Titre
Les drames de la mer, recueil de quatre
nouvelles: Bontekoe,
Le capitaine Marion, La Junon et
Le Kent
Année de publication
1852
Genre
Nouvelles
Collaborateur(s)
-
Epoque du récit
1619-1825
Résumé
Bontekoe
1619: Bontekoe est le capitaine du Nieuw-Hoorn.
Au large de l'île Bourbon, un incendie se déclare dans la
soute à charbon. Découvert assez tard, le sinistre fait
rage; 70 hommes désespérés se réfugient dans
la chaloupe et le grand canot quand soudain le bateau explose. Bontekoe,
blessé ,est repêché et installé dans la chaloupe.
La
situation est préoccupante: les vivres sont peu abondants. Les
jours s'écoulent, tous les hommes s'installent dans la chaloupe.
Bontekoe, qui se souvient de la dernière position du Nieuw-Hoorn,
dirige l'embarcation à l'estime: il pense atteindre Sumatra. La
famine rend les hommes fous, ils avertissent le capitaine qu'ils envisagent
de manger les mousses. Bontekoe leur demande d'attendre trois jours. Au
troisième matin, une île est en vue.
A terre, les hommes demandent aux insulaires de leur fournir de la nourriture.
Bontekoe part avec quatre marins pour aller acheter de la viande dans
un village voisin. Au retour, la chaloupe est attaquée par trois
cents insulaires qui contraignent Bontekoe et ses hommes à reprendre
la mer sans vivres: douze hommes ont été tués. Ils
débarquent sur une île déserte surplombée d'une
montagne. Pendant que l'équipage s'occupe de la nourriture, Bontekoe
monte sur le sommet. En haut, il découvre une chaîne montagneuse
qu'il reconnaît pour être celle de Java, terre hollandaise.
Tous remontent dans la chaloupe et au matin, ils sont récupérés
par des navires hollandais qui les ramènent en terre amicale.
Le capitaine Marion
Les relations entre les Européens
et les habitants de ce qui deviendrait plus tard la Nouvelle-Zélande
avaient été rares et désastreuses. Seuls trois navires
y avaient abordé: les Hollandais en 1642, Cook en 1769 et Surville
qui, la même année, enleva le fils du chef Takoury.
En 1772, le Castries et le Mascarin, sous les ordres du Capitaine Marion,
jettent l'ancre dans les eaux néo-zélandaises. Des habitants,
dont Takoury, sont accueillis à bord du Mascarin. Les relations
entre les Français et les indigènes s'avèrent excellentes
et peu à peu la confiance s'installe. Trois postes, pour les charpentiers
et les malades, sont installés à terre.
Un matin, le capitaine Marion et quelques hommes se rendent auprès
du chef Takoury; ils ne rentrent pas le soir. Le lendemain, des hommes
quittent le Mascarin pour aller faire de l'eau et du bois. Les heures
passent et ils ne reviennent pas. Chacun scrute la mer quand un marin
aperçoit un homme en difficulté. Repêché, le
malheureux décrit le guet-apens organisé par les indigènes
et explique qu'il a vu ces derniers cuire puis manger ses compagnons.
Les Français décident d'aller rechercher les marins et les
ouvriers encore à terre. Les indigènes sont tenus en respect
par les déflagrations meurtrières des fusils. Une expédition
est décidée afin de s'assurer de la mort du capitaine Marion;
les traces sanglantes et les os humains rongés apportent vite la
preuve recherchée. Plus d'un mois s'écoule encore avant
que le Castries soit pourvu de mâts et que les réserves d'eau
et de bois soient faites. Les Français peuvent alors quitter la
Nouvelle-Zélande.
La Junon
1795: John Mackay est second maître
à bord de la Junon. Au large de Rangoun, le bateau touche un banc
de sable. Sauvée in extremis, la Junon peut reprendre la mer. Toutefois
l'incident n'est pas sans conséquence et dès le premier
coup de mer, une voie d'eau se déclare dans la cale.
L'état du navire est critique, l'eau submerge le pont, le capitaine
Bremner, sa femme, John Mackay et une partie de l'équipage se réfugient
dans les hunes d'artimon et de misaine ou dans les haubans. Par miracle,
la Junon se met à flotter entre deux eaux et continue à
avancer insensiblement.
