belleville, 21 novembre 1863)
Genre
Théâtre (drame en un acte)
Collaborateur(s)
Bernard Lopez, Kotzebue
Epoque du récit
10 octobre1815
Résumé
L'action se déroule à Fribourg, dans le duché de
Bâle. Amélie, la fille du pasteur Waldeck, se lie d'amitié
avec un proscrit recherché par la police, le capitaine Robert,
ancien soldat de Napoléon. Elle se confie à son brave homme
de père, qui voue une haine inexplicable aux Français. Il
lui raconte alors les circonstances de la mort de sa sur, quelques
années auparavant, à la suite d'un viol commis par un soldat
des armées impériales, un certain
capitaine Robert.
L'irruption d'un gendarme poursuivant le fuyard ouvre les yeux du père
qui malgré tout fait son devoir et cache le proscrit. On découvre
in fine que ce capitaine Robert là n'était que le
frère de l'autre, mort de désespoir d'avoir ravi l'honneur
d'une jeune fille, et qui venait régler sa dette posthume - 200.000
francs or qui constitueront peut-être la dot d'Amélie
Analyse
Glinel évoque des difficultés
dans la composition de cette pièce, peut-être un différend
entre Lopez et Dumas, qui préféra ne pas signer. La marque
de notre auteur, on la trouve cependant dès la scène 1 avec
la chanson de "Marguerite au rouet", d'après Goethe,
déjà utilisée au chapitre V du Speronare
en 1842. Dumas et Lopez avaient collaboré quelques années
auparavant pour Le Pirate ou le Fils de la nuit,
de Nerval (1856), une pièce qui devait être achevée
par Victor Séjour. Lopez, seul, avait cosigné avec Nerval
un avatar de Faust, L'Imagier
de Harlem ou la Découverte de l'imprimerie, "drame-légende"
joué en 1852. La Veillée allemande
fut créée au Théâtre de Belleville le 21 novembre
1863. Ce drame en un acte, comme plusieurs autres pièces de la
période, est fidèle à l'esthétique du "drame
bourgeois" codifiée au XVIIIème siècle par Diderot
ou Iffland : moralisme souvent larmoyant, pathétique mêlé
de comique (ici le rôle du brigadier de gendarmerie Schlick). Mais
l'accumulation des péripéties dans un seul acte tire ce
petit drame vers le mélo. S'y ajoutent un arrière plan historique
(l'ombre de Napoléon auquel Dumas demeure plus que jamais fidèle),
et aussi une coloration allemande qui marque les pièces de l'époque,
parfois imitées de modèles venus d'Outre-Rhin (là, en l’occurrence, Die Abenstude, de Kotzebue, paru en 1809). Mais ici,
à trois ans de La
Terreur prussienne, point de couleur locale : la fibre patriotique
vibre chez le proscrit, et le pasteur allemand voit sa haine vaincue par
la générosité du Français. Collaborateur de
Méry (qui travailla aussi avec Nerval) ou de Scribe, entre autres,
Bernard Lopez fut un honnête artisan de théâtre sous
le Second-Empire, produisant comédies, drames, opéra, ou
cette "chronique militaire" en 4 actes jouée en 1866
au Théâtre du Prince-Impérial et intitulée
Les Français à Lisbonne.
François Rahier
(2009 - màj 2012)
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