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Titre Le Caucase (également publié sous le nom Voyage au Caucase)

Année de publication 1859

Genre Récit de voyage

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 1858-1859

Résumé Ce long récit traite de la deuxième partie du voyage effectué de 1858 à 1859 par Alexandre Dumas en Russie et au Caucase. Il constitue donc la suite directe de De Paris à Astrakhan.

Après une introduction intitulée Coup d'œil général sur le Caucase, qui rappelle les grands traits de l'histoire de la région, le récit commence en novembre 1858 à Kislar, à la frontière entre la Russie et le Caucase, et suit le périple de Dumas d'abord près de la Caspienne, puis le long des montagnes du Caucase jusqu'à Tiflis, capitale de la Géorgie, et aux côtes de la mer Noire.

Ce voyage de trois mois, effectué dans une région alors quasiment inconnue, infestée de brigands et de rebelles, aux routes parfois à peine carrossables, surtout en plein hiver, donne matière à de riches récits.

Les premiers chapitres racontent la traversée des régions proches de la Caspienne hantées par les bandits tatars et tchétchènes, avec moult anecdotes sur les exactions de ces derniers et leurs affrontements avec les soldats russes. Dumas raconte une «chasse à l'homme» à laquelle il participe contre les bandits tchétchènes.

Le déroulement du voyage est accompagné du récit de l'hospitalité, généralement fastueuse, donnée par les seigneurs locaux. Parmi les étapes importantes figure celle de Bakou, décrite en détail, avec la physionomie de la ville, ses différentes populations et les «feux de Bakou», c'est à dire les nappes de naphte en combustion perpétuelle. Dans la petite ville de Nouka, près des montagnes, Dumas est reçu somptueusement et se lie d'une amitié passionnée avec un petit prince. A Tiflis, Dumas retrouve une ancienne connaissance, le baron Finot, consul du France. Il décrit tous les aspects de la vie dans la capitale, depuis les soirées mondaines et les spectacles, jusqu'aux établissements de bains et aux exécutions capitales.

Effectuée dans des conditions de plus en plus difficiles, du fait du temps hivernal et de l'état des routes, la fin du voyage mène Dumas et ses compagnons jusqu'au bord de la mer Noire. Là, ayant raté un bateau, les voyageurs se retrouvent coincés dans le port de Poti, dépourvu de toute ressource – ce qui d'ailleurs donne à Dumas le temps de travailler à son récit. Il embarque enfin pour Constantinople et le voyage de retour vers la France, en février 1859.

Analyse Bien que la traversée du Caucase ait conclu le grand voyage mené par Dumas à travers la Russie, ce volume a été écrit bien avant le récit de la première partie du périple, De Paris à Astrakhan. Si bien que les deux textes sont fort différents l'un de l'autre.

La différence fondamentale tient au fait que Dumas a écrit Le Caucase pendant le voyage lui-même, notamment durant ses séjours à Tiflis et Poti. A l'inverse, le voyage en Russie n'a été écrit, pour l'essentiel, que nettement plus tard, en 1861 et 1862.

Conséquence: le récit du voyage dans le Caucase est infiniment plus vivant que celui en Russie. Si Dumas se livre à de nombreuses digressions historiques et géographiques, comme toujours dans ses récits de voyage, le cœur du texte tient à ce qu'il vit lui-même. Le lecteur a donc droit à un festival d'anecdotes de première main couvrant tous les sujets possibles : scènes de chasse, longues évocations des difficultés rencontrées pour trouver une nourriture décente, description des peuples des régions traversées et de leurs moeurs, scènes de la vie quotidienne et de la vie religieuse, etc...

Les légendes locales sont abondamment rapportées, ainsi que des anecdotes historiques hautes en couleurs dans une région située au carrefour des continents et à l'histoire aussi riche que violente.

Cette épopée a bien entendu un héros: Dumas lui-même, qui se met constamment en scène et ne laisse rien ignorer au lecteur de la fabuleuse popularité qui est la sienne jusque dans les régions les plus reculées de la planète – mais où, il est vrai, les élites parlent souvent couramment le français. L'arrivée dans des villes aussi inaccessibles d'un écrivain de réputation mondiale fait bien sûr figure d'événement, pour la plus grande satisfaction de Dumas...

Prodigieusement vivant, ce livre garde aussi, un siècle et demi plus tard, une troublante actualité, notamment en ce qui concerne les considérations de Dumas sur l'incapacité de l'armée russe à soumettre les Tchétchènes. Il est donc certainement à placer au tout premier rang des récits de voyage de cet infatigable explorateur.

Il est à noter, enfin, que Dumas a rapporté de son voyage la matière à différents romans, dont Sultanetta et La boule de neige.

Patrick de Jacquelot
© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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