Fernande Vous êtes ici : Accueil > Œuvre > Dictionnaire des œuvres
Page précédente | Imprimer

Titre Fernande

Année de publication 1844

Genre Roman

Collaborateur(s) Hippolyte Auger

Epoque du récit 1835

Résumé La baronne de Barthèle, quadragénaire encore belle, reçoit ce matin-là son vieil ami et amant le comte de Montgiroux, pair de France. Elle lui apprend qu'elle compte le garder pour toute la journée et la nuit car son fils Maurice se meurt de fièvre cérébrale. Maurice est marié à la nièce du comte. Cet ordre de la baronne indispose le comte qui prétexte avoir des affaires politiques à régler en soirée, mais on devine vite que c'est plutôt une galanterie qui l'attend.

A la suggestion du médecin de Maurice, la baronne a accepté de faire venir à son château une certaine madame Ducoudray qui pourrait apaiser la fièvre du mourant. Deux amis de Maurice ont été chargés de l'amener. A son arrivée, la dame crée une commotion car elle apprend à ce moment seulement le but de sa visite. Quand on lui raconte que c'est pour sauver Maurice, elle se crispe. Le comte est estomaqué car il constate que madame Ducoudray n'est nulle autre que Fernande, la courtisane qu'il s'est attachée pour maîtresse et avec qui il a rendez-vous à l'opéra le soir même.

Sur l'entrefaite, arrive Mme de Neuilly, parente de la baronne, veuve envieuse qui reconnaît Fernande comme une ancienne consoeur d'orphelinat et dont elle veut tout apprendre de son riche mariage qui lui a apporté le nom de Ducoudray et la fortune.

Elle révèle, malgré l'opposition de la principale intéressée, que Fernande est de sang noble, fille de la famille de Mormant. Par son entremise, Fernande apprendra à son tour que Maurice est en fait le fils du baron. Fernande se sent doublement victime. En plus d'avoir aimé passionnément Maurice jusqu'à ce qu'elle sache qu'il était marié, elle découvre qu'elle entretient désormais une relation qu'elle juge incestueuse.

Entre temps Maurice revient à la vie car il souhaite renouer avec Fernande malgré la présence de sa femme. On découvre le secret de Fernande, sa naissance noble, la perte de ses parents en jeune âge, le viol qu'elle a subi par son tuteur qui lui a fait renoncer à porter son nom. Vite, elle apparaît la personne la plus droite dans ce milieu aristocratique dont elle devient l'ange rédempteur.

Analyse On savait qu'Alexandre Dumas fils s'était fait écrivain moraliste. On a peut-être oublié que le père avait aussi exploité ce filon avant lui. Fernande (qui s'inspire semble-t-il d'un texte écrit par Hippolyte Auger) est avant tout une étude des moeurs faisandés de l'aristocratie louis-philipparde, encore meurtrie par la Révolution. Construit comme un habile marivaudage, le roman, souvent comique, analyse avec finesse et non sans rappeler Laclos les calculs des divers protagonistes.

Il bat en brèche le vieux préjugé selon lequel les personnages féminins de Dumas sont soit des saintes, soit des démons. S'il est vrai que l'héroïne peut être associée à la première catégorie, on ne peut en dire autant par exemple de la baronne, ni même de Mme de Neuilly, joyeux ressort de l'intrigue grâce à son caractère par trop envieux.

Le déroulement de Fernande s'apparente à celui d'une pièce de théâtre de construction très classique avec la triple unité de lieu, d'action et de temps, si l'on excepte l'épilogue et deux longs retours en arrière sur la vie du personnage central.

Dumas nous sert ici un foisonnement de dialogues chatoyants qui font regretter que, dans la flopée de rééditions de ses romans oubliés, on a préféré parfois à Fernande des titres bien moins réussis.

Rudy Le Cours

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
Haut de page
Page précédente