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Titre La San Felice

Année de publication 1881 (Calmann-Lévy, in-folio de 34 pages)

Genre Théâtre drame en cinq actes et sept tableaux « tiré du roman d'Alexandre Dumas » (Théâtre du Château-d'Eau, 11 novembre 1881)

Collaborateur(s) Maurice Drack (Auguste Poitevin)

Epoque du récit Naples, septembre 1798 - septembre 1799

Résumé Nelson règne en maître sur Naples avec la complicité de la reine Marie-Caroline et de sa maîtresse Lady Hamilton. Salvato, porteur d'un message prônant aux révolutionnaires la prudence en raison des faiblesses actuelles de l'armée française, est blessé par des sicaires envoyés par Lady Hamilton, puis recueilli dans la demeure du chevalier San Felice. Ignorant la situation, l'ambassadeur Garat devant la Cour réunie déclare la guerre au nom de la France (Acte I). Soigné par Luisa, la femme du chevalier, Salvato s'apprête à rejoindre l'armée républicaine ; au moment du départ, les deux jeunes gens s'avouent mutuellement leur amour. La Reine et Lady Hamilton, persuadées que le jacobin se cache chez la San Felice, font irruption dans la demeure, sous prétexte de voir les antiquités romaines recueillies par le chevalier dans les fouilles du Vésuve. Mais Lady Hamilton, que Salvato a connu naguère sous les traits de la prostituée Emma Lyonna, veut sauver celui qu'elle aima jadis. Salvato avoue à Luisa cette ancienne liaison, et part rejoindre ses frères d'armes, suscitant la haine de Lady Hamilton pour Luisa (Acte II). Invitée de force à la cour, Luisa prend conscience qu'elle est dans une prison dorée et que la reine et Lady Hamilton veulent se servir d'elle pour assouvir leur vengeance : elle refuse d'écrire une lettre qui équivaudrait à une trahison de ses amis ; on l'enferme. Des nouvelles venues de Rome annoncent la victoire des français. La cour fuit à Palerme tandis que les sanfédistes organisent la résistance (Acte III). Naples tombe aux mains des français, et le « miracle de Saint Janvier » commandité par le général Championnet, assure momentanément le soutien du peuple aux révolutionnaires, qui proclament une éphémère République parthénopéenne vite aux abois, et que Salvato dirige, abandonné de tous ou presque. Luisa est sous sa garde, mais Lady Hamilton la fait enlever (Acte IV). La réaction a vaincue, les jacobins sont condamnés, mais une intervention française de la dernière minute les sauve de l'échafaud (Acte V).

Analyse Ce drame ne fait pas partie du « canon » (les œuvres signées par Dumas), ni même du « corpus » (si on désigne par là toutes les pièces publiées sous le nom d'un collaborateur afin d'échapper à des créanciers ou pour d'autres raisons, les adaptations auxquelles il a apporté plus ou moins son crédit, et l'ensemble des inédits en voie d'archivage et/ou d'authentification). Composée vraisemblablement après la mort de Dumas, et jouée en 1881, cette pièce qui semble ne lui rien devoir figure néanmoins dans le répertoire de Reed, avec La Fin de Murat, de J. Berleux, et a fait l'objet d'une adaptation en langue anglaise par Frank J. Morlock, auteur de nombreuses traductions de Dumas. L'auteur, Maurice Drack, pseudonyme d'Auguste-Alfred Poitevin (1834-1897), est tombé dans les oubliettes de la mémoire et de la littérature, et son nom reste seulement attaché à cette adaptation qui a conservé une certaine notoriété. Comme le souligne Noël Lebeaupin dans la fiche du Dictionnaire des œuvres consacrée au roman, « arrivé très tard dans la carrière littéraire de Dumas, et bien après l'âge d'or du grand roman-feuilleton, La San Felice n'eut pas le succès espéré et tomba dans un relatif oubli. Le roman est mieux connu depuis qu'il a été réédité par Claude Schopp en 1996 ». La pièce qui en est tirée 17 ans après sa publication témoigne donc du maintien d'un certain intérêt pour ce roman à l'époque. L'œuvre est une « belle infidèle » qui parcourt à marche forcée un roman de plus de 1700 pages et opte pour une fin heureuse (Luisa échappe au supplice), mais Dumas a montré l'exemple dans plusieurs de ses pièces (ainsi d'Hamlet, Prince de Danemark, du Chevalier de Maison-Rouge ou d'Une Fille du Régent). L'ombre d'Alexandre avait-t-elle veillé sur le travail de Maurice Drack ? Dans son opuscule Alexandre Dumas en manches de chemise, publié en 1884 à Paris, Benjamin Pifteau, qui fut secrétaire de Dumas de 1864 à 1865, et transcrivit La San Felice, parle de ce drame en termes qui peuvent prêter à la confusion ; il écrit d'abord : « À propos de ce roman, dont il a été tiré un drame… » (ici il évoque sans doute l'adaptation de Drack), puis, un paragraphe plus loin, « il [Dumas] se mit bientôt à tirer un drame de cette histoire, en prenant pour titre le nom de l'intéressante héroïne qui s'appela si ironiquement la San Felice ». Ce qui suit, et traite du contrat passé avec Émile de Girardin pour le roman, montre à l'évidence qu'il s'agit bien du roman et non de la pièce ! Il n'en reste pas moins que Maria Ullrichová a retrouvé à Prague un fragment dramatique dumasien inédit, 24 feuillets intitulés Une éruption du Vésuve, 1798 et mettant en scène Emma Lyonna, mais de très loin…

François Rahier
(novembre 2012)

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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