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Titre Olympe de Clèves

Année de publication 1851-1852

Genre Roman

Collaborateur(s) Auguste Maquet

Epoque du récit 1727-1729

Résumé
Avignon, mai 1727. Bannière, jeune novice chez les jésuites, passionné de théâtre, voit l'actrice Olympe de Clèves par la fenêtre de son couvent. Il en tombe amoureux, s'enfuit et se rend au théâtre, où il se retrouve sur les planches, remplaçant Champmeslé, acteur pieux honteux d'être comédien. Ce dernier vole les habits de Bannière et se fait jésuite à sa place. Bannière est contraint de fuir, ayant rompu son noviciat.

Olympe, qui vient de se faire éconduire par son amant, M. de Mailly, s'éprend de Bannière, et ils fuient vers Lyon. Là, Olympe est engagée comme comédienne, et Bannière est tiraillé par deux démons: le jeu et la jalousie. Il vole une bague donnée à Olympe par M. de Mailly et la vend.

La beauté et le talent d'Olympe lui attirent l'amour de l'abbé d'Hoirac et la jalousie de la Catalane, actrice dans son nouveau théâtre. Celle-ci, avec l'aide de sa coiffeuse, se fait passer pour Olympe et cède aux avances de M. d'Hoirac, qui est dupe de cette comédie et offre à la Catalane la bague de M. de Mailly, qu'il a achetée. Olympe, blessée de voir la bague au doigt de sa rivale et pensant qu'elle lui a été donnée par Bannière, le quitte, alors même qu'elle l'aime toujours. Au même moment, Bannière est arrêté par les soins d'Hoirac.

M. de Mailly revient vers Olympe, avec un ordre de début au théâtre à Paris. Elle accepte, à condition que M. de Mailly libère Bannière de l'emprise des jésuites en l'enrôlant dans son corps de dragons. Bannière en profite pour s'enfuir, récupère la bague qui a été cause de son malheur, et suit Olympe jusqu'à Paris. Là, il est enfermé à Charenton en tant que fou après avoir voulu forcer l'entrée du théâtre où elle débutait.

M. de Mailly, à son tour, est jaloux d'Olympe, qui a été remarquée par le jeune roi Louis XV. Mme de Mailly (née de Nesle), amoureuse du roi, obtient de son mari un acte privé de séparation. M. de Richelieu, à son tour, essaie de trouver une maîtresse à sa façon au roi, et remarque Mme de Mailly. M. de Pecquigny, autre proche du monarque, remarque Olympe à qui il pense pour en faire, elle aussi, une maîtresse du roi.

Olympe doit jouer les Folies Amoureuses, et pour étudier son rôle, elle veut observer un fou d'amour. Elle va à Charenton et reconnaît Bannière. Celui-ci s'enfuit grâce à Champmeslé, qui est devenu aumônier de Charenton. Ce dernier aide Bannière à obtenir un ordre de début à la Comédie en même temps qu'Olympe. Ils s'y retrouvent et leur amour renaît. Olympe jure à Mailly de ne pas appartenir au roi, ayant l'intention d'épouser Bannière. Mailly, après avoir perdu femme et maîtresse, décide de partir à Vienne. Olympe et Bannière, mariés par Champmeslé, reviennent à Lyon. Olympe reçoit une dernière lettre de M. de Mailly, qu'elle donne à Bannière sans l'ouvrir, et qu'il met dans sa poche sans la regarder.

A Lyon, l'abbé d'Hoirac revoit Olympe, et dénonce Bannière comme déserteur du corps de dragons de M. de Mailly. En conséquence, il va être fusillé. Olympe, folle de douleur, revient chez elle et serre dans ses bras un habit de Bannière, dans lequel se trouve la lettre de M. de Mailly qu'ils n'avaient pas lue. Cette lettre lui donnait congé des dragons, ce qui permettrait d'annuler sa condamnation à mort. Olympe court sauver son mari mais arrive trop tard. Elle meurt sur son cadavre.

Analyse Olympe de Clèves est un des nombreux romans injustement oubliés de Dumas. Paru en 1852, au tout début du Second Empire, le feuilleton est quelque peu éclipsé par une actualité trop bouleversante. A cette époque où Dumas fait beaucoup moins de théâtre, Olympe de Clèves fait le lien entre le dramaturge et le romancier: c'est l'histoire de gens de théâtre qui vivent une histoire romanesque, ou celle de héros de roman qu'on retrouve sur les planches.

«L'Histoire avait fait Bannière, moi, j'ai fait Olympe», écrit Dumas dans sa postface. Bannière, en effet, a existé. Selon Lemazurier, il est né à Toulouse au début du XVIIIème siècle, et après des études ecclésiastiques, a eu une carrière assez réussie dans les théâtres de Paris. Malheureusement, il était engagé dans les dragons et lorsque son colonel apprend qu'il joue la tragédie à Paris au lieu d'être dans son corps, il est jugé et fusillé, tout cela car il avait égaré un congé qui n'était pas encore expiré. Dumas en a fait un héros flamboyant, passionné, qui se perd à cause de son impulsivité et de son amour.

Olympe, en revanche, est donc une création de Dumas: fille noble passionnée par le théâtre, d'une beauté éblouissante et pleine de sensualité. Elle séduit sans coquetterie, car elle est libre et honnête: elle ne trahit ni son amant, ni son propre cœur; elle vit de son travail d'actrice, sans avoir à dépendre d'un homme qui l'entretienne, et elle abandonne tout pour suivre son amour. Elle a une dimension assez rare dans les romans de Dumas, où la figure féminine est souvent secondaire et a peu d'épaisseur. Olympe est beaucoup plus qu'une Constance Bonacieux ou une Valentine de Villefort.

Richelieu, Pecquigny, le jeune roi Louis XV et ses courtisans, le roman brosse un portrait frappant du règne de Louis XV. Cette cour dissipée, où l'on ne s'occupe que de sexe et de pouvoir, et où l'on manipule le roi afin qu'il aie la maîtresse qu'on lui choisit, montre un triste début de règne et annonce Joseph Balsamo.

Au-delà de l'humour, des intrigues, des personnages flamboyants, de l'intensité sexuelle toujours prête à jaillir d'entre les lignes (et qui a d'ailleurs été censurée dans la version feuilleton), Olympe de Clèves est un roman de l'amour tragique, comme celui du comte et de la comtesse de Charny: le bonheur est de courte durée pour les âmes d'élite.

Carolina Camelo

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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