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Un Gil Blas en Californie | Vous êtes ici : Accueil
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Titre
Le narrateur, berné par une Société Mutuelle qui promet transport, nourriture et maison en bois à l'arrivée, s'embarque pour le nouveau monde en compagnie de cent cinquante passagers, dont quinze femmes animées par des ambitions variées. Les sociétaires, bien souvent obligés au cours du voyage de mettre la main à la poche pour compenser la pénurie de sucre, de café, de rhum, d'eau-de-vie et de thé, ne se verront pas attribuer à l'arrivée la plus frêle cabane. Après cinq mois de navigation de Nantes à Valparaiso, première escale après le passage du cap Horn , le navire touche enfin San Francisco ; San Francisco, ville déjà extravagante avec sa justice approximative, ses cafés chantants, ses maisons de jeu où l'on engage l'or extrait la veille, puis sa montre ou sa chaîne quand on a plus de lingots. Tout se vend à prix exorbitant. Les affaires des épiciers, des aubergistes et des boulangers, des modistes et des blanchisseuses accourus de toute l'Europe, sont prospères. Parfois tout un quartier, maisons et rues aux pavés de bois, disparaît dans un incendie. D'éclatants feux de Bengale couronnent le spectacle, quand les flammes atteignent les dépôts de rhum et d'esprit de vin. Le lendemain, le désastre assure une fortune précaire aux déménageurs et aux propriétaires de magasins d'alimentation épargnés par le sinistre. Et puis «tout habitant de la Californie brûlé a payé ses dettes. Même ses dettes de jeu». Véritable Gil Blas (allusion au héros du roman de Le Sage formé par ses aventures successives qui se déroulent sur une longue période en Espagne), le héros de l'histoire se fera tour à tour portefaix, chercheur d'or, chasseur de daims, chasseur d'ours, garçon d'hôtel, marchand de vin et second à bord du bâtiment sur lequel il est revenu de San Francisco, par la Chine, le Bengale et le cap de Bonne-Espérance. Le temps d'amasser en ville assez d'argent pour s'acheter pelles, pioches, piques et buttées, les outils indispensables du chercheur d'or et le « Gil Blas » se dirige vers le San Joaquin, puis la Sierra Nevada. La déception ne tarde pas à s'emparer de ceux qui, partis en Californie avec l'intention de se faire mineur, de chercher, fouiller, recueillir l'or de leurs mains, ne trouvent, après d'harassantes journées de travail qu'un peu de terre rougeâtre. Pour le jeune Français - et pour le lecteur - ces péripéties sont vite éclipsées par de nouvelles aventures. Avec l'un de ses compagnons il s'associe à un Mexicain, ancien chasseur d'ours et de bisons, rescapé de mille dangers, pour «battre les prairies» où l'herbe atteint jusqu'à dix pieds. De temps à autre, le glapissement des chacals ou l'irruption d'un serpent à sonnettes vient rappeler que l'on ne se trouve pas au paradis terrestre. Les trois hommes débusquent, dans les forêts encore préservées, assez de cerfs, d'élans, de chevreuils, de lièvres et de perdrix huppées pour se nourrir et vendre au prix fort ce qu'ils parviennent à ramener en ville. De quoi songer à se lancer dans le commerce, avant qu'un incendie n'engloutisse le logement, la malle, les économies et les espérances de «Gil Blas»... Analyse Dumas n'a certes pas imaginé la création de la Silicon Valley, mais dans la conclusion du récit il prédit que «la véritable richesse en Californie, ce sera dans l'avenir, l'agriculture et le commerce. La recherche de l'or, comme tout métier manuel, nourrira son homme, et voilà tout». Publié en 1852 chez Cadot, éditeur à Paris, Un Gil Blas en Californie est repris la même année par l'éditeur Belge Méline, Cans et Cie. et en feuilleton dans le journal Le Siècle, sous le titre plus explicite de Californie : un an sur les bords du San Joaquin et du Sacramento. Au début du premier chapitre Dumas précise en note que "l'auteur a cru devoir céder la parole au voyageur dont il raconte les aventures. Le pronom «je» représente donc ici, non pas l'historien signataire, mais le héros même de cette curieuse histoire". Il s'agit sans doute de Bénédict Revoil, qui a traduit A lion hunter in South Africa de R.Gordon-Cumming, publié par Alexandre Dumas en 1860 sous le titre La vie au désert. Parti aux Etats-Unis en 1842, Revoil y a séjourné pendant neuf ans. Pierre Gintzburger |
© Société des Amis d'Alexandre Dumas 1998-2010 |
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