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Titre René Besson, un témoin de la Révolution (ou Le volontaire de 92 ou René d'Argonne)

Année de publication 1862

Genre Roman

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 1791-1793

Résumé Dans une de ces préfaces dont Dumas a le secret, se confiant directement aux lecteurs, il raconte comment, dans les années 1850, il souhaitait comprendre clairement de quelle façon la fuite du roi Louis XVI avait été contrecarrée à Varennes, en 1793. Il se rend donc sur place et fait la rencontre du colonel René Besson. Heureux hasard, celui-ci a connu et admiré le général Dumas, et n'a donc rien à refuser à son fils. Heureux hasard à nouveau, le colonel Besson a participé de très près aux événements liés à l'arrestation du roi et a récemment rédigé ses Mémoires, qu'il confie à Dumas. Ce sont donc ces Mémoires que Dumas nous invite à lire... S'étonnera-t-on que Besson ait la même plume que notre auteur?

René est orphelin. Très jeune, il est confié à son oncle, garde dans la forêt d'Argonne, chargé de préparer des chasses pour de sympathiques jeunes bourgeois de la région et pour des membres de la famille royale. Nobles et bourgeois se prennent d'affection pour René. En 1788, l'un des familiers de la chasse, Drouet, maître de poste à Sainte-Ménehould, lui offre un livre: L'Émile, de Rousseau, dont il lui recommande le chapitre où l'auteur conseille de se choisir un état pour être libre.

René, transporté, choisi de devenir menuisier comme son père. Il devient le protégé de Drouet, lequel lui donne du travail et lui permet de s'offrir des maîtres de latin, d'arpentage et d'armes. De plus, il entreprend son éducation politique, en ces jours où la France est en pleine effervescence révolutionnaire.

À la suite de Drouet, René se rend à Varennes, où se réunissent les gardes nationales des environs; il rend visite à un menuisier et fait la rencontre de sa fille Sophie, du même prénom que l'héroïne de Rousseau, dont il devient amoureux. En juillet 1790, il poursuit sa route vers Paris, avec tous les représentants. Il rencontre là un autre maître menuisier, Duplay, Jacobin convaincu qui le conduit à une réunion de ce parti. René y découvrira le «sinistre» Robespierre ainsi que Mirabeau. Puis, René retrouve Drouet, qui le conduit de son côté à la réunion des Cordeliers, où notre héros pourra entendre Danton, Marat et Desmoulins.

René revient ensuite au pays, à temps pour assister à la mort de son oncle, puis il devient apprenti chez le père de Sophie. À Varennes, tous demeurent en alerte, car les événements laissent deviner que le roi tentera de fuir. Tous les détails de cette fuite, et surtout les erreurs commises par le roi et sa suite, nous sont racontés, non sans clins d'œil moqueurs. Dans la nuit du 21 juin 1791, un cavalier arrive à Varennes. René, aux aguets, surveille ses mouvements et découvre qu'il précède la calèche royale. Drouet arrive également à point nommé, et c'est lui qui interceptera la calèche et lui barrera la route. René assiste à tous ces événements de très près et y joue un petit rôle.

De retour à Paris, on assiste à la suite des événements, centrés autour de la préparation de la pétition visant à démettre officiellement le roi de ses fonctions. Après diverses tractations, les citoyens sont convoqués le 17 juillet 1791 sur le tout nouveau «Champ de Mars» où se trouve l'immense autel de la Révolution, afin de signer la pétition. Des milliers de personnes se présentent. L'Assemblée, qui se sent menacée, demande au maire d'envoyer des gardes pour arrêter les mouvements de cette foule. Et c'est le massacre du Champ de Mars, qui fit des centaines de morts et de blessés. René s'échappe, blessé, retrouve Duplay et avec lui, sauve Robespierre.

Ainsi se termine René Besson, un témoin de la Révolution, tel que publié dans le journal Le Monte-Cristo.

Analyse Voilà un roman rédigé dans le plus pur et plus coulant style dumasien. Le récit est enlevé et ne s'essouffle jamais. Il est fait d'un mélange de respect face à la royauté et de regard limpide sur son côté ridicule – respect et limpidité également devant les actes et paroles des révolutionnaires.

Dumas place son héros au cœur des événements qui entourent l'arrestation du roi et son retour à Paris: il est là, sur la route, juste au moment où le carrosse est forcé de s'arrêter; il habite la chambre voisine de celle où l'on mène la famille royale, ce qui lui permet de tout voir ce qui s'y passe. Il est de garde à la porte du carrosse royal lors de son retour à Paris et peut ainsi proposer à la reine d'aller lui chercher de l'eau à la fontaine et s'offrir une conversation presque familière avec le roi.

Le lecteur est tenu en haleine; les pages se tournent très rapidement. Les grands discours patriotiques, si chers à Dumas, prennent ici moins de place que dans d'autres romans et le rythme est ainsi mieux maintenu. De plus, les descriptions des personnages historiques sont percutantes. Tous les révolutionnaires, de quelque côté qu'ils soient, sont décrits minutieusement, avec souvent un amusement non dissimulé.

Le roman se termine abruptement, cette version publiée dans le journal Le Monte-Cristo étant demeurée inachevée. Il est à noter qu'il existe une version en anglais publiée en 1869 sous le titre Love and Liberty, et qui comporte 63 chapitres, contre 47 dans la version française. Prenant prétexte de la convalescence de René, le texte y raconte simplement la suite de la Révolution française, s'attardant sur les morts de Louis XVI, Marie-Antoinette et finalement Robespierre.

Marie Douville
© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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