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Titre Trois entractes pour l'amour médecin

Année de publication 1850

Genre Théâtre

Collaborateur(s) -

Epoque du récit XVIIème siècle

Résumé Avant le lever du rideau sur une reprise de L'amour médecin de Molière, la Duparc et la Ducroisy intriguent. La pièce commence. Lucinde, fille de Sganarelle, veut épouser Clitandre, mais son père s'y refuse. Elle feint alors d'être malade. À l'entrée en scène de Lisette, la servante, confusion: les deux actrices se disputent le rôle. Lagrange tranche en faveur de la Duparc (Acte I).

Des spectateurs aisés qui ont leur fauteuil sur la scène échangent des propos peu amènes sur Molière. La Ducroisy complote avec l'un d'eux pour faire enlever sa rivale. Au moment où le rideau se lève à nouveau on s'aperçoit de la disparition de l'actrice qui doit jouer Lisette, et la Ducroisy la remplace. La pièce se poursuit: entrée solennelle des médecins qui rivalisent d'âneries au chevet de la jeune fille. Lisette devine le secret tourment de sa maîtresse et imagine un stratagème (Acte II).

Lisette-Ducroisy revient en scène, mais la Duparc qui s'est échappée lui dispute son rôle. La pièce s'achève. Déguisé en médecin, Clitandre fait passer Lucinde pour folle, et prétend la guérir si on lui fait croire à un mariage. Ainsi Sganarelle est-il berné. La Ducroisy décide en fin de compte de quitter la scène aux bras de son amant. La Duparc s'incline: «Mon amant, c'est le public» (Acte III).

Analyse Créée à la Comédie-Française le 15 janvier 1850, jour anniversaire de la naissance de Molière, cette pièce n'a pas été publiée avant 1864, date à laquelle elle figure dans le tome 10 de la première édition du Théâtre complet, en 15 volumes, chez Michel Lévy frères.

Après Shakespeare et Dumas, qui fut représentée en privé à Saint-Germain-en-Laye en 1846 (encore inédite), il y eut donc  en quelque sorte «Molière et Dumas». En authentique homme de théâtre, Dumas ne s'est pas cantonné à un seul genre: excellant dans le drame mais aussi la comédie, il a tâté de la tragédie en vers, flirtant avec Corneille et Racine, et même Eschyle; il a traduit les plus grands, Shakespeare, Schiller; il était inévitable qu'il rencontre Molière, et s'essaie à un pas de deux avec lui.

Ces «trois entr'actes» inscrits dans la continuité de L'amour médecin, sont destinés à être joués en même temps que la pièce, dont ils doublent à peu près la durée. La comédie, trois actes représentés pour la première fois en 1665, est une des plus courtes de Molière, qui la qualifiait de «simple crayon, [de] petit impromptu, [...] fait, appris et représenté en cinq jours». Si l'on en croit Reed, Dumas a écrit ses entr'actes en un après-midi.

L'accueil fut mitigé; ne reconnaissant pas son Molière, le public siffle des passages qui sont pourtant de lui, applaudit Dumas sans le savoir, puis finit par bouder le spectacle après quelques jours. Cet essai de théâtre dans le théâtre n'a rien d'un impromptu sur les arts de la scène comme on en écrivit tant, de Molière justement, à Giraudoux ou Cocteau. Rien à voir non plus avec la thématique récurrente du médecin (c'est pourtant la deuxième pièce que Molière consacre au thème, et il y en aura encore deux).

Non, Dumas s'amuse, et rend hommage au Maître, il met en scène le crêpage de chignon de deux monstres sacrés, suspend aux cintres un financier énamouré – qu'on oublie et qui appelle à l'aide, et cite au passage les balourdises que pouvaient proférer courtisans et dévots à l'encontre de Molière l'épicurien.

François Rahier

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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