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Titre Hamlet, prince de Danemark

Année de publication 1847

Genre Théâtre

Collaborateur(s) Paul Meurice

Epoque du récit XVIème siècle

Résumé Peu de temps après la mort mystérieuse du roi de Danemark, sa veuve se remarie avec Claudius, son frère. Le fils du roi défunt, le prince Hamlet, vit mal ce remariage. Un soir, des gardes annoncent qu'ils ont vu un spectre sur les remparts.

Pendant ce temps, Hamlet fait sa cour à Ophélie, fille du ministre Polonius. Laërte est réticent vis-à-vis de la liaison du prince et de sa sœur. La nuit, sur les remparts, Hamlet rencontre le spectre de son père qui lui révèle qu'il a été assassiné par Claudius. Le comportement d'Hamlet devient de plus en plus fantasque. On met sa folie sur le compte de son amour contrarié pour Ophélie.

L'arrivée de comédiens ambulants donne à Hamlet l'idée d'un stratagème: il modifie la pièce qu'ils vont jouer pour y introduire une allusion évidente au meurtre du roi par Claudius. A la suite du scandale déclenché par la représentation, Claudius se méfie d'Hamlet, et envoie Polonius l'espionner.

En présence d'Ophélie, Hamlet tue Polonius caché derrière un rideau. Ophélie devient folle et se noie. Claudius manigance avec Laërte, fou de douleur, la perte d'Hamlet. Celui-ci, cependant, assiste aux obsèques d'Ophélie.

A l'occasion d'un tournoi d'escrime organisé par le roi pour sceller une prétendue réconciliation, Hamlet et Laërte échangent leurs fleurets et Laërte est blessé à mort par la lame empoisonnée destinée à Hamlet. Au même moment, la reine s'empoisonne par inadvertance avec la coupe que devait boire son fils. Hamlet tue Claudius. Le Fantôme apparaît et condamne son fils à vivre.

Analyse Enthousiasmé par les comédiens anglais jouant Shakespeare en 1829, et déçu par les pâles traductions de Ducis qu'il pouvait lire pendant sa jeunesse, Dumas attendra cependant 1842 pour adapter le maître: son Macbeth refusé par la Comédie-Française est resté inédit.

En 1846 il donne en représentation privée à Saint-Germain-en-Laye un Shakespeare et Dumas, jamais publié, qui doit en dire long sur les relations imaginées entre les œuvres des deux auteurs. Écrite avec Paul Meurice, son adaptation de Hamlet eut un grand succès et – malgré les libertés qu'il prenait avec l'original – resta longtemps l'adaptation de référence sur les scènes françaises; reprise au Théâtre-Français, on la joua 108 fois entre 1886 et 1890. Entre temps, François-Victor Hugo avait entrepris sa traduction du théâtre complet de Shakespeare (1857-1872). Dumas revint une dernière fois à Shakespeare, toujours avec Paul Meurice, en 1865, pour Roméo et Juliette, une tragédie demeurée inédite et révélée par Maria Ullrichová en 1976.

L'adaptation de Dumas va d'abord dans le sens d'un allégement du matériau scénique (six changements de décor, contre trois fois plus dans l'original anglais, et une réduction du nombre des acteurs) qui répond aux exigences des théâtres français de l'époque: contrairement à ce qui se passait du temps de Shakespeare, on est au XIXème siècle plus exigeant sur le réalisme des décors, qui sont coûteux et longs à mettre en place.

Avec la suppression du personnage de Fortinbras, le prince norvégien, disparaît d'autre part l'arrière-plan géopolitique présent chez Shakespeare: visées territoriales de la Norvège sur le Danemark et fragilité des monarchies électives. Fortinbras, dans l'original, sera élu à la fin roi de Danemark et successeur d'Hamlet.

Dumas conserve les morceaux de bravoure (le théâtre dans le théâtre), et les tirades célèbres («Être, n'être pas...»), et s'il déplace la scène du cimetière de l'acte V à la fin de l'acte IV, c'est pour donner au dernier acte une plus forte intensité dramatique.

C'est dans ce dernier acte cependant que son adaptation est la plus sujette à caution. Chez Dumas, Hamlet ne meurt pas, il est même condamné à vivre par le fantôme de son père. On se perd en conjectures sur cette «belle infidèle»... Mais dans Shakespeare, cette mort n'est pas un suicide, c'est un meurtre déguisé en accident, qui n'est pas nécessairement en relation avec le caractère du héros. On compare souvent Hamlet à Œdipe. Or Œdipe non plus ne meurt pas. Pour l'un comme pour l'autre, vivre est peut-être pire que mourir. C'est ce qu'a dû penser Dumas.

François Rahier
© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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