Titre
Le meneur de loups
Année de publication
1857
Genre
Roman
Collaborateur(s)
Gaspard de Cherville
Epoque du récit
1780
Résumé
Une fois par an, le diable se réincarne sur terre sous la forme
d'un loup noir. Durant ce jour fatidique, son enveloppe mortelle le rend
vulnérable. C'est pourquoi, en cette année 1780, lorsque
le diable se trouve pourchassé par la meute du seigneur Jean, dans
les environs d'Haramont, il va chercher refuge dans la cabane d'un pauvre
sabotier nommé Thibault.
La
première surprise passée, Thibault décide d'accepter
un pacte avec le diable. A chaque fois qu'il souhaitera du mal à
quelqu'un, son voeu sera exaucé et le diable s'appropriera un cheveu
de Thibault. Ce n'est pas que le sabotier soit un mauvais homme. Mais
il est pauvre, le seigneur n'a guère d'égards pour lui,
et il est de plus de nature envieuse. C'est ce mauvais penchant qui entraînera
Thibault à répandre le mal autour de lui. Semant
l'effroi, craint par les hommes, Thibault n'a plus d'autre compagnie que
celle des loups avec qui il parcourt la forêt.
Et quand, enfin, son dernier voeu provoquera la mort de la seule femme
qu'il ait aimée, le sabotier ne pourra plus que se repentir et
espérer être pardonné.
Analyse
Ce roman, qui fait partie des quelques récits fantastiques de Dumas,
se rapproche également de ses oeuvres les plus personnelles. L'action
se déroule en effet dans la région où Dumas est né,
et le récit est tiré de ses souvenirs d'enfance, et plus
précisément de ceux de Mocquet, l'ancien garde-chasse de
son père. Sous couvert de fantastique donc, Dumas laisser percer
son affection pour ces lieux qui lui sont familiers, et sa nostalgie pour
cette époque heureuse.
Le meneur de loups est également
intéressant du fait de sa date de création. En effet, à
cette époque le genre fantastique était en train de tomber
en désuétude, ce qui n'a pas empêché l'auteur
de s'y consacrer, un peu comme s'il avait voulu aller à contre-courant.
D'ailleurs, qu'il s'agisse de l'atmosphère, du déroulement
de l'intrigue ou des situations dramatiques, le roman est parfaitement
réussi. A ce titre, il se rapproche beaucoup plus des récits
allemands que des romans fantastiques anglais, souvent un peu mièvres,
écueil que Dumas a su éviter. On peut également y
voir une réflexion, modeste il est vrai, sur la religion et la
foi, la fin du roman en est d'ailleurs une parfaite illustration.
Un regret personnel, toutefois : je trouve dommage que Dumas, comme
tant d'autres écrivains hélas, ait choisi le loup, éternelle
victime, pour terrifier le lecteur, en l'associant à toutes ces
diableries.
Sylvie Cardona
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