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Titre Un mariage sous Louis XV

Année de publication 1861

Genre Théâtre

Collaborateur(s) M. Régnier

Epoque du récit sous Louis XV

Résumé Mariés l'un à l'autre pour obéir à des dispositions testamentaires, le comte et la comtesse mettent au point un modus vivendi qui doit leur permettre de continuer à voir, lui, la marquise, elle, le chevalier. Et ils s'en vont chacun de son côté passer leur nuit de noces (Acte I).

Le chevalier, vieil ami du comte, vient rendre visite aux nouveaux époux. Le comte comprend vite qu'il s'agit de son rival et les laisse ensemble, en leur faisant comprendre qu'il est au courant de tout. Le chevalier essaie d'exciter la jalousie de la comtesse, mais il l'agace; visiblement plus intéressée par son mari, elle demande à sa soubrette de l'aider à devenir coquette (Acte II).

Survient l'oncle Commandeur, qui découvre que ses neveux font chambre à part et s'insurge contre les mœurs modernes. Il s'apprête à demander au roi l'annulation du mariage. Cependant les deux époux renchérissent de galanterie l'un envers l'autre, et leurs sentiments changent progressivement, jusqu'à ce qu'un incident remette tout en question. Le Commandeur annonce que le roi vient d'annuler le mariage (Acte III).

Au cours d'un bal, un gentilhomme a importuné la comtesse, et le chevalier, masqué, l'a provoqué en duel. La comtesse veut éviter ce duel et l'éclat public qu'il susciterait. Ce doit être l'homme qu'elle avoue aimer maintenant qui doit défendre son honneur. Devant le Commandeur ravi, le comte tient à peu près le même langage. La comtesse retient le chevalier tandis que le comte se rend à sa place au duel et blesse l'offenseur. Mais les duels sont toujours interdits, et quand la connétablie survient, le chevalier se dénonce pour permettre au comte de s'éclipser quelques mois, en attendant que l'affaire soit oubliée. Le Commandeur, satisfait, déchire alors la demande en séparation (Acte IV). 


Analyse Représentée en cinq actes lors de sa première au Théâtre Français, sans grand succès, le 1er juin 1841, cette comédie fut reprise vingt ans plus tard sur la même scène, le 21 mai 1861, dans une version différente et en quatre actes. C'est dans cette nouvelle version qu'elle est connue, et qu'elle a été entre autres reprise dans le Théâtre Complet en 25 volumes à partir de 1864. La version d'origine, publiée chez Marchant et Ch. Tresse, en 1841, n'a jamais été rééditée et se trouve peu accessible.

Georges D'Heylli raconte, dans son Journal intime de la Comédie-Française, comment la pièce fut remaniée en quatre actes par M. Régnier, et reçue presque comme une nouveauté, le 21 mai 1861; il indique aussi qu'elle avait été auparavant représentée en avant-première aux Tuileries, devant la Cour, le dimanche 19 mai 1861. Reed corrige sur certains points l'analyse de D'Heylli: ce n'est pas le cinquième acte qui a été refondu dans le quatrième, mais le troisième et le quatrième de la version d'origine qui ont donné la matière du troisième acte de la deuxième version. D'autre part, le dénouement est le même dans les deux versions.

Cette agréable comédie d'intrigue qui brode sur le ressort dramatique du dépit amoureux cher à Molière avec des accents tirant parfois vers Marivaux est aussi une comédie de mœurs. Le personnage tragi-comique du Commandeur, dans lequel «Caton touche à Don Quichotte», fait bien ressortir la critique d'une société déliquescente où il est du dernier ridicule d'attacher du prix aux sentiments, à l'amour et à la fidélité conjugale, choses de peu de prix qu'il faut laisser aux bourgeois!

A deux ou trois reprises, on peut voir des allusions aux Liaisons dangereuses de Laclos: le nom du chevalier (de Valclos), contraction de Valmont et de Laclos, une fameuse marquise, et ces amitiés de couvent entre la future comtesse et la sœur du chevalier... Mais ces roués là demeurent cependant fidèles à une valeur, l'honneur, pour lequel ils n'hésitent pas à se battre en duel.

François Rahier

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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