Pierre Gintzburger nous a quitté le dimanche 9 décembre,
emporté brutalement par la maladie. C'est peu dire que la perte
est cruelle pour tous les amis de Dumas. Pendant de longues années,
Pierre a été membre du conseil d'administration de la Société
des amis d'Alexandre Dumas (conjointement, pendant un temps, avec son
épouse Irène, pas moins dumasienne que lui!), avant d'en
devenir vice-président. Surtout, il était au fil des ans
devenu la cheville ouvrière de la SAAD, dont il assurait l'essentiel
de l'activité intellectuelle: Pierre s'occupait de l'ensemble des
publications (le Cahier annuel, le bulletin
d'information Le Mousquetaire, dont il
avait entièrement conçu la nouvelle formule), de la Bibliothèque
installée au château de Monte-Cristo et des collections
de la Société. Depuis le printemps dernier, il avait pris
un peu de recul en se retirant du conseil d'administration, mais il s'occupait
toujours des publications.
Dans
ces diverses responsabilités, Pierre déployait une énergie
et un enthousiasme inlassables, courant de l'imprimeur à un colloque,
allant fouiner à la Bibliothèque nationale pour éclaircir
d'obscurs détails biographiques, scrutant les catalogues des salles
de vente pour dénicher la lettre de Dumas qui manquait à
nos collections...
Passionné par les livres, certes, Pierre l'était aussi et
surtout par les contacts en tout genre que lui valait l'immense popularité
d'Alexandre Dumas. Il n'était jamais plus heureux que quand il
recevait à la Bibliothèque de Monte-Cristo un étudiant
thésard, quand il nouait une correspondance avec un chercheur d'une
université étrangère ou quand il pouvait lancer un
projet de manifestation commune avec une association de province s'intéressant
à l'écrivain.
Alors même que ses activités dumasiennes lui procuraient
une charge de travail qui aurait pu lui faire regretter le temps où
il n'était pas encore à la retraite, Pierre trouvait encore
le moyen de s'intéresser à bien d'autres choses. Promenant
sur le monde son regard malicieux, il pouvait se passionner aussi bien
pour une BD d'avant-garde que pour le dernier film pamphlet de Michael
Moore, pour un voyage au Chili (pays natal de son épouse) ou encore
– tout récemment – pour la reprise d'une maison en
Normandie.
Dans ces multiples activités, Pierre oeuvrait de concert avec Irène,
avec qui il partageait cette curiosité sans borne et cette
inlassable capacité à l'enthousiasme.
La disparition de Pierre est une immense perte pour la SAAD et pour tous
ceux qui ont eu la chance de travailler avec lui: ils ne sont pas prêts
d'oublier sa finesse, sa gentillesse et le sens de l'humour qu'il savait
conserver en toutes circonstances.
Patrick de Jacquelot
|