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Titre Black

Année de publication 1858

Genre Roman

Collaborateur(s) Gaspard de Cherville

Epoque du récit 1793- 1842

Résumé Un beau jour de 1842 alors que le chevalier de la Graverie fait sa promenade quotidienne dans la ville de Chartres, un chien le prend en affection et le suit jusqu'à chez lui. Ne désirant pas s'attacher, il le chasse dans un premier temps avant de repenser à ce que lui avait dit son cher ami le capitaine Dusmenil juste avant de mourir: «...je prie le bon dieu de me confier la peau du premier chien venu pour te rejoindre...».

Aussi, lorsque après trois semaines de recherches infructueuses il le retrouve enfin accompagnant une jeune fille, il n'hésite pas à l'enlever, intimement convaincu que ce chien nommé Black n'est autre que son ami «réincarné».

Mais six mois plus tard, le chien s'enfuit et le chevalier le poursuit jusqu'au chevet de la jeune fille mourante et enceinte. Il se rend compte alors que son geste a eu des conséquences bien néfastes sur l'honneur de cette dernière, qui privée de la protection de son chien, a cédé à un militaire, celui-ci ayant profité de la ressemblance et de l'amour qu'elle portait à son frère jumeau.

Faisant fi des médisances du voisinage, le chevalier installe la jeune fille chez lui, d'autant plus qu'elle ressemble énormément à sa femme qu'il n'a pas revue depuis la découverte de son infidélité... Et si cette jeune Thérèse était le fruit des amours de sa femme et de son amant?

Lui qui jusqu'à présent ne s'était préoccupé que de son bien-être va tout mettre en œuvre pour réparer les torts causés à cet enfant, allant même jusqu'à provoquer le fautif en duel... D'ailleurs celui-ci, blessé très grièvement, donnera un nom à son enfant en épousant Thérèse juste avant de mourir.

Analyse Nous voici en présence d'un roman de Dumas qui a un thème original: la métempsycose. Il s'agit d'une doctrine selon laquelle une même âme peut animer successivement plusieurs corps humains ou animaux et que l'on peut donc assimiler à la réincarnation. Thème original mais pas surprenant de la part de l'auteur puisque nous connaissons son goût pour les choses étranges et le surnaturel.

Tout au long du récit, comme il sait si bien le faire, par des mots, des petites allusions, Dumas fait en sorte que le doute s'installe en nous. Et si c'était vrai? Si le chien Black était bien la nouvelle enveloppe charnelle du capitaine Dumesnil? En tout cas, le chevalier, lui, en est persuadé, ce qui lui donne un courage et une détermination qu'il n'avait jamais eus jusque-là.

Parce qu'il faut bien le reconnaître: le personnage tel qu'il nous est présenté au début ne nous paraît pas vraiment avenant... Contrairement à la plupart des héros dumasiens, il est plutôt laid, petit, grassouillet, poltron, naïf, irrésolu, influençable, égoïste... Et pourtant, comme le dit si bien Dumas, «cela ne l'empêche pas de souffrir toutes les douleurs humaines parce qu'il aimait et a été trompé», tant en amour qu'en amitié. Le fait de ne se préoccuper que de soi est sans doute un rempart que le chevalier a érigé pour ne pas avoir à revivre un jour les moments difficiles qu'il a endurés du fait de la trahison d'un amour, ce qui est déjà difficile, mais aussi d'un ami, ce qui est encore pire...

Cela explique aussi le fait qu'il ne cherche pas vraiment à comprendre pourquoi son ami le capitaine Dumesnil avait si à cœur de lui faire oublier sa femme et de le prendre en charge en lui faisant son éducation, lui apprenant à tirer au pistolet, à monter à cheval et à manier l'épée. Il a même refusé de voir la réalité en face quand il a eu l'occasion. Peut-être après tout vaut-il mieux ne pas savoir...

Et puis petit à petit, on trouve le personnage tellement «humain» avec ses doutes, ses faiblesses, qu'on en vient à le trouver plutôt touchant et sympathique au fur et à mesure de ses efforts, d'abord envers le chien, puis envers celle qu'il pense être la fille de sa femme et qu'il se prend à considérer comme la sienne.

Comme dans Le capitaine Richard ou Les frères corses, le thème des jumeaux est abordé. La similitude entre les deux s'arrête au physique, les caractères étant très différents. L'un étant tout honneur (avec quand même quelques lacunes), l'autre assez perfide pour profiter d'une ressemblance physique pour arriver à ses fins et refusant de réparer sa faute, même si finalement, il se rachète sur son lit de mort.

En outre il y a dans ce livre de l'humour, des histoires d'amour, d'honneur, de fidélité, d'adultère, de tromperie, ce qui fait qu'on se laisse littéralement emporter par le récit. Même si, à bien y réfléchir, il n'y a pas vraiment d'action. Encore une illustration de l'immense talent de narrateur de Dumas.

On le voit donc, nous avons tous les ingrédients d'un roman divertissant, agréable, original de par son thème et sa construction, l'auteur nous indiquant dans le premier chapitre qu'«il écrit un livre à l'envers pour lancer la mode»!

Il est donc bien dommage que ce livre reste quasiment inconnu: il mériterait de sortir de l'ombre!

Nicole Vougny

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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