Commence une longue agonie. Des hommes, dirigés par le capitaine
Bremner, tentent de rallier Madras sur un radeau de fortune, mais la mer
et le vent les ramènent sur la Junon. L'agonie s'installe. Les
morts se multiplient et parmi eux le capitaine.
Vingt jours se sont écoulés quand le navire fantôme
parvient en vue de la terre. Des marins désespérés
se jettent à l'eau, soutenus par des débris du bateau. Mackay
est des leurs. Sur la plage, des Hindous leur donnent du riz et acceptent
d'aller chercher Mme Bremner et les autres survivants restés sur
la Junon. Mme Bremner, qui avait conservé quelques roupies, se
fait transporter en palanquin jusqu'à la prochaine ville; Mackay
doit quant à lui suivre à pied malgré sa faiblesse.
Arrivés à Ramou, le chef du village met tout en uvre
pour empêcher Mackay de rejoindre Calcutta: il désire exploiter
l'épave de la Junon et son chargement de teck. Mackay ruse et réussit
à rejoindre la ville. La Junon ne sera pas pillée.
Le Kent
1825: la tempête fait rage dans
le golfe de Biscaye; le Kent est malmené et ses passagers, parmi
lesquels un grand nombre de femmes et d'enfants, trouvent un peu de réconfort
dans la prière. Toutefois, le capitaine Cobb a foi en la robustesse
de son navire et en l'expérience de son équipage. Quand
soudain, un incendie se déclare dans la cale. La situation semble
désespérée...
La providence vient en aide au Kent en mettant sur sa route un autre navire,
le Cambria, qui se met en panne à quelques encablures du bateau
en détresse dont la réserve de poudre menace d'exploser
à tout instant. Commence alors une longue lutte contre les flots
déchaînés. Les femmes et les enfants sont transbordés
dans la chaloupe qui parvient à rejoindre le Cambria avant de revenir
chercher d'autres passagers.
Plusieurs heures sont nécessaires au sauvetage; les scènes
de détresse ou de valeureux courage, de fuites insensées
et de basse lâcheté se multiplient, les morts sont nombreux.
Le capitaine Cobb doit, au dernier moment et contre sa volonté,
abandonner quelques personnes paralysées à l'idée
d'affronter la tempête. Le Kent explose et le Cambria prend le chemin
de l'Angleterre. Quelques jours plus tard, la Caroline, navire commandé
par le capitaine Bilbay, aborde à Liverpool avec les derniers naufragés
du Kent sauvés in extremis au milieu des débris du bateau.
Analyse
Le titre du recueil est assez significatif: ces quatre nouvelles racontent
des histoires plus dramatiques les unes que les autres. Le lecteur moderne
prend conscience, alors qu'il est habitué à la sécurité
optimale et qu'il ne tremble qu'à l'évocation du Titanic,
du danger que représentaient ces longs voyages en mer.
Dumas, qui a été un grand voyageur, devait être particulièrement
sensible à ce mélange de danger, de frayeur, de courage
et de foi qu'il décrit dans ces courtes histoires. Sa fibre romantique
est ici sollicitée à son paroxysme. La mer et ses îles
inconnues sont à la fois fascinantes et terrifiantes. Dumas se
plait à décrire les situations désespérées;
son sens du suspense et son amour des belles âmes courageuses et
exaltées s'accordent parfaitement avec ce type d'histoire.
Retraçant dans ces récits des histoires véritables,
Dumas cite à chaque fois les sources qui lui ont permis d'écrire
sa nouvelle (narration d'un survivant, vieux manuscrit sauvé par
miracle du naufrage, livre de bord). De quoi accentuer encore chez le
lecteur le sentiment que le danger est bien réel...
On peut regretter toutefois une certaine condescendance dans la description
des insulaires qui sont presque tous fourbes, sournois, avides et cruels
voire, summum de l'inhumanité, anthropophages. Dumas bien entendu
ne force pas le trait, cela serait choquant et contraire à ses
principes. Mais il ne se démarque pas vraiment de l'opinion générale
de l'époque.
Delphine Dubois
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