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Titre L'Orestie

Année de publication 1856

Genre Théâtre

Collaborateur(s) -

Epoque du récit Guerre de Troie

Résumé Sur les remparts d'Argos, le Guetteur annonce le retour d'Agamemnon; le Chœur se désole de l'infidélité de son épouse.  Clytemnestre paraît avec Egysthe; ils projettent ensemble d'assassiner le roi. Arrive Agamemnon, accompagné de sa captive Cassandre; il répond assez fraîchement aux paroles mielleuses de son épouse, mais la suit au palais. Cassandre prophétise l'issue fatale. Elle est tuée aussitôt après le roi (Acte I).

Sept ans plus tard, Oreste revient d'exil. Se faisant passer pour mort, il tend un piège aux amants criminels et, avec l'aide d'Électre, tue Egysthe, puis sa mère. Les déesses de la vengeance, les Euménides, sortent de l'enfer et le pourchassent. Castor et Pollux, descendus du ciel, enjoignent au fils parricide de se rendre devant l'aréopage d'Athènes pour y être jugé (Acte II).

Le tribunal des hommes est partagé et Minerve fait pencher la balance en faveur d'Oreste qui est acquitté (Acte III).

Analyse Troisième et dernière tragédie en vers portée à la scène par Dumas (la Phèdre de 1860 dont il n'écrivit que cinq scènes n'ayant jamais vu le jour), L'Orestie n'est pas comme les deux autres, Charles VII en 1831 et Caligula en  1837, destinée à la Comédie-Française. C'est sur un théâtre populaire qu'il la fait monter, la Porte Saint-Martin, et «Au Peuple» qu'il la dédicace.

Ce qui n'est pas sans conséquence sur l'esthétique adoptée, qui n'est pas celle des classiques français du XVIIème siècle, auprès desquels il se reconnaît parfois débiteur, pas tout à fait non plus celle des tragiques grecs dont il revendique pourtant ici la paternité, certains tableaux tenant plus des mises en scène grand guignolesques du mélodrame (par exemple, à la fin de l'acte I quand on découvre Cassandre, «le crâne fendu d'un coup de hache»).

Des trois modèles antiques dont il se réclame, Eschyle, Sophocle et Euripide, qui ont chacun à leur manière mis en scène un épisode ou la totalité de la légende des Atrides, c'est le premier qu'il suit le plus fidèlement. La structure même de l'œuvre est calquée sur la trilogie de trois pièces que nous a léguée Eschyle, Agamemnon, Les Choéphores et Les Euménides, le premier et le troisième actes de la tragédie de Dumas portant comme sous-titre le titre de la première et celui de la troisième partie de la trilogie.

L'acte I suit d'assez près la première partie, notamment au niveau du contenu des longues tirades du Guetteur, de Clytemnestre, d'Agamemnon, etc. Mais Dumas met en scène très vite les deux amants qui discutent de leur noir projet, alors que chez Eschyle Egysthe n'apparaît qu'une fois son forfait accompli. Fidèle aussi à l'antique, Dumas introduit des chœurs dans sa tragédie, un élément dramaturgique absent du théâtre classique à l'exception de deux pièces tardives de Racine, Esther et Athalie.

Le troisième acte, le moins dramatique, fait débattre les dieux et les mortels, Minerve et les Euménides ayant la part belle. Mais au final, c'est la justice qui l'emporte, celle des hommes, contre la haine et le ressentiment. Seulement, les derniers vers («L'âge antique est fini, l'âge nouveau commence,/La sagesse toujours vota pour la clémence!»), qui fleurent bon leur Dumas et son romantisme politique, puisent leur inspiration dans Eschyle.

C'est peut-être l'étonnante modernité de ce qui est une des pièces les plus vieilles du répertoire occidental qui explique le choix de Dumas. C'est en même temps une page célèbre de la mythologie qu'il souhaitait mettre sous les yeux de son public. Et sans doute ne pouvait-il le faire que dans une «tragédie imitée de l'antique»...

La pièce fut créée le 5 janvier 1856. Lors d'un rappel, ce même soir, les artistes invitent Dumas à monter avec eux sur la scène; il les remercie au bas de la dernière page du texte: «Merci aux artistes qui, après m'avoir fait un succès, m'ont forcé de venir recevoir les applaudissements qui leur étaient dus». Le texte fut publié en feuilleton dans "Le Mousquetaire" entre le 1er et le 24 février suivant, avant son édition courante à la Librairie théâtrale la même année.

François Rahier

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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